A Coulonges-Thouarsais, Deux-Sèvres, durant l'été 2006, une opération de fouilles archéologiques préventives a été réalisée sur la commune de Coulonges-Thouarsais (nord-est des Deux-Sèvres), préalablement à l'extension d'un site de stockage des déchets (aménagement Smited).

Dernière modification
10 mai 2016

Deux sites (La Loge 1 et La Loge 2), distants d'environ 400 m, ont été fouillés successivement sur une emprise totale de 1,5 hectare.
Les fouilles ont principalement permis d'appréhender deux établissements à enclos de l'époque romaine occupés synchroniquement de la fin du Ier au milieu du IIe siècle apr. J.-C.

 

La Loge 1

Sur une surface de 9 500 m2, la fouille a mis en évidence un établissement à enclos fossoyé daté de la fin du Ier siècle au milieu du IIe siècle de notre ère. À l'extérieur de ce dernier, une zone funéraire de la fin du IIIe siècle apr. J.-C. ainsi qu'une fosse de La Tène C (IIIe-IIe siècle av. J.-C.) ont également été fouillées.

L'enclos forme un rectangle trapézoïdal, d'environ 70 x 50 m, compartimenté par une série de fossés. Des alignements de trous de poteau peuvent appartenir à des palissades ou à des bâtiments. Des fosses parsèment aussi son espace intérieur. Cet établissement est vraisemblablement lié à des activités de type agropastoral.

La zone funéraire se compose de cinq structures fossoyées à inhumation dont quatre contiennent des dépôts de mobilier (céramiques et verreries complètes), sans aucun ossement. Cette absence de squelette s'explique par l'acidité du sous-sol.

La Loge 2

La surface décapée (5 500 m2) a permis d'étudier une partie d'un site de l'époque romaine qui se poursuit vers le sud, au-delà de l'emprise prescrite. Il s'agit d'un enclos formé par des fossés rectilignes dont certains sont doublés à l'intérieur d'une palissade. Cette enceinte dessine un départ de quadrilatère qui borde une surface interne d'environ 2 300 m2. Une entrée principale est pourvue de plusieurs aménagements qui intègrent au moins deux états de construction. Elle semblerait être agencée, d'une part, par un passage en chicane et, d'autre part, par un porche. Ce côté de l'enclos, assez imposant, voire « monumental », trahit sans doute une volonté délibérément ostentatoire. À l'extérieur, l'enclos est desservi par un chemin empierré bordé de chaque côté par quelques aménagements.
 
Les installations internes à l'enclos (bâtiments sur poteau et fosses de combustion) se répartissent de part et d'autre d'un axe défini par l'entrée constituant une cour centrale et/ou un large passage médian. Cet espace permet ainsi de desservir indépendamment l'aile ouest et l'aile est de l'enclos. Ce dispositif évoque le plan de certaines partes rusticae de villae. Au nombre de quatre, les bâtiments correspondent sans doute à des dépendances : trois petits édifices peuvent avoir une fonction agricole (de type grenier) et le plus important (bâtiment 4) évoque une habitation.
 
Cet établissement rural est essentiellement occupé de la fin du Ier au milieu du IIe siècle apr. J.-C. Quelques fosses sont attribuables à la période Augusto-tibérienne. Deux soubassements excavés de forme plus ou moins quadrangulaire sont datés du début de l'Antiquité tardive.
 
L'étude de ces établissements ruraux démontre, entre autres résultats, que les savoir-faire de tradition protohistorique (techniques de construction et modes d'occupation) sont maintenus dans ce terroir au cours de la période romaine, et ceci bien au-delà de la Conquête.