L'Inrap a sondé une parcelle rue du Soleil levant, à proximité immédiate de la carrière Carpentier, classée au titre des Monuments Historiques depuis 1983, dans laquelle la découvertes de bifaces avait contribué au milieu du XIXe siècle à la preuve de « l'Homme antédiluvien » par Jacques Boucher de Perthes. Dans les sédiments apportés par la Somme, ont été mis au jour des restes de grands herbivores et quelques artéfacts qui témoignent de la présence humaine il y a plus d'un demi million d'années.

Dernière modification
25 février 2025

 

 

Abbeville et la vallée de la Somme, berceau de la Préhistoire

La vallée de la Somme est mondialement connue pour l'importance de la Préhistoire. Depuis le XIXe siècle, c'est ici qu'a été établie l'ancienneté de l'homme fossile, et qu'ont été définis l'Acheuléen (Saint-Acheul – Amiens) et l'Abbevillien (carrières d'Abbeville : carrière Carpentier, carrière Léon…). Les découvertes ont été très nombreuses dans les carrières exploitées à l'époque, tant dans les sédiments alluviaux que dans les sédiments de couverture (limons éoliens).

La ville d’Abbeville en particulier apparaît au tout premier rang avec les travaux de Boucher de Perthes qui ont posé les premières bases scientifiques de cette discipline. Les gisements de la carrière Carpentier, du Champ de Mars, de Moulin Quignon et de Menchecourt ont conféré à Abbeville l’appellation de « berceau de la Préhistoire ».  Le site de Moulin-Quignon a fait l’objet d’un programme de recherches au MNHN et d’une remise en lumière internationale suite à la découverte de silex taillés d’un âge de 670 000 ans. Chaque nouveau point d’observation possible est donc l’occasion de re-considérer les découvertes anciennes à la lumière des connaissances actuelles.

A proximité d’un site classé

La fouille de la parcelle rue du Soleil levant s’est terminée fin décembre 2024 et les résultats définitifs ne sont pas encore acquis. Toutefois, des corrélations peuvent être établies avec la coupe stratigraphiques du site tout proche de la carrière Carpentier, inscrite au titre des Monuments historiques. Au Paléolithique inférieur, la parcelle de situait sur les bords de la Somme qui se trouve aujourd'hui à 2 km. Les limons fluviatiles y sont présents et y ont été datés aux alentours de 600 000 ans. Au-dessus se trouvent des dépôts de sables et de graviers datés de 550 000 ans, qui contenaient des bifaces de type acheuléens. Cette séquence stratigraphique est similaire à celle observée rue du Soleil Levant et permet d’avoir une première idée de l’âge des découvertes réalisées lors de la fouille. De nouveaux prélèvements ont été effectués pour préciser l’âge des dépôts sédimentaires.

Les pièces d’un puzzle

Le territoire d’Abbeville et des communes avoisinantes est un lieu d’étude privilégié en ce qui concerne la Préhistoire très ancienne. Les niveaux sédimentaires explorés à la rue du Soleil Levant sont d’ailleurs les plus anciens jamais explorés en contexte d’archéologie préventives en France. Les découvertes qui y ont été réalisées sont à mettre en parallèle avec celles effectuées sur les sites voisins de la carrière Carpentier et de Moulin Quignon. Elles permettent de reconstituer, bribes par bribes, l’histoire des premiers peuplements humains du Nord de la France, et par extension, d’Europe septentrionale.

Abbeville 4

Prélèvement de sédiment.

© Nicolas Fremiot, Inrap

Aménagement : particulier
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Hauts-de-France)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Jean-Luc Locht, Inrap