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La Ribière
À Nouhant, Creuse, un diagnostic, dirigé par M.-C. Gineste (Inrap) en avril-mai 2005 et réalisé en amont du projet de construction de voie (doublement de la RN 145), a permis de mettre au jour un gisement archéologique.
Prescrite sur une surface initiale de 1 800 m², l'aire de fouille est agrandie de 1 000 m² au terme du décapage effectué par F. Prodéo (Inrap) lors de la première opération de fouille (septembre 2006). La décision est alors prise de scinder l'ensemble du terrain en deux zones de fouilles cohérentes. À l'est, un vaste triangle d'une superficie de 1 800 m² est étudié par F. Prodéo, dans le cadre de l'opération en cours. À l'ouest, un étroit rectangle de 1 000 m² fait l'objet d'une deuxième opération (février-avril 2007), sous la responsabilité d'E. Moizan.
Le site occupe le sommet d'un plateau dont les versants, au sud et à l'ouest, sont particulièrement marqués par l'existence de terrasses successives. Les deux chantiers sont séparés, dans la zone médiane, par un léger talweg s'écoulant du nord vers le sud. Le substrat géologique se compose de terrains primaires granitiques, altérés, sous forme de sable grossier plus ou moins compact.
Quelques indices épars laissent présumer une occupation initiale protohistorique. La période augusto-tibérienne est caractérisée par quelques structures en creux (fossés, sablière et trou de poteau). L'orientation nord-ouest/sud-est adoptée par un large fossé installé à l'ouest dicte l'implantation des bâtiments postérieurs.
La principale phase d'occupation semble intervenir dans la première moitié et au milieu du IIe siècle apr. J.-C. À l'ouest, un petit bâtiment de plan carré est édifié en bordure d'une terrasse. Une étroite galerie, d'1 m de large environ, ceint la construction. Les murs arasés n'ont conservé que des fondations constituées de gros blocs de granit. Les vestiges d'un sol intérieur sont apparus sous la forme d'un épandage de petites pierres mêlées de tessons de céramique. À l'est de cet édifice, distant de quelques mètres, un enclos marqué par un fossé peu profond n'est que partiellement perçu par la fouille. Dans un deuxième état, le bâtiment initial est démoli au profit d'un plus vaste, de plan rectangulaire qui comporte une galerie sur sa façade occidentale. En avant de cet ensemble, un mur ceinture l'espace au sud et à l'est. Au nord-est, les maçonneries mises au jour apparaissent contemporaines. Toutefois, du fait de l'arasement prononcé et de la mauvaise conservation de ces structures, il est impossible d'en restituer un plan cohérent.
Jusqu'au IIIe siècle, les bâtiments subissent plusieurs remaniements. Un édifice plus vaste se développe au nord-est. Il est caractérisé par une galerie dont le mur sud s'implante sur les maçonneries antérieures. Enfin, les épais niveaux de démolition évoquent un abandon généralisé du secteur qui intervient au cours du premier tiers du IIIe siècle.
Le site est réoccupé à partir des XVe et XVIe siècles jusqu'à l'époque moderne. Cette période semble marquée par une récupération intense des matériaux de construction. Des remblais sont installés sur l'ensemble de la zone. Le talweg est empierré et une étroite voie est installée en périphérie, au sud-ouest. Des maçonneries et des lambeaux de sols témoignent de la présence de constructions établies sur les ruines des bâtiments antiques.
Le site livre donc des informations inédites sur l'occupation de cette région : dès la période protohistorique et au cours de l'Antiquité, on assiste à un aménagement planifié de la zone. Aux premières structures en creux vont se succéder des édifices de plus en plus vastes qui s'implantent sur des terrasses aménagées en versant du plateau. Ce secteur apparait complètement abandonné au IIIe siècle apr. J.-C. À partir du XVe siècle, on observe un réaménagement de l'espace qui semble perdurer à l'époque moderne. Cette phase doit être rattachée au développement, à proximité, du hameau des Boueix, dont l'origine se trouve dans le prieuré Saint-Léonard-de-Noblat, mentionné dès le XIIe siècle.