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Place Drouet d'Erlon
Une fouille préventive à Reims, Marne, sur la place Drouet d'Erlon.
La fouille a livré une quantité d'observations topographiques et chronologiques remarquables pour le site de la ville antique.
Habitat et enceinte de La Tène finale
Les décapages du terrain ont mis au jour un tronçon important de l'escarpe du fossé de l'oppidum, dont la courbe ne correspond pas aux restitutions qui avaient été proposées jusque-là. Le tracé désormais envisagé pour l'ensemble de l'enceinte présente une forme plus arrondie. Il paraît vraisemblable de le faire passer au sud de la porte de Mars et non plus au nord, comme on l'avait imaginé.
D'autres progrès ont également été réalisés dans la connaissance de la structure même de l'enceinte. Des vestiges du rempart (talus constitué de terre et de craie) qui précédaient le fossé ont été observés.
Un troisième point complète la série d'informations recueillies sur le site pour cette phase ancienne. Il s'agit d'un élément d'habitat protohistorique encore inconnu à Reims pour cette période. Il a été découvert sous le rempart, ce qui permet de le considérer comme antérieur à l'édification de l'enceinte. Le mobilier recueilli lors de la fouille, bien que très peu abondant, est attribué au premier tiers du Ier siècle avant notre ère.
Elle a été trouvée sur la chaussée du IIIe siècle.
Le quartier du Haut-Empire
Deux rues antiques se croisaient à l'extrémité du chantier. La première, orientée nord-sud, s'alignait sur le fossé, à l'arrière de l'emplacement présumé de la levée de terre. L'autre, dont l'orientation respectait celle de la disposition générale des rues antiques de la ville, ne coupait donc pas la précédente à angle droit (on retrouve ici la perturbation engendrée par le passage de l'enceinte antérieure dans l'agencement orthogonal de la trame viaire). Ces deux rues sont établies sur une zone de circulation plus ancienne, mal délimitée et marquée par la présence d'ornières peu significatives et d'une couche de roulement disparate. L'urbanisation paraît relativement tardive, au cours du dernier tiers du Ier siècle de notre ère. Des portiques bordaient les deux chaussées, peut être dès leur construction, mais les repères chronologiques restent très ténus.
L'habitat s'organisait de part et d'autre des rues, mais seule la bande qui s'étend entre la rue nord-sud et le fossé a pu être étudiée. Une succession de pièces d'habitation occupait l'espace sans qu'il soit possible ni d'en comprendre l'agencement général ni d'isoler des unités d'habitations différentes. Les constructions comprenaient une pièce chauffée par hypocauste et une cave avec un escalier d'accès. À l'arrière, elles donnaient sur l'espace formé par le comblement du fossé, où aucune structure construite ne semble avoir existé. Cet habitat a perduré jusque dans le courant du IIIe siècle.
L'Antiquité tardive
Plusieurs tombes d'une nécropole tardive ont été mises au jour vers le nord du chantier, à un endroit où aucun indice n'aurait pu faire soupçonner leur présence. Manifestement consécutives à l'abandon du quartier, certaines fosses à inhumation avaient été creusées dans les tranchées de récupération des murs d'une grande construction gallo-romaine. Le mobilier, composé de céramiques (gobelets à paroi fine, céramique métallescente, cruches...), de bracelets, boucle et bague en bronze, permet de situer la datation dans la première moitié du IVe siècle. L'étude anthropologique des squelettes indique que les individus inhumés appartenaient à un groupe socialement marginal, vivant dans des conditions défavorables et rudes révélées par de nombreux traumatismes osseux. Dans la même nécropole, a été découverte une « tombe » contenant les squelettes de deux chevaux.
Le quartier médiéval
Jusqu'au XIIe siècle la dénomination de « Coutures » indique que cette partie de la ville était réservée à la culture maraîchère. Dès 1183, l'archevêque Guillaume de Champagne la fit lotir pour en faire le quartier des artisans bruyants, et elle devint lieu de foire.
L'étude archéologique a mis en évidence l'arasement des niveaux antiques et l'établissement d'empierrements successifs sur lesquels ont été décelées des traces de roulement. Les seules traces observées correspondent à l'aménagement d'échoppes bordant la place, mais l'essentiel des constructions se situait vraisemblablement en dehors de l'emprise de la fouille. Comme l'indiquent les plans anciens, la place médiévale correspond sensiblement à l'étendue de l'actuel cours Drouet-d'Erlon. Au nord de l'espace s'étendait le cimetière de Saint-Jacques, qui semble perpétrer, à peu de distance, l'implantation de la zone d'inhumation de celui de l'Antiquité tardive.