A Oisy-le-Verger, Pas-de-Calais, cette fouille fait suite au diagnostic mené de février à juin 2009 sous la direction de Denis Gaillard (Inrap) et complété par des sondages profonds.

Dernière modification
10 mai 2016

Elle est située sur la commune de Oisy-le-Verger, au lieu-dit « Le Pont d'épinoy», entre la route départementale 21 et la partie basse du versant, exposé au sud-est, d'une petite vallée sèche rejoignant la Sensée à 2 km au nord.


Une tombe d'auxiliaire à Oisy-le-Verger

Un cimetière petit, mais riche d'enseignements

A Oisy-le-Verger, une fouille a porté sur un petit groupe de tombes à crémation et d'une tombe à inhumation, composé de 17 sépultures mises en terre entre la fin du Ier siècle avant notre ère et les premières décennies suivantes. Ce lieu de sépulture s'ouvre sur un chemin creux et s'organise en deux allées. Deux tombes se distinguent de par la nature des offrandes et des dépôts funéraires. La première, qui a malheureusement beaucoup souffert des assauts du temps, a révélé la présence de chenets doubles en fer (landiers), d'outils et d'un seau, des attributs reconnus des tombes à haut statut.
A proximité de ce premier ensemble, probablement celui du « fondateur », une seconde fosse sépulcrale, particulièrement riche, a immédiatement attiré l'attention de l'archéologue. Elle contenait, outre une vingtaine de vases en terre cuite aux provenances variées avec de la vaisselle d'importation italique (sigillée arétine), une amphore à garum du sud de l'Espagne (le garum était une sauce très appréciée des Romains, réalisée à base de poissons fermentés en saumure, très proche du nuoc mam actuel), un trépied en fer, une puisette ou une passoire en bronze et un umbo de bouclier (coque en fer destinée à en renforcer la partie centrale) déposé au coeur des restes incinérés.
Ce type d'assemblage, extrêmement rare dans notre région, nous invite à voir le témoignage de la présence d'un auxiliaire gaulois venu se faire enterrer parmi les siens vers la dernière décennie avant notre ère, peut-être après avoir rejoint et fait carrière dans l'armée romaine.

En marge de la nécropole, se trouve une sépulture à inhumation dont le défunt, une femme de plus de 30 ans, a été placé sur le ventre dans une fosse creusée avec peu de soin. Ce phénomène est peu courant mais il est signalé à plusieurs reprises sur le territoire atrébate. Une datation au carbone 14 permet de déterminer que cette femme à été inhumée vers le début du Ier siècle de notre ère. Un faisceau d'indices laisse supposer qu'il s'agit là d'un « mort d'accompagnement », pour ne pas dire d'un sacrifice.
Le croisement de l'ensemble des données offre une vision éclairée sur ce groupe familial dont la lignée appartient à la strate supérieure atrébato-nervienne. Cette famille, qui a de toute évidence vécu le bouleversement de la conquête de la Gaule par les armées de César, a révélé à travers cette fouille des signes de relations précoces avec le monde romain. Il semble ainsi que l'assimilation des populations locales se soit opérée non seulement par l'implantation de nouvelles colonies urbaines ou de places-fortes militaires, mais également par un réseau de clientélisme local.

Thierry Marcy et Gilles Prilaux (Inrap)