La grande villa actuellement mise au jour est une occasion unique pour les archéologues de percevoir l'organisation d'un habitat rural du début du IIe siècle de notre ère, qui présente par ailleurs un état de conservation exceptionnel.
Fanum Martis, capitale des Coriosolites
Située au nord-ouest de Dinan, Taden, bourg des rives de la Rance, possède des origines antiques. Durant l'époque gallo-romaine c'est un important port rattaché à Corseul, l'antique Fanum Martis, capitale des Coriosolites, distante d'une quinzaine de kilomètres. Le territoire de Corseul s'étend alors sur la majeure partie des Côtes-d'Armor et déborde sur l'Ille-et-Vilaine.
Un complexe bâti de 1000 m2
Repérée lors de prospection aérienne voici une vingtaine d'années, la villa gallo-romaine aujourd'hui mise au jour par les archéologues de l'Inrap, se distingue par un vaste bâtiment d'habitation à galerie de façade. Elle est datée des Ier- IIe siècles de notre ère. La partie résidentielle de la villa (pars urbana) possède une superficie d'environ 1000 m2, au sein d'un vaste domaine foncier. Tout autour de la maison du maître, se déployaient des bâtiments agricoles (pars rustica). Champs et pacages, étaient délimités par des fossés et des clôtures (pars agraria).
Des sols remarquablement conservés
La partie résidentielle de la villa adopte un plan classique, constitué de trois ailes disposées en U. Chacune est dotée d'un portique à colonnade qui assure la communication entre la cour principale et les pièces en retrait. L'examen du plan laisse à penser que certaines parties de l'habitation étaient aussi dotées d'un étage. La fouille en cours de trois salles a permis d'identifier leur fonction et leur lien. La plus grande (30 m2), est une salle de réception (triclinium). Elle possède un sol en terres cuites disposées en arêtes de poisson (opus spicatum).
Contiguë de la salle de réception, une des cuisines présente un sol de terres cuites pilées. Son seuil était constitué de terres cuites posées à plat et le jambage de la porte se devine encore. Un four domestique en cloche a été dégagé dans un de ses angles. Cette cuisine devait essentiellement servir à réchauffer ou achever les préparations culinaires servies dans la grande salle de réception. L'arrière de cette pièce est vraisemblablement une aire de stockage (cave ou cellier).
Des thermes privés
La villa des Alleux bénéficie d'un confort réservé au milieu urbain ou aux grandes demeures rurales. D'une superficie de 200 m2, les thermes sont situés dans l'aile sud de la villa. Ils se composent d'une série de pièces et de diverses piscines. Ainsi, le maître se déshabillait dans un vestibule avant de pénétrer dans une piscine froide. Une pièce chauffée par le sol et équipée de baignoires d'eau tiède (tepidarium) l'attendait ensuite, puis une seconde salle sur hypocauste dans laquelle l'eau est encore plus chaude (caldarium). Ce circuit illustre un confort « à la romaine » et dénote de la richesse du propriétaire, l'édification mais aussi l'entretien de bains privés étant un luxe réservé à une élite. L'ensemble de ces pièces était orné de peintures murales dont de nombreux fragments ont été retrouvés lors de la fouille.
La Bretagne romaine
Le site de Taden vient compléter la connaissance des villae gallo-romaines de Bretagne, notamment par son architecture. L'archéologie préventive a récemment renouvelé les connaissances scientifiques sur cette période. En effet, les archéologues de l'Inrap ont également mis au jour dans les années 80 à 90 deux plans complets de villa à Châtillon-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine) et au Quiou (Côtes-d'Armor).
Archéologue responsable d'opération : Romuald Ferrette, Inrap
Contrôle scientifique : Service régional de l'Archéologie (Drac Bretagne)
Aménageur : Communauté de communes du pays de Dinan