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L’étude d’un château médiéval à Clermont-L’Hérault (Hérault)
Les archéologues de l’Inrap ont mené une étude au pied de la tour circulaire du château de Clermont-L’Hérault. Réalisée sur la prescription de la DRAC Occitanie et dans la continuité de deux précédentes interventions dans d’autres secteurs de l’édifice, cette opération menée en vue de la mise en valeur des vestiges a permis de mettre au jour un bâtiment de plan rectangulaire qui pourrait correspondre à une forme de cour haute.
Un site désormais bien documenté par l’archéologie
Implanté sur le rebord d’un plateau dominant la ville actuelle, le château de Clermont-L’Hérault contrôlait un carrefour de voies d’origine antique, placé à l’interface de la plaine littorale et des premiers contreforts méridionaux du Massif central.
Connu par les archives, le site est désormais également bien documenté par l’archéologie puisque les vestiges de l’ensemble fortifié ont fait l’objet de trois interventions archéologiques par l’Inrap dans le cadre du projet de stabilisation et de mise en valeur conduit par la Commune de Clermont-l’Hérault et la Conservation régionale des Monuments Historiques, avec la collaboration du Service régional de l’Archéologie et de l’association Cité des Guilhem.
Les deux premières opérations réalisées en 2010 et en 2021 ont consisté en l’ouverture de sondages mécaniques dont les résultats, couplés à ceux de l’étude du bâti existant, ont permis de poser les jalons d’une première périodisation du site. Un plan général phasé a pu être ainsi proposé et sert désormais de fond aux réflexions et aux discussions qu’entretiennent les différents partenaires impliqués dans le projet.
Sondage en cours aux abords septentrionaux du flanc nord de la fortification.
© O. Ginouvez, Inrap 2021
Un château, trois phases de construction
La mention initiale du site castral, sous la forme Claromontem castrum, date de 1158 et désigne un premier investissement du lieu matérialisé par un donjon de plan rectangulaire, associé à une modeste enceinte cantonnée sur la terrasse sommitale. Dès cette date et pour près de six siècles, la forteresse est le lieu de pouvoir et de résidence d’une famille seigneuriale issue de l’aristocratie franque implantée dans la région au début du IXe s. avec la fondation de l’abbaye de Gellone (aujourd’hui Saint-Guilhem le Désert) par le comte Guillaume, petit-fils de Charles Martel.
Vue de fin de fouille. Le logis adossé à la souche carrée du donjon a été vidé de son comblement d’abandon et le sol le plus récent (une calade liée au mortier) a été atteint.
© V. Lauras, Globdrone - Inrap 2023
La deuxième phase de l’ensemble castral est postérieure à l’annexion du comté de Toulouse au domaine royal. Elle coïncide avec la mise en œuvre d’un projet architectural dont l’ambition est à la mesure des bonnes relations que le maitre des lieux entretient avec le suzerain capétien. De nouveaux ouvrages conformes aux normes de l’architecture militaire septentrionale transforment radicalement le site, notamment côté nord, avec la construction d’un imposant mur d’enceinte flanqué de tours semi-circulaires et l’élévation d’une grande tour ronde, sur la souche quadrangulaire du précédent donjon.
Le site est occupé jusqu’au XVIIIe s. et connaît encore des travaux d’ampleur au début de l’époque moderne. Ces derniers investissements laissent présager que la famille seigneuriale occupe encore les lieux, ne serait-ce qu’occasionnellement. La terrasse sommitale est le lieu d’une recomposition qui intègre le vieux donjon primitif et l’associe à de nouveaux bâtiments comprenant des fenêtres à croisées et des carreaux de sol faïencés en provenance de Catalogne.
Fouille 2023. L’escalier d’accès, absent dans un premier temps, conduit à une pièce de stockage située en contrebas et implantée lors d’une phase d’extension de la terrasse castrale sommitale.
© O. Soulliaert, Inrap 2023
Une haute cour découverte lors de la fouille récente au pied de la tour circulaire
L’opération engagée en juin 2023 a été réalisée en collaboration avec l’Association Cité des Guilhem, impliquée dans l’entretien et l’animation du site depuis son achat par la commune en 2020. Durant deux semaines, les investigations ont porté sur les vestiges affleurants de maçonneries placées au pied de la grande tour ronde et dessinant un rectangle répondant à une fonction inconnue.
Accompagnée de moyens mécaniques, l’intervention a d’abord et surtout consisté dans la fouille d’une épaisse couche de gravats essentiellement composée de blocs et de cailloux accumulés dans le périmètre interne du « bâtiment » initial, rapidement interprété comme une étroite cour fermée sur l’un de ses deux petits côtés par la souche carrée du donjon. Purgé dans sa totalité afin d’atteindre le sol sous-jacent, l’amas de matériaux a livré des éléments d’architecture (pierres de tailles dont certaines moulurées, carreaux de sol bruts et émaillés) provenant d’un édifice proche, sondé en 2010 et correspondant à la dernière habitation seigneuriale établie au sein de l’enceinte castrale.
Premier nettoyage mécanique au pied de la grande tour-donjon.
© O. Ginouvez, Inrap 2023
Fouille 2023. Les agents de l’Inrap et les membres de l’association Cité des Guilhem.
© O. Ginouvez, Inrap 2023.
La fouille a atteint son objectif. L’ensemble des constructions associées au donjon sont désormais visibles et peuvent être intégrées au projet de restauration dont a déjà bénéficié la grande tour. Les puissants murs entièrement dégagés restituent, désormais, le plan d’un espace ouvert (9,80 x 3,90 m) doté d’un sol caladé. L’interprétation des vestiges n’est pas définitivement arrêtée mais l’hypothèse privilégiée à cette heure est celle d’une « haute cour » chargée de protéger l’accès à la porte ouverte au premier étage de la construction circulaire.
Fouille 2023. Les agents de l’Inrap et les membres de l’association Cité des Guilhem.
© O. Ginouvez, Inrap 2023
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Occitanie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Olivier Ginouvez, Inrap