Les sondages archéologiques réalisés en 2008 à l'emplacement de l'ancienne imprimerie Berger-Levrault à Nancy (Meurthe-et-Moselle) ont permis la découverte d'un cimetière des XVIIIe et XIXe siècles.

Dernière modification
10 mai 2016

Depuis le 1er mars 2010, une fouille est menée sur ce site par une équipe d'archéologues et d'anthropologues de l'Inrap, en préalable à un important projet immobilier porté par la ville de Nancy, avec le concours de la Solorem. Le décapage a permis de dégager les deux-tiers environ d'un vaste cimetière, orienté nord-sud, et limité à l'ouest et au nord par les rues des Glacis et Jean-Lamour. D'après les plans anciens, il devait se prolonger plus au sud, sous l'actuel bâtiment de la CFDT, et était bordé à l'est par des jardins et par l'ancien mur de contrescarpe de la citadelle.


Un nouveau cimetière pour les paroissiens de Saint-Epvre et de Notre Dame

Le cimetière est créé ex nihilo en 1732 à la demande des habitants de la Ville-Vieille de Nancy. François, Duc de Lorraine, leur concède un terrain sur les anciens fossés, près du bastion le Marquis, vestige de la citadelle abandonnée depuis le début du XVIIIe siècle. Le cimetière fonctionne pendant plus d'un siècle, jusqu'en 1842, date de la fermeture définitive des cimetières intra muros. Une partie des morts est déplacée jusqu'au nouveau cimetière de Préville et le terrain reste quasiment à l'abandon pendant une trentaine d'années. En 1871, les bureaux et l'usine de l'imprimerie Berger-Levrault sont transférés depuis l'Alsace et installés à l'emplacement de l'ancien cimetière.

Des morts des XVIIIe et XIXe siècles

Malgré une durée de vie assez courte pour un cimetière paroissial, le cimetière des Trois Maisons est densément occupé par les morts de la ville de Nancy, et ce, sur plusieurs niveaux. Les sépultures découvertes lors du décapage sont majoritairement orientées est-ouest. Cependant, les premières tombes fouillées révèlent des affaissements importants, dus à l'effondrement de cercueils sous-jacents orientés nord-sud. L'espérance de vie semble assez caractéristique pour l'époque : les enfants et les nouveau-nés sont très nombreux, du fait d'une mortalité infantile importante, et les sujets adultes sont plutôt âgés. Plusieurs cercueils installés dans une même fosse témoignent de probables regroupements familiaux. Enfin, quelques cas de sépultures multiples peuvent être le fait d'épidémies, hypothèse qui sera à confirmer par une recherche en archives. En parallèle de la fouille, l'étude des registres paroissiaux de l'époque permettra de mieux définir le type de population enterrée dans ce cimetière.

L'évolution d'un quartier depuis le Moyen Âge

Cette fouille est aussi l'occasion de collecter des informations sur l'histoire du faubourg des Trois Maisons. En effet, le cimetière n'est pas une simple entité : il est longé par des rues, possède une ou plusieurs entrées, des allées... Ces éléments viennent affiner les connaissances sur la topographie de ce quartier à l'époque Moderne. Mais l'histoire du site ne commence pas au XVIIIe siècle. Le cimetière s'est installé sur les anciens glacis de la citadelle de Nancy, dont les vestiges ont été observés plus à l'est (bastion le Marquis), lors des sondages archéologiques de 2008. La suite du décapage devrait permettre de qualifier l'occupation de ce secteur au Moyen Âge et au début de l'époque Moderne. Il est possible en effet que des aménagements périphériques du village de Saint-Dizier - village détruit lors de la construction de la citadelle - aient été en partie conservés sous les remblais des glacis. Le secteur peut aussi avoir été occupé par des champs ou de la vigne, comme le suggère un plan de Nancy de 1611 (La Ruelle). La suite de la fouille permettra de confirmer ou non ces hypothèses.