A Cagnes-sur-Mer, Alpes Maritimes, le site est implanté au débouché de l'étroite vallée de la Cagne.

Dernière modification
10 mai 2016

La zone de fouille se trouve à l'angle formé par les avenues Auguste-Renoir au nord et Cyrille-Besset à l'est, parallèle au fleuve. La totalité du site couvre une superficie de 1 800 m2. Le quartier du Béal, à 700 m au sud-est du centre historique constitué du château et du bourg médiéval, fait partie de la ville moderne. Le gisement archéologique s'inscrit principalement en piémont sur la première terrasse sédimentaire surplombant les limons de débordement qui constituent la plaine alluviale du fleuve.


Le diagnostic archéologique réalisé par F. Conche (Inrap) en 2004 a révélé la présence d'une petite zone d'inhumations antiques, de deux fours à chaux du Bas-Empire et de vestiges appartenant à un moulin moderne. Le contexte archéologique suggère que ce site appartient à une vaste nécropole implantée autour de deux axes routiers antiques. Frédéric Conche, s'appuyant sur le recensement des découvertes de sépultures, émet l'hypothèse que le site du Béal pourrait répondre au carrefour de la Via Aurelia et de la Via Vintania.

L'opération de fouille était initialement prévue pour durer 5 semaines. La fouille du moulin devait se limiter à en dresser le plan de masse et à déterminer s'il masquait une occupation médiévale. Les vestiges du moulin, qui apparaît sur le cadastre de 1804, occupent la totalité de la surface de fouille, représentant ainsi un véritable complexe meunier. Le bief et la dérivation du bief destiné à actionner la roue, ainsi que les salles adjacentes ont été mises au jour dans la partie nord du site. Cet ensemble est resté en élévation, mais en ruine jusqu'en 2004, où il a été détruit. Cependant, le reste du bâtiment situé dans la partie sud du site était depuis longtemps recouvert. Il s'agit des pièces de décantation du moulin et de deux autres pièces annexes.

Une série de sols « caladés » (sols de galets), en liaison avec un bâti distinct du moulin et appartenant à l'époque médiévale, ont été dégagés dans la partie centrale du site. Il s'agit d'un ensemble de cinq murs enserrant à l'est trois sols « caladés » successifs et un autre situé légèrement en contrebas à l'ouest. Les deux espaces sont séparés par un mur de direction nord-sud. Le mur septentrional semble se poursuivre vers l'est et former un retour vers le nord en limite de fouille. Il a également perturbé le bâtiment antique dans sa partie sud.

Les bâtiments, de toutes les époques sur ce site, sont construits en galets liés au mortier de chaux. La coupe nord du site laisse apparaître la présence d'une voie est-ouest, probablement marquée sur le cadastre de 1804 et reprenant le tracé de l'ancienne voie romaine. D'après la céramique prélevée, cet axe pourrait bien être utilisé à la fin du Moyen Âge. Enfin, un fossé attribué à la même époque est présent dans le secteur sud.
 
La voie romaine n'est pas visible sur l'emprise du chantier. Elle pourrait se situer à quelques mètres vers le nord, sous la voierie actuelle, avenue Auguste-Renoir. Quant à la deuxième voie pressentie, de direction nord-sud, elle n'a pas été observée dans l'emprise de la fouille. Cependant, la zone sépulcrale ne semble pas se poursuivre vers le sud, le long de cette hypothétique axe de circulation. Nous ne pouvons donc pas à ce jour, au vue des données de la fouille, confirmer l'hypothèse avancée par Frédéric Conche.
 
Dans la partie nord du site, au plus proche de la voie antique, les premières sépultures sont apparues en nombre, dès le deuxième décapage, à moins d'1 m sous le niveau de sol actuel. À ce jour, au moins 25 inhumations, comportant pour certaines deux individus, nous placent assurément dans le contexte d'une nécropole. D'après les premières observations du matériel, elle se situerait vers le IIe et IIIe siècles de notre ère. Le bâtiment est de la même époque.
 
Les sépultures sont toutes orientées de la même manière, tête à l'ouest, sauf en ce qui concerne les deux immatures inhumés le long d'un mur. Aucune offrande n'accompagne les tombes, creusées en pleine terre. Certains individus semblent avoir été enterrés dans un linceul de tissu. Les inhumations présentes en partie haute du site ont été largement perturbées par l'installation de la voie, et probablement par les activités liées au bâtiment médiéval et à l'installation du moulin. Il semble que la partie nord du site ait fait l'objet d'un nivellement important, détruisant certaines sépultures à plus de 80 %. Les sépultures en partie basse sont mieux conservées. À ce jour, 50 sépultures ont été décomptées, toutes ne sont pas encore fouillées. D'après nos estimations, une cinquantaine d'autres devraient se trouver dans les niveaux inférieurs. Certaines d'entre elles ont été installées directement sur des inhumations plus anciennes, en contact direct avec le premier individu. La découverte de ces inhumations est associée à l'apparition d'un bâti absent des données fournies par le diagnostic, puisque concentré au nord. Un certain nombre de sépultures sont installées directement sur l'arase des murs.
 
Le chantier de fouille a été prolongé au mois de mai 2008 pour permettre l'étude de ce bâtiment, probablement un établissement thermal gallo-romain.