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Le bourg antique de Chassenon
Les archéologues de l'Inrap fouillent depuis le 27 août et jusqu'à fin octobre 2012, dans le bourg de Chassenon, sur 1 000 m². Cette opération intervient en amont du projet de construction de trois logements par Logélia et fait suite à un diagnostic réalisé par le service départemental d'archéologie de Charente. Ainsi, les recherches ont mis au jour une occupation antique débutant au Haut-Empire et perdurant pendant au moins trois siècles. Trois phases d'occupation sont identifiées avec notamment la construction d'une villa antique.
La première période d'occupation, sous le règne d'Auguste, se traduit par la construction d'un premier bâtiment auquel succède une villa ou une domus (riche maison de ville). Durant le Bas-Empire (IIe-IIIe siècles après J.-C.), les matériaux de construction existants sont réemployés (économie du recyclage). Cet ensemble est agrandi et complété par un espace balnéaire (petits thermes privés).
Cette implantation, différente de celle des quartiers proches du sanctuaire, pose encore question. Elle ouvre néanmoins des perspectives intéressantes sur la périphérie des noyaux urbains associés au sanctuaire. La fouille a fourni un important dépôt de terres cuites architecturales, ainsi que des objets de la vie quotidienne (céramiques, fibules, monnaies, etc.). Ce mobilier va permettre d'élargir de manière significative le corpus existant et d'étoffer la documentation.
À la fin du Bas-Empire ou au début du Moyen Âge, le site est abandonné. Témoignant de la mutation de l'agglomération vers le monde médiéval ou moderne, trois sépultures ont été découvertes. Elles ouvrent une réflexion sur les pratiques funéraires car la fouille se situe à la limite des deux mondes : l'agglomération antique (Cassinomagus) et le Chassenon médiéval qui se développe autour de l'église du XIe siècle. Par ailleurs, un four de verrier atteste une activité artisanale. Ces éléments seront datés par le biais d'analyses réalisées au radiocarbone (14C).
Surface : 700 m3 de terre enlevés au décapage.
Nombre d'archéologues : 6 en moyenne.
Spécialistes : anthracologue, anthropologue, céramologue, enduits peints, architecture antique, numismatique, instrumentum (= petit mobilier), géomorphologue.
Collaborations : Établissement public du Parc archéologique de Cassinomagus, CNRS (J. Gomez de Soto), Musée de Chauvigny (I. Bertrand), Mairie de Chassenon, association Les Amis de Chassenon, archéologues du service départemental d'archéologie de Charente.
Sophie Lemaire
Chargée de développement culturel et communication
Inrap, direction interrégionale Grand Sud-Ouest
06 85 04 97 95
sophie.lemaire [at] inrap.fr