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Place Grégoire-de-Tours
Brioude, (Haute-Loire) situé entre Clermont-Ferrand et le Puy, abritait la tombe du martyr Julien. Ce sanctuaire, connu essentiellement grâce au témoignage de Grégoire-de-Tours, hagiographe de Julien et authentique pèlerin de Brioude, est l'un des plus importants de la Gaule.
Depuis 2000, plusieurs fouilles archéologiques ont été réalisées aux abords de la basilique romane Saint-Julien, construite à l'emplacement des premiers édifices martyriaux.
Le baptistère paléochrétien
Ces interventions ont permis de mettre au jour plusieurs bâtiments du haut Moyen Âge dont un baptistère. Cet édifice s'organise autour d'une salle baptismale rectangulaire de 5 x 12 m pourvue d'une cuve baptismale circulaire de 1,10 m de diamètre intérieur.
Les murs de la salle baptismale sont recouverts d'un enduit blanc ; le sol est constitué d'un beau béton, dont les nombreux fragments de terres cuites en surface rappellent une mosaïque. Elle est dotée d'une cuve baptismale circulaire peu profonde constituée de deux maçonneries annulaires construites avec des remplois de moellons de basalte de 11 x 11 cm, caractéristiques du petit appareil antique. L'anneau intérieur de la cuve est maçonné avec un mortier différent et correspond vraisemblablement à un rétrécissement ultérieur de celle-ci. L'étanchéité de la cuve est assurée par un simple enduit de tuileau, plusieurs fois restauré.
Plusieurs annexes, au sud, à l'ouest et à l'est, complètent le dispositif. Dans l'annexe sud et la salle baptismale elle-même, plusieurs sépultures privilégiées ont été découvertes : il s'agit d'inhumations en sarcophages avec épitaphes.
Exceptionnelles car trouvées en place, deux inscriptions complètes sur plaquette de marbre nous renseignent sur le sexe, l'âge, la date d'inhumation et la fonction des défunts. La première est une jeune femme portant le nom germanique de Gunsa et inhumée à l'âge de 18 ans, le 1er mars 534 ou 597 sous le règne de Théodebert dont deux homonymes ont régné sur la cité ; la seconde concerne un homme âgé d'environ 75 ans nommé Mellonius, probablement sous-diacre, décédé le 27 janvier 550 sous le règne de Théodebald. Ces épitaphes ainsi que la découverte dans la même couche archéologique de deniers d'argent de Théodebert Ier permettent d'attester le fonctionnement du baptistère au VIe siècle. La date précise de la construction du baptistère reste à déterminer, mais elle ne peut être antérieure au Ve siècle.
Les bâtiments médiévaux
Après l'abandon du baptistère, des tombes sont installées dans les niveaux de démolition de manière beaucoup moins dense. Un second bâtiment de plus de 18 m de long sur 11 m de large, orienté perpendiculairement au baptistère, est construit en partie sur les ruines de ce dernier. Il pourrait dater de la fin de la période mérovingienne ou de la période carolingienne.
Trois côtés d'un autre bâtiment du haut Moyen Âge, de même orientation que le baptistère, ont été reconnus à quelques mètres au sud-est. Les murs intérieurs sont également recouverts d'un enduit blanc, le sol est en terre battue. Plusieurs sarcophages mérovingiens sont déposés à l'extérieur contre les murs.
Des aménagements de grande ampleur vont modifier le secteur pendant le Moyen Âge. De nouveaux bâtiments sont construits, les sols sont rehaussés.
Le plan de l'église paroissiale Notre-Dame (états roman et gothique) et la chronologie relative des différentes campagnes de construction ont pu être identifiés.
C'était un bâtiment à nef unique et à chevet plat, de 31 m de long sur 9 m de large. Les textes nous apprennent que plusieurs constructions (chapelle Sainte-Marguerite, sacristie) venaient compléter l'édifice, en s'adossant vraisemblablement aux murs gouttereaux.
Une chapelle romane (7,10 x 3,20 m) est construite au milieu du cimetière. Elle est formée d'une petite nef terminée par une abside voûtée en « cul de four ». Les fondations de deux bases de piliers étaient destinées à soutenir l'arc triomphal. Le sous-sol de la chapelle était voûté en plein cintre. Ce niveau a servi d'ossuaire à la fin du Moyen Âge.
Éléments essentiels des édifices religieux, les cloches rythment la vie des chanoines et des habitants. Un secteur du cimetière a été occupé par des aménagements destinés à la fabrication de cloches : le moule proprement dit, recoupé par un four postérieur de bronzier destiné vraisemblablement à un autre moule. Ces cloches étaient vraisemblablement destinées à l'église paroissiale Notre-Dame, comme le suggèrent la localisation, les dimensions et la taille de la cloche. Le secteur redevient funéraire après l'arrêt des activités artisanales.
À l'époque gothique, une chapelle de plan trapézoïdal (L. 9,9 m ; l. 4,8 m et 6 m) est édifiée. Les contreforts chaînés aux murs permettent de restituer deux travées couvertes en voûtes d'ogive. Seul le niveau en sous-sol du bâtiment est conservé. Il s'agit d'un espace voûté en plein cintre avec un plancher de terre battue à fonction vraisemblablement utilitaire.
Des sépultures de pèlerins
Des sépultures ont été fouillées, dont dix sépultures primaires de pèlerins. Sept hommes et deux femmes ont été inhumés avec la coquille Saint-Jacques du pèlerin dans des tombes en coffrage ou en fosse étroite recouverte d'un couvercle en bois. La coquille, percée de deux trous, est toujours conservée au niveau du bassin. Les comparaisons avec d'autres sites et avec l'iconographie laissent supposer que le pèlerin est enterré avec sa besace, ornée d'une coquille. L'analyse des coquillages (B. Métivier) révèle une double origine : méditerranéenne et atlantique, ce qui renvoie à l'ambiguïté de cette documentation apparemment simple : quels pèlerins pour quels pèlerinages ? S'agit-il de pèlerins effectifs ou de personnes simplement enterrées en pèlerins ?
À côté de ces bâtiments, des structures plus modestes ont également contribué à l'acquisition d'une documentation remarquable. C'est le cas d'une fosse-dépotoir comblée de matériaux de démolitions, dont des claveaux gothiques dont le décor peint est bien conservé.