Étude du bâti sur l'église Saint-Michel à Baltzenheim (Haut-Rhin)

Une église à l’histoire architecturale surprenante et complexe

L’église de Baltzenheim présente plusieurs éléments remarquables en façade (bas-reliefs romans, chaînages d’angle en pierre de taille…), mais n’a jamais été étudiée de manière exhaustive. L’enlèvement des enduits extérieurs a donc permis aux archéologues d’observer dans le détail les maçonneries de l’église et d’en appréhender l’évolution architecturale sur le long terme.

Vue d'ensemble de l'église au moment des travaux.

© B. Dottori, Inrap

La plus ancienne phase de construction peut ainsi être placée au XI^e siècle : de part et d’autre de la nef a en effet été observée une maçonnerie à l’appareillage caractéristique de cette période, réemployant notamment des terres cuites architecturales d’époque gallo-romaine.

Appareil en arête de poisson employant des terres cuites architecturales gallo-romaines (XI^e siècle).

© B. Dottori, Inrap

Il a également été constaté que le clocher-choeur a été ajouté au XII^e ou au début du XIII^e siècle, puis fortement remanié et exhaussé à la fin du Moyen Âge, avec l’ajout de chaînages d’angle en pierres à bosses et d’un toit en bâtière.

La nef a quant à elle fait l’objet de deux agrandissements successifs vers l’ouest : l’un à la fin du XVIII^e siècle, l’autre en 1845. A cette date, l’église change d’orientation, l’ancien clocher-chœur faisant désormais office de porche d’entrée, un nouveau chœur ayant été construit à l’ouest.

Baie romane ultérieurement bouchée.

© B. Dottori, Inrap

Résidu d'enduit avec badigeon blanc à la chaux dans l'embrasure de l'une des fenêtres romanes.

© B. Dottori, Inrap

Bas-relief représentant la nativité du Christ, en réemploi dans l'un des chaînages d'angle du clocher. Il s’agit de la plus ancienne représentation de la nativité connue à ce jour en Alsace (milieu du XII^e siècle).

© B. Dottori, Inrap

Une analyse fine des matériaux

L’étude de bâti a également pour objectif d’analyser les matériaux de construction. À Baltzenheim, le matériau dominant est la roche volcanique. En effet, ce village se trouve à faible distance de deux massifs volcaniques situés en rive droite du Rhin, le Kaiserstuhl et le Limberg. De nombreux échantillons de pierres employées dans la construction ont été prélevés. L’un des objectifs de l’étude sera ainsi de tenter de localiser, à l’aide de ces échantillons, les zones d’extraction de ces matériaux au sein de ces massifs.

Enduit avec joints tirés au fer sur les maçonneries romanes.

© B. Dottori, Inrap

Des prélèvements ont également été effectués sur les mortiers et les enduits peints des parties les plus anciennes de l’édifice. Analysés en laboratoire, il sera possible d’en connaître leur composition. Ces données permettront ainsi de retracer les modes d’approvisionnement d’un chantier des XI^e/XII^e siècles. 

La photogrammétrie, un outil au service de l’archéologie du bâti

L’ensemble des façades extérieures de l’église de Baltzenheim a fait l’objet d’un relevé photogrammétrique. Ce procédé consiste en la réalisation de milliers de photographies des maçonneries mises à nu, sous différents angles et en cheminant sur l’échafaudage. Ces prises de vue sont ensuite transférées et assemblées dans un logiciel dédié, permettant d’obtenir une seule grande photographie redressée et géoréférencée des façades et des maçonneries mises à nu, en haute résolution et sans l’échafaudage. Cette méthode offre ensuite un grand nombre de possibilités en phase étude et en termes de valorisation de l’édifice.