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Les Ruisseaux
A Neuville-près-Sées, Orne, la fouille a été réalisée sur une surface de 7 000 m2 à l'emplacement d'un petit établissement de la fin de l'époque gauloise.
Cette opération, outre le fait qu'elle offre une des rares occasions de fouiller dans le département de l'Orne, permet d'avoir une vision globale d'une petite ferme gauloise, unique en son genre, dans les alentours de Sées.
Le site comporte une première installation sous forme d'un enclos ouvert incomplet, auquel s'associe sans doute un bâtiment oblong en bois dont la tranchée de fondation des poteaux de parois constitue l'unique trace conservée.
Des comparaisons régionales incitent à placer cette occupation dans un contexte chronologique de La Tène moyenne à La Tène finale. L'installation suivante, la principale, consiste en un enclos trapézoïdal d'une surface de 2 400 m2 comportant un parcellaire externe. L'habitat est délimité sur trois côtés par une palissade, sans doute sur talus, dressée dans un fossé dans lequel subsistent les empreintes de poteaux. Le côté sud-est apparaît ouvert sur toute sa longueur, mais certains indices permettent de soulever l'hypothèse de la présence d'une structure arasée ayant fermé l'enclos également sur cette face. En effet, la délimitation nette des vestiges internes par une ligne droite imaginée entre les deux interruptions de fossés au nord-est et au sud-ouest laisse présumer l'existence d'une limite matérialisée, sans doute sous forme d'un talus palissadé. Ce talus a pu être érigé à l'aide des terres extraites d'une mare, située à une dizaine de mètres de ce côté.
D'autre part, l'aménagement d'une entrée sur la face sud-ouest n'offre d'intérêt que dans le cas d'un enclos entièrement fermé. L'aire interne de l'enclos est subdivisée par un fossé secondaire, séparant l'espace résidentiel au sud-est d'une zone archéologiquement stérile au nord-ouest, interprétée comme étant un parc à bétail. Cette dernière partie couvre une surface de 780 m2, tandis que l'habitat se concentre sur une superficie de 1 620 m2. L'accès se fait par une interruption de fossé à mi-hauteur. En face de l'entrée principale de la ferme, sur le côté sud-ouest, on trouve un bâtiment rectangulaire de 108 m2. Il est matérialisé par une tranchée de fondation dans laquelle des empreintes de trous de poteau se dessinent au fond. Les poteaux sont implantés côte à côte, en moyenne trois à quatre pieux par mètre linéaire, ce qui doit correspondre à des parois à poteaux rapprochés mais non jointifs portant un clayonnage serré dont témoignent des éléments de torchis aux traces de branchage. Des trous de poteau à l'intérieur, disposés en plan à peu près circulaire, ont servi pour le support du faîtage. À l'arrière du bâtiment, se situent des regroupements de quatre à cinq trous de poteau correspondant à l'emplacement d'au moins trois greniers surélevés sur poteaux. Cette ferme est datée par des céramiques, dont de l'amphore italique de type Dressel 1A tardif, de la première moitié du IIIe s. av. J.-C. Morphologiquement, l'enceinte trapézoïdale s'inscrit dans une esquisse de typologie d'enclos établie pour l'ouest de la Gaule sous le terme d'enclos trapézoïdaux à entrée à partition interne.
Le site diffère des établissements laténiens de la plaine de Caen par son enclos palissadé simple de faible taille, par opposition aux enclos rectangulaires souvent emboîtés ou accolés d'envergures bien plus importantes.