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Les sarcophages mérovingiens d'Angers
En plein centre d'Angers, les travaux préalables à la réalisation d'une ligne de tramway, prévue pour 2010, ont été à l'origine de la mise au jour de vingt-cinq sarcophages attribués à la période mérovingienne.
Pour importante qu'elle soit, cette découverte n'a pas été une surprise totale. On savait en effet depuis longtemps que la place du Ralliement, créée à la Révolution après la démolition de trois églises (Saint-Pierre, Saint-Maurice et Saint-Mainboeuf), occupait en partie l'espace d'anciennes basiliques funéraires érigées à partir du IVe siècle en périphérie de la cité pour accueillir les dépouilles des premiers évêques d'Angers.
Une zone sépulcrale connue des archéologues
En 1971, la construction du parc de stationnement souterrain occasionne des destructions sévères, notamment celle des vestiges de l'église Saint-Pierre, considérée comme la plus ancienne des trois, et de la nef de l'église Saint-Maurille. Une rapide étude menée alors sur Saint-Pierre et son cimetière en reconnaît le plan et quelques tombes. La fouille de sauvetage, menée en deux semaines, permet d'observer une occupation antique datant sans doute de l'époque augustéenne.
L'intervention de l'Inrap
Au total quarante-trois tombes ont été fouillées. Vingt-cinq d'entre elles sont des sarcophages, quinze des coffres de schiste et trois plus modestes sont en pleine terre et cercueil de bois. Elles sont disposées de part et d'autre des murs de la nef de l'église Saint-Maurille, approximativement au niveau du choeur. Les différents types d'inhumation témoignent d'une longue occupation de l'espace funéraire, avant et après la fondation de l'édifice religieux.
À l'exception d'une monnaie du Haut-Empire, très usée, trouvée dans un sarcophage d'enfant, les marqueurs chronologiques sont absents. La forme rectangulaire ou trapézoïdale des sarcophages et les matériaux utilisés permettent d'envisager une période d'activité entre les IVe et VIIIe siècles : les sarcophages en calcaire tourangeau, tout comme ceux qui font apparaître des réemplois de blocs antiques, relèvent d'usages anciens (IVe-Ve siècles) ; le calcaire coquillier est couramment extrait aux VIIe-VIIIe siècles des carrières du Maine-et-Loire (Doué-la-Fontaine).
Les sarcophages et l'évêque saint Maurille
Un sarcophage (n° 16) est pourvu de décorations angulaires aux quatre coins de son couvercle. Présenté par la coutume angevine comme étant celui de l'évêque saint Maurille, il renferme les restes osseux, complets et en connexion, d'un jeune adulte. On sait par les textes que les ossements de l'évêque ont été déplacés dès le viie siècle et que des reliques en ont été prélevées, il ne peut donc s'agir de sa dépouille. Compte tenu de la position et de la taille (72 x 210 cm) du sarcophage, on peut supposer que l'inhumé appartenait à l'élite urbaine.
La réputation de saint Maurille, quatrième évêque d'Angers, peut expliquer la forte proportion d'enfants, surtout en bas-âge, dans les tombes. L'évêque Maurille s'était particulièrement illustré en ressuscitant un enfant de sept ans, mort dans son église avant de recevoir la confirmation. L'enfant, dès lors nommé René (littéralement « celui qui naît une deuxième fois »), prendra sa succession et deviendra l'évêque René. Très longtemps après ce miracle, les fidèles apaisaient la douleur d'avoir perdu un enfant en le faisant enterrer dans ce cimetière, sous la protection de l'évêque éponyme.