Aux confins des territoires de trois communes : Illiers-Combray, Blandainville et Saint-Avit-les-Guespières, l’Inrap a fouillé une superficie de 2,5 ha au « Bois de Fransache » et mis au jour des vestiges protohistoriques, antiques et médiévaux,  dont une impressionnante série de fours domestiques des époques mérovingienne et carolingienne.

Dernière modification
24 février 2025

Après une fréquentation à la période néolithique, essentiellement représentée par une centaine de pièces lithiques découvertes dans la partie nord-est de l'emprise, à l'interface entre les labours et le terrain naturel (limon), la première occupation structurée du site est constituée par l'extrémité d’un enclos fossoyé daté de la Tène Moyenne (300 -100 av. J.-C.) dans la partie sud-est de l'emprise. Les vestiges mis au jour dans cet enclos sont rares : quelques trous de poteaux signalent peut-être l'existence d'une petite construction en lien avec un accès matérialisé par une interruption du fossé occidental de l'enclos. Dans la partie nord du site quelques fosses en lien avec une activité d'extraction de limon et des trous de poteau épars ont livré un mobilier céramique contemporain des rares éléments découverts dans le comblement des fossés de l'enclos.

Illiers-Combray 3

Relevé des vestiges des différentes occupations d'après le diagnostic réalisé en 2014.

© P. Perrichon, Inrap

Antiquité

Les vestiges de la période romaine sont concentrés dans la partie sud-ouest de l'emprise, dans un secteur où le sous-sol est constitué de grison (gravier agglutiné). Des fossés successifs, orientés nord-ouest / sud-est, matérialisent la limite septentrionale d'un établissement rural installé plus au sud et dont une construction – interprétée comme une grange – avait été repérée au cours de l'opération de diagnostic. Deux fosses attribuées aux IIe-IIIe s. de notre ère ont été mises au jour au sud de ce fossé. Il pourrait s'agir de sépultures de nouveau-nés (enchytrismes : inhumations de nouveau-nés en jarre).

L'essentiel des vestiges découverts appartient à la fin de la période antique et au Moyen Âge (IVe-XIIe s.). Desservie par un chemin qui se met en place probablement dès la fin de l'Antiquité, l'occupation compte quelques constructions sur poteaux dans la partie sud-ouest de l'emprise, une zone d'ensilage de la période mérovingienne et de nombreuses fosses dont certaines liées à l'extraction de matériaux.

Moyen Âge

L'originalité de ce site tient au nombre très important de fours domestiques découverts. En effet, près d'une quarantaine d'exemplaires – dans un état de conservation très variable – ont pu être fouillés. Conformément aux situations constatées en Île-de-France (Bruley-Chabot 2002, 2004), les fours de la période mérovingienne sont isolés, dispersés aux abords de ce qui apparaît comme le cœur de l'habitat. À l'inverse, au cours de la période carolingienne et au début de la période médiévale, les fours sont implantés au sein de plus vastes unités incluant un fond de cabane, une petite construction sur poteaux (peut-être dévolue au stockage du combustible) et éventuellement un silo de taille modeste. Ces unités qui réinvestissent parfois d'imposants creusements antérieurs (fosses d'extraction ?), sont désormais majoritairement installées à proximité du chemin.

Illiers-Combray 1

Vue zénithale d'un four et de sa fosse de travail.

© Q. Lorin-Dardaillon, Inrap

Le mode de construction de ces fours est similaire. Installés dans les limons, les chambres, de plan circulaire ou légèrement ovale, sont creusées en sape dans les parois de la fosse centrale qui sert à l'installation des aires de travail successives. Seule exception, la sole initiale du four le plus récent qui est renforcée d'un radier de blocs de silex.

Illiers-Combray 2

Vue zénithale d'un radier de silex de four.

© Q. Lorin-Dardaillon, Inrap

Aménagement : Mountpark Properties
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Direction régionale des affaires culturelles du Centre-Val-de-Loire)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Laurent Fournier, Inrap