En 2001, à l’emplacement de la future station de métro Palais de Justice, les archéologues ont fouillé, sur une superficie de 783 m², une petite partie de l’ancien cimetière Saint-Michel, qui appartenait au faubourg méridional de la ville médiévale.

Dernière modification
25 août 2017

Parmi les quelque 2 500 tombes présentes, les chercheurs ont pu explorer 8 tombes antiques longeant l’ancienne voie Narbonnaise et 721 sépultures datables de la seconde moitié du XIIe siècle jusqu’au XVIe siècle, ainsi qu’une partie des fondations de l’ancienne église Saint-Michel.

L’Antiquité

Les plus anciennes tombes identifiées étaient installées le long de la voie Narbonnaise, qui aboutissait à la porte sud de la cité. Quatre sépultures ont livré du mobilier : des lampes africaines de la fin du IVe siècle de notre ère et des gobelets ovoïdes. Les structures funéraires étaient constituées de cercueils ou de coffrages en bois.

Le déplacement du cimetière du château Narbonnais

Les fouilles des sites de la Cité judiciaire et des allées Paul-Feuga ont permis de découvrir une très vaste aire funéraire datée du VIIIe au XIIe siècle. Elle se développait à l’extérieur des remparts, depuis la porte antique de la ville et de part et d’autre de la voie Narbonnaise.

 La restructuration du château et de ses fossés ont repoussé cette activité funéraire plus au sud durant la seconde moitié du XIIe siècle. C’est sur cette partie tardive du cimetière que la fouille ici présentée a porté exclusivement.
 

À la fin du XIIe siècle, le cimetière déplacé est entouré d’une clôture constituée de caveaux en briques. Après 1160, il semble que le lieu d’inhumation soit dépendant de l’église Notre-Dame de la Dalbade, située dans la cité.

 Au début du XIIIe siècle, le cimetière est réorganisé et une nouvelle clôture de caveaux est construite. Cet épisode semble consécutif à la période de sièges subis par la ville durant la croisade contre les Albigeois, sources de destructions dans les faubourgs.
 

Le cimetière Saint-Michel

Après 1331, une église dédiée à saint Michel est construite dans le cimetière, donnant son nouveau nom au lieu d’inhumation, à une future paroisse et au quartier actuel. Jusqu’alors, les caveaux étaient réservés aux plus nantis dans le cimetière, mais la construction de l’église modifie cette hiérarchie. La zone funéraire se divise alors clairement en deux parties distinctes : d’une part, l’église, avec une grande proportion de cercueils et, d’autre part, le cimetière pour les plus humbles, où les cercueils sont rares.
 

Les pratiques funéraires médiévales

Jusqu’au milieu du XIIIe siècle, les tombes sont constituées de fosses couvertes de planches. Elles adoptent souvent une forme « anthropomorphe » destinée à garantir une certaine cohésion au squelette. Les recoupements de tombes et les réductions de sépultures sont rares. Dans certains cas, ce sont des coffrages de bois qui ont contenu les corps. La signalisation des tombes est faite par des galets et des fragments de briques. À partir de la fin du XIIe siècle, apparaissent des caveaux de briques dans lesquels les défunts sont superposés.
 
Dans le courant du XIIIe siècle, on observe une modification importante dans les pratiques funéraires, avec le remplacement des anciennes structures pour des fosses dans lesquelles on pose le corps protégé seulement par un linceul (d’où l’appellation de sépultures « en pleine terre »). On voit apparaître, timidement d’abord car ils sont au départ dévolus aux plus riches, des cercueils. Les mentalités envers le corps des défunts ont évolué et le souci de la conservation devient secondaire.