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Les premiers bâtiments de la cité phocéenne archaïque<br/> Aux origines de la plus vieille ville de France : Marseille
À quelques mètres du Vieux-Port, une fouille menée dans le quartier du Panier dans le cadre de la rénovation du collège du Vieux-Port, a permis de mettre au jour les premiers aménagements de l'implantation de la colonie grecque.
Chronique de site
Date de publication
13 avril 2005
Dernière modification
19 février 2016
Les archéologues ont rapidement fait apparaître les niveaux d'occupation de la ville archaïque ( 600-480 av. J.-C.), conservés dans une stratigraphie de trois mètres d'épaisseur. Vers 550 av. J.-C., le quartier est remanié autour d'un vaste édifice public, peut-être le podium d'un temple. La qualité du mobilier trouvé dans ces niveaux est remarquable.
Aux origines de la présence grecque
La zone concernée se situe au pied de la butte Saint-Laurent, dans le périmètre initial de la ville grecque, à quelques mètres de la rive nord antique du port. La forte pente des terrains vers le Vieux-Port a vraisemblablement imposé, dès le début de l'occupation grecque, un aménagement en terrasses.
Pendant les deux premiers siècles d'occupation grecque (VI e-V e siècles av. J.-C.), les bâtiments retrouvés sont constituées de solins de moellons de calcaire supportant des élévations d'adobe (briques de terre crue) et s'organisent selon un plan apparemment orthogonal.
Pendant les deux premiers siècles d'occupation grecque (VI e-V e siècles av. J.-C.), les bâtiments retrouvés sont constituées de solins de moellons de calcaire supportant des élévations d'adobe (briques de terre crue) et s'organisent selon un plan apparemment orthogonal.
Le podium d'un temple ?
Vers 550 avant notre ère, un édifice monumental s'élève sur le site. Dès l'origine, il est doté d'un podium. De plan rectangulaire, il est divisé en deux espaces ceints de murs massifs de 1,20 m d'épaisseur. Si sa vocation n'est pas encore déterminée, cette construction appartient sans aucun doute à un bâtiment public, peut-être religieux (podium de temple) ou militaire (ouvrage défensif).
Rapidement, il est complété par différentes constructions. Le plan particulier de ces espaces étroits ainsi que certains indices architecturaux (importants blocs taillés, enduits peints bleus) interdisent d'y voir des structures d'habitat. La proximité immédiate du grand bâtiment rectangulaire incite plutôt à rattacher cet ensemble à un même complexe monumental inscrit dans un plan carré d'environ 120 m 2.
Plusieurs similitudes avec d'autres sanctuaires du monde grec sont à noter, tant au niveau de la disposition des espaces, des techniques et des matériaux de construction utilisés ou des datations comme par exemple avec l'emporium de Gravisca en Étrurie. Il est donc plausible que l'on soit en présence d'un sanctuaire " privé ", réservé aux emporoï, ces armateurs et marchands venus déposer des offrandes et célébrer le culte des divinités protectrices de leurs activités (Aphrodite, Héraclès, les Dioscures...).
Rapidement, il est complété par différentes constructions. Le plan particulier de ces espaces étroits ainsi que certains indices architecturaux (importants blocs taillés, enduits peints bleus) interdisent d'y voir des structures d'habitat. La proximité immédiate du grand bâtiment rectangulaire incite plutôt à rattacher cet ensemble à un même complexe monumental inscrit dans un plan carré d'environ 120 m 2.
Plusieurs similitudes avec d'autres sanctuaires du monde grec sont à noter, tant au niveau de la disposition des espaces, des techniques et des matériaux de construction utilisés ou des datations comme par exemple avec l'emporium de Gravisca en Étrurie. Il est donc plausible que l'on soit en présence d'un sanctuaire " privé ", réservé aux emporoï, ces armateurs et marchands venus déposer des offrandes et célébrer le culte des divinités protectrices de leurs activités (Aphrodite, Héraclès, les Dioscures...).
Le mobilier archéologique
Les céramiques constituent l'essentiel du mobilier retrouvé, productions locales et importées. Ces dernières sont d'origine grecque : productions attiques, corinthiennes, ioniennes ; d'autres proviennent de Rhodes et d'Étrurie. Parmi les céramiques attiques et corinthiennes, sont présentes les fameuses " figures noires " et " figures rouges " caractéristiques de cette période et dont les thèmes iconographiques sont fort variés.
À cette vaisselle de table ou de service sont associées de très nombreuses amphores provenant en majorité d'Étrurie, mais également, de Corfou, d'Athènes, des îles de la mer Egée ou du monde phénicien et punique.
À cette vaisselle de table ou de service sont associées de très nombreuses amphores provenant en majorité d'Étrurie, mais également, de Corfou, d'Athènes, des îles de la mer Egée ou du monde phénicien et punique.
Le contexte de la découverte
Récemment, les navires et les quais des places Jules-Verne et Villeneuve-Bargemon ont été fouillés, et d'autres constructions de la période grecque archaïque (VI e-V e siècles av. J.-C .) ont déjà été découvertes à Marseille (habitat du parvis de l'église Saint-Laurent, de l'îlot des Pistoles...). Mais, aucun site ne présente un tel état de conservation sur une superficie d'une telle ampleur.
La qualité des édifices et du mobilier recueilli, l'exceptionnel état de conservation des vestiges font de ce site une référence importante pour la connaissance de l'histoire de la plus vieille ville de France, mais plus largement pour l'archéologie du bassin méditerranéen.
La qualité des édifices et du mobilier recueilli, l'exceptionnel état de conservation des vestiges font de ce site une référence importante pour la connaissance de l'histoire de la plus vieille ville de France, mais plus largement pour l'archéologie du bassin méditerranéen.
Fragment de vase ouvert attique, skiphos, à figure rouge (500-450 av. J.-C.).
© T. Maziers/Inrap 2005.
Médaillon central d'une coupe attique (kylix) à figure noire (525-500 av. J.-C.) représentant un personnage accroupi.
© L. de Cargouët/Inrap 2005.
Plat à tige de production locale à pâte claire, première moitié du VIe s. av. J.-C.
© L. de Cargouët/Inrap 2005.
Vue générale du chantier.
© S. Mathie/Inrap 2005.
Vue en coupe d'un mur en adobe de la première moitié du Ve s. av. J.-C.
© S. Mathie/Inrap 2005.
Mur de façade nord du podium grec archaïque, vue depuis l'ouest
© S. Mathie/Inrap 2005.
Vue générale des niveaux grecs.
© S. Mathie/Inrap 2005
Céramique attique à figure rouge à décor de palmette, Ve siècle av. J.-C.
© L. de Cargouët/Inrap
Personnage dansant sur le médaillon central d'une coupe à figure noire,Ve siècle av. J.-C.
© L. de Cargouët/Inrap
Archéologue responsable d'opération : Philippe Mellinand (Inrap).
Contrôle scientifique : DRAC Provence-Alpes-Côte-d'Azur, Provence-Alpes-Côte-d'Azur, service régional de l'Archéologie.
Aménageur : Conseil général des Bouches-du-Rhône.
Contact(s) :
Mahaut Tyrrell
chargée de communication
médias, Inrap
tél. 01 40 08 80 24
mahaut.tyrrell [at] inrap.fr