En amont du projet d’extension de la ZAC des Ancises porté par Vichy Communauté, l'Inrap avait fouillé en 2022 une vaste nécropole celtique du second âge du Fer, au carrefour du territoire des Arvernes, de celui des Eduens et des Bituriges. Les travaux de stabilisation du mobilier funéraire révèlent aujourd'hui des parures métalliques et des armes d’une facture exceptionnelle qui ont peu d’équivalent en Europe.

Dernière modification
15 avril 2025

Une nécropole sans squelettes

Située sur la partie la plus haute du site, l’aire d’inhumation mesure près de 650 m². Elle se présente sous la forme d’un enclos quadrangulaire délimité par un grand fossé. Il renferme plus de 100 sépultures majoritairement nord/sud. Par son étendue, cette nécropole peut se comparer à des sites connus en Champagne, dans le Bassin parisien ou en Bourgogne. Malheureusement l’acidité du sol n’a pas permis la conservation des squelettes, empêchant toute étude anthropologique. L’enclos comporte également une unique crémation. Un petit vase précieux l’accompagne, recouvert de motifs poinçonnés alternés avec des bandeaux peints.

Creuzier-le-Neuf 2

Vase funéraire découvert dans la sépulture à crémation.

© Flore Giraud, Inrap

Des parures métalliques encore présentes

Près de la moitié des sépultures comprennent des parures en métal. Les bracelets, seuls ou par paire, sont fréquents. Certains sont de simples tiges d’alliages cuivreux enroulées, d’autres sont plus ouvragés et portent des décorations. La plupart correspond à des anneaux fermés ou à fermoirs dissimulés (une des extrémités s’emboîtant dans la partie creuse de l’autre). Une tombe a livré une paire de bracelets bien conservés ornés de formes circulaires (ocelles) et de longues courbes.

18 fibules sont identifiées, en alliage cuivreux ou principalement en fer. Très dégradées lors de leur prélèvement sur le terrain, leur stabilisation au laboratoire du CREAM à Vienne, a permis d’en reconstituer une grande partie. L’une d’entre elle porte un décor d’ocelles rappelant celui des bracelets décorés. La fibule la plus exceptionnelle est agrémentée d’un cabochon, orné d’un disque serti d’une feuille d’argent aux motifs réalisés au repoussé. Elle est attribuable à fin du IVe siècle ou au début du IIIe siècle avant J.-C.

Deux épées retrouvées dans leur fourreau

Deux sépultures ont livré des objets métalliques pris dans une gangue oxydée. Les travaux de stabilisation ont révélé deux épées encore dans leur fourreau. L’une est, sans conteste, l’objet le plus spectaculaire de la nécropole (tombe 782). Son fourreau permettait un port à la taille. La poignée et la plaque avant du fourreau, en alliages cuivreux, sont recouvertes de décors en volutes ou d’ocelles. Plusieurs cabochons agrémentent les pourtours du fourreau déjà richement décoré. Au moins deux d’entre eux comportent des décors en svastika et probablement de la pâte de verre.


L’épée consiste en une lame courte, longiligne et appointée avec une poignée à antennes, en fer, associée à des sphères en alliages cuivreux ou en cuivre. Les radiographies ont révélé des incrustations sur le sommet de la lame : un rond et un croissant de lune séparés par un trait. Le détail des décors indique une conception au tout début du IVe siècle avant J.-C.

Creuzier-le-Neuf 12

Détail des différents éléments décorés du fourreau et de la poignée à antennes de l’épée de la sépulture 782.

© Flore Giraud, Inrap

La seconde épée (tombe 990) est encore accompagnée des anneaux de suspension permettant de la porter à la taille. En dehors d’une paire d’ocelles occupant discrètement le haut du fourreau, elle se distingue de la précédente par l’absence d’autre décoration. Des lambeaux d’étoffe subsistent, pris dans l'oxydation métallique à l'arrière du fourreau. Ils pourraient provenir d'un vêtement du défunt, d'un linceul, ou d’un étui. La taille et la typologique de l’épée suggèrent une fabrication au courant du IVe siècle avant J.-C.

Creuzier-le-Neuf 15

Détail de la plaque arrière du fourreau de l’épée de la sépulture 990 avec éléments de tissus.

© Flore Giraud, Inrap

Aménagement : Vichy Communauté
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Auvergne Rhône-Alpes)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Benjamin Oury, Inrap
Responsable de secteur de la nécropole âge du Fer : Vincent Georges, Inrap