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Les sites préhistoriques, gaulois et gallo-romains d'Etricourt-Manancourt, Somme
Les sites préhistoriques, gaulois et gallo-romains d'Etricourt-Manancourt, Somme
La fouille fait suite à un diagnostic mené sous la direction de Philippe Lefèvre (Inrap) du 17 août au 2 octobre 2009. Le tracé du canal recoupe, à cet endroit, les territoires communaux d'étricourt-Manancourt et équancourt dans le département de la Somme. Ce secteur, nommé « Br2 » (Bassin de rétention 2) a été sondé sur une surface de 86 hectares.
L'homme de Néandertal de passage à Etricourt-Manancourt
À la fin de la fouille laténo-romaine, menée par Philippe Lefèvre, lors du creusement d'une tranchée de vérification stratigraphique, plusieurs artefacts lithiques attribuables au Paléolithique moyen ont été découverts. Une série de sondages complémentaires et ont été effectuées afin de caractériser et de cerner l'extension du gisement préhistorique. Cette opération a permis la mise au jour de 520 pièces lithiques taillées, datant de la fin du Paléolithique moyen (entre 35 000 et 50 000 ans). Ces artefacts étaient regroupés sous une forme globalement circulaire d'environ 40 cm de diamètre, et superposés sur 10 cm d'épaisseur. 88 % des pièces retrouvées peuvent être regroupées en trois ensembles distincts. Ce puzzle 3D reconstitué permet d'affirmer que des Néandertaliens sont passés à Etricourt il y a environ 42 000 ans, et ont notamment ramassé trois blocs de silex du talus crayeux affleurant afin de fabriquer leurs outils : des éclats Levallois préférentiels servant essentiellement de couteau de boucherie. Seuls huit autres sites dans le nord de la France ont livré des niveaux archéologiques de cette période.
Une installation agricole gauloise et son lieu de sépulture
Au cours de la période gauloise, une exploitation agricole ceinturée d'un système complexe de fossés est implantée. L'enclos principal, qui enserre les espaces de vie, s'articule autour d'une alternance de segments fossoyés rectilignes et courbes. L'aire principale s'ouvre largement au sud, alors que la partie nord montre des aménagements formant des couloirs et des chicanes voués peut-être au guidage du bétail (type corral). Un chemin, dont n'est conservé qu'un fossé bordier, relie directement la zone d'habitat au lieu de sépulture. Celui-ci se compose de 11 tombes à incinération, parfois bornées par de petits enclos. En règle générale, ces sépultures on souffert des assauts du temps et des travaux agricoles. Néanmoins, une tombe se démarque singulièrement. Il s'agit d'une grande chambre funéraire carrée de près de 2 m de côté, contenant une importante dotation funéraire. Aux pieds des ossements incinérés ont été déposés une vingtaine de bouteilles et d'écuelles en terre cuite, mais surtout un chaudron bimétallique et une crémaillère en fer, une paire de chenets doubles (landiers) zoomorphes et d'autres objets métalliques actuellement en cours de restauration. Cet assemblage renseigne sur le statut du défunt, vraisemblablement le propriétaire des lieux, un aristocrate terrien.
Une occupation gallo-romaine mal caractérisée
À moins d'une centaine de mètres au sud-ouest de la ferme gauloise, on observe le développement d'un petit habitat gallo-romain fort arasé et n'ayant laissé que peu de traces au sol. Les vestiges principaux sont encadrés par des fossés qui restituent peu ou prou les restes d'un enclos quadrangulaire. Bien que l'essentiel des structures ait aujourd'hui disparu, une cave maçonnée se démarque notamment par la qualité de son appareillage. Les murs de celle-ci sont en effet construits en petit appareil à l'aide de moellons de craie, taillés avec soin. La cave est dotée d'un escalier dont les marches conservées sont composées de grandes dalles de calcaire ou de grès. La cave est équipée d'un soupirail et de quatre niches ou petites loges, là encore aménagées avec grande attention. Lors du démontage, quatre imposants blocs monolithes en grès ont été dégagés dans les angles de la cave, ce qui implique que la superstructure qui couvrait l'excavation devait être particulièrement lourde. Cette observation permet également de s'interroger sur la fonction de cette cave abandonnée au début du IIIe siècle : usage fonctionnel domestique ou vocation religieuse ou funéraire ?