À l’occasion de l’extension de la carrière de la société Granulats Vicales à Saint-Clément, à l’est de Lunéville, les équipes de l’Inrap sont intervenues sur prescription de l’Etat (DRAC Grand Est) pour documenter un site d’habitat protohistorique et une nécropole antique sur une surface de 12 400 m². Des vestiges archéologiques rares à l’échelle du Lunévillois ont été mis au jour.

Dernière modification
14 février 2025

Une nécropole à crémation du Haut Empire (Ier – IIe s. ap. J.-C.)

Les opérations ont été divisées en deux zones distinctes, fouillées successivement. La fouille de la première zone a mis en évidence des vestiges d’une modeste nécropole à crémation. Datée du Haut Empire et très érodée par les travaux agricoles modernes, elle se compose d’une concentration d’une vingtaine de structures secondaires à crémation bordée par plusieurs structures comportant des rejets de combustion et des rejets épars de céramiques brisées. L’identification fonctionnelle de ces ensembles et des relations qu’ils entretiennent devront être réalisées lors de l’étude post-fouille.

L’analyse des vestiges collectés lors de l’opération permettra de compléter les informations sur les ensembles funéraires antiques de la vallée de la Meurthe. Une comparaison sera opportune avec les découvertes faites précédemment dans le Lunévillois, comme par exemple à Laronxe La pointe des Crâs (Forelle 2021) mais aussi plus généralement à l’échelle de la Cité des Leuques.

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Structure d'accompagnement de la nécropole avec rejet de céramique.

© Inrap

Un établissement laténien à vocation agro-pastorale (Ier – IIe s. av. J.-C.)

La fouille de la seconde zone, a mis au jour un habitat rural protohistorique, daté de la fin de La Tène (Ier –IIe s. av. J. –C.). Comme la nécropole, ce site a souffert d’une érosion forte, mais les vestiges recensés confirme qu’il s’agissait d’un habitat dont l’emprise était non enclose et dont la durée d’occupation semble assez courte. Celle-ci est caractérisée par un ensemble de 12 potentiels bâtiments sur poteaux en bois, organisés de manière cohérente autour d’une cour centrale quadrangulaire marquée par un fossé peu profond.

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Vue aérienne de l'un des bâtiments résidentiels.

© Inrap

En l’état de l’étude, une division de l’espace bipartite relativement stricte apparaît avec une partie résidentielle au nord et une partie agricole à l’ouest et au sud.

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Vue aérienne générale de l'habitat laténien.

© Inrap

La poursuite de la post-fouille, en particulier la réalisation des analyses radiocarbone, l’étude des prélèvements tamisés et l’analyse du mobilier mis au jour, permettra de préciser la datation de l’occupation et de comprendre plus finement la fonction de cet établissement. En effet, la présence d’une forge avait été initialement proposée à l’issue du diagnostic, mais aucune donnée n’a corroboré cette hypothèse malgré l’intervention de la cellule géophysique de l’Inrap. En parallèle, plusieurs foyers de type « four polynésien » ont été observés et sont encore en cours d’étude et de datation. Ils présentent un intérêt certain car ils pourraient correspondre à des phases d’occupation plus anciennes.

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Foyer de type four polynésien.

© Inrap

Au terme de l’étude, cet établissement rural constituera sans aucun doute un exemple singulier de l’anthropisation de la vallée de la Meurthe à l’époque gauloise, mais également un nouveau témoignage de la complexité des formes d’habitat à l’échelle de la région.

Aménageur : Granulats Vicat
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Grand-Est)
Recherche archéologique : Inrap
Responsables scientifiques : Thibault Le Cozanet, Mélanie Gadacz, Bérénice Bétend-Desgranges