Dans le centre de Toulouse, le site de l’Hôtel Saint-Jean a été fouillé sur une épaisseur de 3,5 m et sur une emprise de 1 500 m², ce qui a généré des découvertes majeures correspondant à trois grandes phases.

Dernière modification
25 août 2017

Au début de l’Antiquité romaine, une habitation (domus) a été reconnue sur un développement de 50 m, bordée d’un portique donnant sur deux rues (cardo et decumanus). À la fin de l’Antiquité, le site est démantelé, l’habitat est de qualité plus médiocre. La phase principale correspond à l’installation des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui, en 1160, aménagent à cet emplacement leur grand Prieuré avec son cimetière. Il restera en fonction jusqu’au milieu du XVIIe siècle.

La demeure antique 

En dépit de l’installation du cimetière médiéval, les vestiges gallo-romains présents sur le site depuis le début du Ier siècle se sont bien conservés. L’emprise de la fouille a permis de distinguer le plan partiel d’un bâtiment agrémenté de bassins étagés, dont la qualité de construction est indéniable. Les sols sont réalisés en mortier de chaux, de tuileau ou en terre battue. Sur les bordures sud et ouest, une galerie large de 3 m permet la circulation des piétons dans un espace couvert. Ce portique est bordé par un cardo (axe nord-sud) et un decumanus (axe est-ouest) dont les bordures ont été reconnues. C’est aussi là qu’un dolium (grande jarre en terre cuite) a été enterré, pour servir de réserve d’eau ou de latrines. Le plan partiel du bâtiment et les éléments mobiliers qui y ont été découverts (vaisselle céramique, objets de toilette…) suggèrent l’appartenance à une résidence urbaine (domus) comportant un ou plusieurs étages.

À la fin de l’Antiquité 

La résidence est démantelée au cours du Bas Empire, puis les fondations sont recherchées durant le haut Moyen Âge afin de recevoir de nouvelles élévations. Autour de l'an mil, le secteur est voué à la conservation et au stockage des céréales, avec la création d'une batterie de silos.

Le cimetière des Hospitaliers de Saint-Jean

Les 1960 sépultures du XIIe au XVIe siècle recensées sur le site en font l’un des plus importants cimetières fouillés en France. Les hommes représentent 51% des défunts, les femmes 26% et les enfants (0-19 ans) 23%. On dénombre un religieux accompagné du calice et de la patène, quatre soldats inhumés avec des dagues ou des faucilles, cent soixante-et-onze pèlerins (11%) identifiables par quatre sportelles, cinquante-trois bâtons ferrés et deux cent trente-six coquilles. Parmi ces derniers, 75% sont des hommes, 23% des femmes et 2% des adolescents.

Peu de moines et de nombreux laïcs

Le cimetière n’était pas réservé aux religieux, ce qui était pourtant la règle au départ. Les moines n’étaient en réalité pas nombreux. En 1373, ils sont quinze frères et neuf donats (des laïcs), assistés par quatorze serviteurs. Parmi les laïcs ayant accès au cimetière des Hospitaliers, on compte les donateurs. En 1442, une part importante des défunts provient de l’hôpital qui disposait de cent lits. La forte représentation des immatures pourrait témoigner de l’accueil des enfants abandonnés dans ce quartier pauvre, avec une forte population de pêcheurs et de prostituées.

Les rites d’inhumation

Les modes d’inhumation sont très divers : caveau de brique, cercueil de bois (fibres de bois et clous), linceul (épingles), tombe individuelle bâtie ou sarcophage et dalle sépulcrale blasonnée. La place manque. Pour cette raison, les sépultures sont perturbées au fur et à mesure du creusement des nouvelles fosses. Les os longs et les crânes sont alors rassemblés et regroupés dans des fosses ou des caveaux. Peu d’éléments accompagnent le défunt. Le plus fréquent est l’alliance dans quarante cas (2%). Ce qui reste des vêtements est représenté par des boucles de ceinture ou de chaussure.