Trois sépultures aristocratiques mérovingiennes, fouillées en 2003 à Saint-Dizier, avaient livré aux archéologues un mobilier funéraire d'une grande richesse. Aujourd'hui ces objets sont restaurés.

Dernière modification
29 août 2016


Deux hommes, l'un d'âge mur, l'autre jeune, une adolescente, mais aussi un cheval ont été inhumés sur ce site vers le milieu du VIe siècle. Les deux tombes masculines sont des chambres funéraires (2,80 x 1,60 m), tapissées d'un coffrage et d'un plancher de chêne. À l'intérieur, contre la paroi nord, le défunt repose habillé dans son cercueil. À ses côtés sont disposés armes et objets personnels : épée, hache, scramasaxe, bouclier, fermoir d'aumônière à décor cloisonné, bague, boucles de ceinture, couteau... La chambre funéraire contient également de la vaisselle : bassin, chaudron et seau en bronze, bouteilles et coupes en verre, mais aussi les armes plus volumineuses, telles que lance et angon.
 

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Des sépultures aristocratiques

L'adolescente est inhumée dans un cercueil, déposé dans une simple fosse. Mais les nombreux bijoux dont elle était parée ainsi que la vaisselle qui l'accompagne attestent son rang social élevé. À la tête du cercueil, deux récipients en verre sont disposés. À ses pieds se trouvent une céramique et un bassin de bronze à rebord perlé.
L'adolescente porte au cou un collier d'une trentaine de grains d'ambre et de perles de verre, à son poignet gauche, un bracelet d'argent. Quatre fibules attachent ses vêtements : au cou, deux fibules discoïdes à décor cloisonné de grenats, à la taille, deux autre, ansées et asymétriques en argent. Enfin, la cinquantaine de perles en ambre, verre et cristal de roche retrouvée sur la poitrine de la jeune fille, témoigne probablement de la présence, au moment de l'inhumation, d'une sacoche ou d'un objet brodé de perles.

Un cheval inhumé

À l'est des sépultures, une fosse rectangulaire contient un cheval. L'animal possède la même orientation que les hommes (sud-ouest/nord-est), il a toutefois la tête à l'est. Inhumé en position repliée et contrainte, ce mâle adulte, d'environ 8-10 ans, était en bonne santé apparente. Il semble être décédé ni de mort violente, ni sacrifié. Ses premières prémolaires possèdent les traces d'usure caractéristiques du port d'un mors : il s'agit d'un cheval de monte.
Aucun élément de harnachement n'a toutefois été repéré dans la fosse. En revanche, un mors est présent dans une des sépultures masculines. Il faut donc probablement voir dans cette inhumation la volonté de réunir dans la mort le cavalier et sa monture.

L'aristocratie franque du VIe siècle

Le mobilier de ces sépultures est exceptionnel, par les matériaux employés et leur facture. Il appartient à l'élite franque, vraisemblablement des représentants locaux du pouvoir royal. En effet, pour asseoir leur conquête, Clovis et ses descendants contrôlent les terres nouvellement acquises en les transmettant à leurs proches ou vassaux.
De telles tombes ont été découvertes aux marges des territoires francs (Allemagne et Suisse notamment). En France, rares sont celles mises au jour et fouillées selon des méthodes modernes.

Le contexte archéologique

La fouille s'inscrit dans le cadre des opérations archéologiques menées depuis une dizaine d'années sur la zone d'activités du Chêne Saint-Amand. L'emprise du décapage archéologique se trouvait sur le futur tracé d'un échangeur reliant une ZAC à la RN 4 (déviation sud de Saint-Dizier).
Responsable de la fouille et étude du mobilier métallique : Marie-Cécile Truc (Inrap)
Étude anthropologique : Cécile Paresys (Inrap)
Étude des incrustations en minéral et en verre : Thomas Calligaro (C2RMF)
Étude du verre : Hubert Cabart
Étude de la céramique : Anne Delors-Ahü et Marion Saurel (Inrap)
Restauration du mobilier : Bruno Bell (atelier Bell-Montembault)
Détermination du bois : Willy Tegel ( Dendronet, Dorfstrasse 59, D 78224 - Allemagne)
Étude des runes : Svante Fischer (Université de Uppsala, Suède)
Étude archéozoologique : Jean-Hervé Yvinec (Cravo, Inrap)