A Antran, Vienne, dans les années 70, Messieurs Lavoie et Gouin avaient découvert, lors de ramassages de surface, un site mésolithique (Le Gueret) situé à proximité de la parcelle fouillée.

Dernière modification
10 mai 2016

Les prospections systématiques de la vallée ont été dirigées par Claude Constantin (CNRS) qui recherchait dans la région, dans le cadre d'un PCR, des sites du Néolithique ancien susceptibles de préciser les relations entre le Bassin parisien et la façade Atlantique pour cette période ; il a relevé des indices mésolithiques sur la parcelle.

Il faut aussi mentionner, à proximité, la fouille programmée de la Croix Verte à Antran, dirigée par J.-P. Pautreau, qui avait révélé des traces du Néolithique moyen, une grande maison de l'Artenacien et des vestiges de l'âge du Fer. Le diagnostic de 2006 dirigé par Fréderic Prodéo (Inrap) confirmait l'intérêt d'une intervention sur l'emprise du futur lotissement d'Antran grâce à la mise au jour de céramiques, apparemment en place, datables de la fin de la période du Villeneuve-Saint-Germain (vers 4500 avant J.C.).

22 jours de décapage à la pelle mécanique sur une surface de 8 100 m2 ont permis d'établir un carroyage (unité : 1m2) sur les concentrations les plus notables. Une station de lavage a ensuite été installée pour traiter les zones pressenties pour contenir du Mésolithique, les résultats de ces tamisages guidant l'extension des fouilles dans ces secteurs.


Cet îlot sableux insubmersible de la vallée de la Vienne porte de nombreuses traces d'occupations se référant à des cultures allant du Mésolithique à la fin de la Protohistoire : structures de combustion, meules ou petits amas de céramiques isolés, rares trous de poteau rappelant la multiplicité des installations. Deux sites mésolithiques et un site du Néolithique ancien en constituent les découvertes principales.

Le Mésolithique de la zone 1 s'étend sur une quarantaine de mètres carrés parmi les deux cents explorés. Son intérêt réside dans la relative homogénéité de son industrie, malgré la présence fugace d'indices plus récents. Les principales pièces caractéristiques sont les armatures géométriques triangulaires, majoritairement isocèles, associées à des pointes à base concave ou naturelle. La vocation principale de ce campement provisoire est la réfection des flèches ; le procédé du micro burin est attesté, les outils du fond commun sont quasi-absents et la chaîne opératoire de débitage est incomplète. Les matières premières, relativement proches, sont le jaspe de Fontmaure et le silex du Turonien supérieur utilisés également au Néolithique. Aucune structure de combustion n'a pu être attestée malgré les nombreuses évidences d'emploi du feu (silex brûlés, charbons, noisettes et autres graines carbonisées), les conditions taphonomiques ne s'y prêtant pas. En l'état actuel de l'étude, tout indique une halte fugace de chasseurs du Mésolithique ancien (Xe millénaire BP), à confirmer par datation absolue.

Le Mésolithique de la zone 2, davantage mêlé au Néolithique ancien, n'a pas fait l'objet d'un traitement approprié. Le mobilier se distingue de celui de la zone 1 par des éléments typologiques plus évolués. Les microlithes géométriques retrouvés y sont scalènes et isocèles et les pointes ne varient pas sensiblement. Cette série n'est cependant pas suffisamment consistante pour qu'une datation relative puisse préciser s'il s'agit d'un Mésolithique ancien ou moyen. Le secteur abordé de manière fine suggère la présence d'un locus d'une étendue équivalente à celle de la zone 1, avec utilisation du feu, absence d'outils du fond commun et de certaines étapes de la chaîne opératoire de débitage. Enfin, la fréquentation discrète des lieux à la fin du Mésolithique n'est pas exclue avec deux microlithes trapézoïdaux évolués.
 
La fouille de la zone à céramiques du Néolithique ancien (zone 2), excepté une fosse protohistorique, ne donnait sur le terrain aucune évidence d'organisation malgré la découverte, au décapage, d'une concentration de fragments de bracelets attribuables au groupe de Villeneuve-Saint-Germain (vers 4500 avant J.C.), les différentes occupations apparaissant multiples, superposées et discrètes.

C'est en phase de post-fouilles que l'étude des densités de vestiges par catégorie a permis de définir la surface d'accumulation de l'intérieur d'une maison aux contours géométriques, longue de 14 m et large de 4 m qui rappelle la tradition danubienne. L'habitat du Bronze final, signalé par des fosses, des trous de poteau et la pédogenèse de fond de fosse, à quelques mètres au sud, se présentait sous une forme beaucoup plus réduite et irrégulière.

L'analyse spatiale montre une corrélation forte entre la disposition des céramiques (formes ovoïdes à col légèrement rentrant, bols à paroi droite ou arrondie), et particulièrement des préhensions (mamelons ovales à perforation horizontale, anses à ensellement médian et rares boutons), et le matériel lithique, spécialement les nucléi et les éléments brûlés (35,87 % de l'ensemble). La grande majorité de ces préhensions se trouvent à l'intérieur de l'habitat dans lequel s'insèrent également beaucoup de lames et de lamelles (80) ayant généralement servi de support aux outils (50), de microlithes (39) et de micro burins (18). La série d'armatures contient quelques trapèzes (parmi lesquels l'un procède d'une bitroncature trapézoïdale à troncature basilaire rectiligne et à retouches inverses rasantes), quelques triangles scalènes et beaucoup de pointes. Des aspects de Mésolithique final coexisteraient avec des traits résolument modernes (polissages des haches, développement des burins, débitage au percuteur dur avec preuves « d'acharnement », présence de céramiques et de bracelets en schiste). Cet ensemble serait à comparer avec le Mésolithique à céramique de la grotte de Bellefond, seul site du Néolithique ancien actuellement connu dans le département de la Vienne.