Au sud de la Grande Terre, en Guadeloupe, opération de diagnostic sur un terrain d'1 ha avec ouverture d'une fenêtre de 300 m2.

Chronique de site
Dernière modification
07 avril 2016

La surface totale diagnostiquée est de 830 m2. Ce diagnostic se situe au sud de la Grande Terre, vaste plateau calcaire qui forme la moitié orientale de l'île de la Guadeloupe. Le terrain exploré se trouve à 500 m de la mer et se présente sous la forme d'une vaste savane protégée des vents dominants par trois petits mornes qui lui confèrent une forme de cuvette, localisée au creux d'une vallée sèche tapissée d'argile de décalcification.

Cette configuration particulière est caractéristique de la région géographique des Grands Fonds (Lasserre 1978) qui couvre la moitié sud de la Grande Terre. Son intérêt archéologique revêt un caractère particulier du fait de la proximité d'un site amérindien tardif installé sur la plage de l'Anse Canot, en contrebas du morne sud, et de sa situation entre deux anciennes habitations dont on peut encore apercevoir les ruines des moulins à vent. Si les vestiges amérindiens sont ténus (seul un chablis renfermant quelques tessons, des coquillages et un peu de corail a été détecté). En revanche, la période coloniale est illustrée par une trentaine de structures en creux dont la répartition relativement dense dans le quart nord-est de la parcelle a permis de reconnaître au moins un bâtiment étroit de 18,50 m x 2,70 m, d'orientation nord-sud, fondé sur une double rangée de trous de poteau. Le mobilier recueilli, très rare, se compose essentiellement de fragments de tuiles et d'un tuyau de pipe en faïence blanche, ce qui ne permet pas de dater précisément l'abandon de leur usage ni l'époque à laquelle ils ont été édifiés. Les archives ne nous renseignent guère plus dans la mesure où ces bâtiments ne figurent ni sur la carte des Ingénieurs du Roy datant de 1770 ni sur la carte marine de 1867, alors que les différentes constructions qui composent les deux habitations y sont clairement représentées. Il est possible qu'ils aient fonctionné entre ces dates, mais leur situation indiquerait plutôt qu'ils appartiennent à une phase où les deux sucreries ont fusionné, soit après 1852, date à laquelle la propriété de Dampierre est vendue à la sucrerie voisine (Dunoyer). L'étroitesse et la longueur importante de ces édifices rappellent les modules utilisés pour la construction des cases d'esclaves (J.-B. Labat, Voyage dans les îles) qui ont perduré après l'abolition de l'esclavage en 1848 lors de l'édification des cases de travailleurs et ce jusqu'à la fin du XIXe s.