A Nespouls, Corrèze, une fouille effectuée sur le site du futur aérodrome de Brive-Souillac, sur un périmètre archéologique de 1 500 m2, a mis en évidence la pratique d'une activité de chaufournier datée de l'Antiquité et reconduite au Moyen Âge et à l'époque moderne.

Dernière modification
10 mai 2016

Neuf structures de combustion en relation avec la production de chaux ont été mises au jour. Au centre de l'emprise, 4 fosses-foyers d'1 m de large par 2,50 m de long, insérées dans une structure bâtie rectangulaire, correspondent à un petit atelier de chaufournier utilisé entre la seconde moitié du IIe siècle de notre ère et la première moitié du IIe siècle avant notre ère.

Quatre autres secteurs renferment des fours à chaux à cuisson intermittente à longue flamme datés de l'époque gallo-romaine et/ou du début du haut Moyen Âge. Les fours se présentent sous la forme de structures circulaires à piriformes de 4 à 5,50 m de diamètre aux parois rougies et durcies par la cuisson des pierres dans la cuve. Ces dernières, creusées dans l'argile des dolines ou le calcaire, sont conservées sur 3 à 4 m de hauteur et possèdent des bouches d'alimentation maçonnées de 1,50 à 2,80 m de haut.
 
Dans la partie centrale du périmètre de fouille, un four à chaux d'époque médiévale (fin Xe-milieu XIIIe siècle) semble utiliser le même mode de cuisson que les structures de combustion précédentes mais l'approvisionnement du foyer est effectué depuis une aire de chauffe extérieure par une ouverture installée légèrement plus haut que le cendrier.
 
Enfin, deux autres fours s'apparentent à des structures d'époque moderne et utilisent un procédé de combustion qui semble apparaître au cours de cette période : la technique « par empilement » qui correspond à une calcination intermittente à courte flamme.
 
Malgré l'absence d'indices d'une activité de carrier antérieure au XIXe siècle, l'extraction du calcaire a dû être réalisée sur place, le substrat du Causse de Martel offrant une matière première de premier choix.
Une étude anthracologique  a permis de déterminer la provenance et le type des matières premières utilisées dans ces fours à chaux. Le chêne est le principal combustible et d'autres essences, comme l'érable champêtre, les rosacées (aubépine, cerisier, cognassier, etc.) et le noisetier, ont été utilisées très probablement pour démarrer la combustion. L'essence végétale la plus disponible et abondante localement, a donc été exploitée en priorité. De fait, la chênaie caducifoliée semble correspondre, dès l'époque gallo-romaine, à l'environnement forestier des structures de combustion.
 
Les connaissances sur l'implantation, la construction et le fonctionnement des fours à chaux s'enrichissent donc avec les découvertes réalisées à Nespouls. Au-delà des données techniques révélées par ces découvertes, c'est avant tout la relation étroite entre le choix d'implantation et la présence des deux matières premières indispensables à cette activité, qui doit être soulignée. Ainsi, la présence de fours à chaux antiques, médiévaux et d'époque moderne sur une zone géographique restreinte, permet d'envisager une reconduction de l'activité, essentiellement imputable à la richesse du milieu en calcaire et en combustible.