Un cimetière inédit du début du Moyen Âge  à Reims, Marne

Dernière modification
13 juillet 2016

La fouille réalisée à l'occasion de l'aménagement du parvis et des abords de la cathédrale de Reims a permis de mieux comprendre l'environnement dans lequel prend place ce monument, en plein coeur du groupe épiscopal.

Sous le parvis actuel, les occupations humaines les plus anciennes qui ont été découvertes correspondent à des constructions en pierre environnées de cours et de jardins de l'époque mérovingienne. Un cimetière, daté de l'an 1000, prend place sur ces constructions. Au moins 135 individus ont été étudiés ; ils ne représentent qu'une partie de ce vaste ensemble funéraire, totalement inédit puisque aucun document d'archives ne le mentionne. 
L'ensemble des observations des pratiques funéraires indique que les individus étaient inhumés dans des cercueils et des linceuls. En effet, des traces de bois et de tissus ont été conservées dans certaines tombes. Aucun objet associé aux défunts n'a été retrouvé, mise à part une boucle de ceinture en bronze. L'absence de mobilier funéraire est habituelle pour cette période.
Les caractéristiques anthropologiques des 135 inhumés retrouvés ont soulevé, dés le début, la question d'un recrutement particulier. De manière générale, la population « classique » d'un cimetière urbain du haut Moyen Âge est composée de 50 % d'enfants (avec un nombre important de nourrissons), de peu d'adolescents et, parmi les adultes, offre une représentation équilibrée entre les hommes et les femmes. Sur le cimetière du parvis, ces caractéristiques n'ont pas été observées. Très peu de sépultures de jeunes enfants ont été retrouvées, et aucune de nourrissons. La part des adolescents est élevée au sein de l'échantillon osseux et, parmi la population adulte, le nombre des hommes et très nettement supérieur à celui des femmes.
L'étude paléopathologique indique un mauvais état sanitaire général de l'échantillon, avec une forte présence de tuberculose, mais aussi de nombreuses infections dentaires et faciales. Au niveau traumatique, de nombreux cas de plaies profondes infectées, entorses et luxations des hanches et épaules ont été observés, mais surtout on note la présence, exceptionnelle, d'au moins 7 cas de mort violente (par coup d'épée ou autre). En outre, au nord du site, une fosse présente 8 individus (majoritairement des hommes et tous adolescents ou jeunes adultes) inhumés simultanément ou dans un temps proche. Certains ont des positions insolites (mains sur le visage et membres inférieurs fléchis), et tous présentent des traces de crémation partielle des os. Cette fosse pose donc la question de la cause de la mort des défunts : s'agit-il d'individus morts dans un incendie ou suppliciés ?
Les caractéristiques d'anthropologie funéraire et biologique des squelettes du parvis ne plaident pas en faveur de l'hypothèse d'un cimetière paroissial classique ou d'un cimetière d'une population privilégiée. En revanche, sa situation proche de l'Hôtel-Dieu, à une trentaine de mètres au nord, incite à penser qu'il avait pour fonction d'accueillir des sépultures réservées aux hospitaliers.