A Lectoure, Gers, la surface du diagnostic archéologique correspondant à l'emprise du projet d'aménagement est de 17 479 m². La surface concernée par la fouille archéologique est de 9 400 m².

Chronique de site
Dernière modification
10 mai 2016

Pour diverses raisons liées à la sécurité (réseau enterré dans l'emprise de fouille ; limite sud constitué par le ruisseau du Foissin), d'ordre techniques (une plateforme technique de 299 m² et le stockage sur place des terres du décapage) et la présence d'une zone vierge de tout vestige archéologique, la surface décapée est de l'ordre de 7 000 m².

Alors que Lactora semble naître dès le IIe siècle avant notre ère sur l'oppidum calcaire qui domine d'une centaine de mètres la vallée du Gers, une ville nouvelle est implantée en contrebas au début du Ier siècle de notre ère, dans la plaine du Pradoulin où elle semble atteindre 30 à 40 hectares.

Située à environ 1 km au nord de la ville antique, le long de la voie dite romaine de Saint-Bertrand-de-Comminges à Agen, la villa est installée au débouché du ruisseau du Foissin affluent du Gers, au pied du coteau.

La présence d'un site archéologique du Haut-Empire de type villa, au lieu-dit Estoube, était supposée depuis le début des années 1990, grâce à des prospections pédestres. Des traces d'occupations, trous de poteau et céramique, antérieures à la période antique, apparaissent sans plus de précision chronologique.

La villa fortement arasée, dont il ne reste plus que les fondations des murs, se développe au-delà de l'emprise du projet, vers le nord. Malgré une récupération systématique des matériaux de construction d'un certain nombre de murs, le plan est parfaitement lisible.
Elle forme un ensemble architectural cohérent autour d'un péristyle et d'une galerie qui se développe sur trois côtés donnant accès à une dizaine de pièces, dont une avec abside, et à un espace de type jardin. L'ensemble est daté de la première moitié du Ier siècle après notre ère. Une citerne d'une surface de 2,40 m², conservée sur une dizaine de centimètres de profondeur, récupère l'eau de pluie en bordure occidentale du bâtiment. Au milieu de la cour empierrée, une structure en creux, de forme quadrangulaire aux parois d'argile, pourrait correspondre un négatif de fontaine.
Une piscine quadrangulaire de 36 m² est conservé sur près de 0,90 m de profondeur. Elle possède un escalier dans l'angle sud-ouest, ainsi qu'une évacuation d'eau constituée par un tuyau en plomb traversant le mur sud et se déversant dans une canalisation maçonnée en briques et blocs de calcaire. Cette canalisation, longue d'une trentaine de mètres, recoupée par un fossé postérieur, se jette dans le Foissin. Les gravats de démolition issus de la piscine ont livré des fragments de colonnes, ainsi qu'une série d'éléments moulurés en calcaire local.
La villa est ceinturée dans sa partie méridionale par un fossé, ou plus vraisemblablement par une haie.
 
Le site a livré un abondant mobilier céramique, commune et sigillée, attribué à la première moitié du Ier siècle après notre ère ainsi que de la vaisselle en verre, des pesons de tisserand, des plaques de marbre blanc et coloré, des tesselles blanches et noires de mosaïque, du verre à vitre, de nombreux clous en fer, une lame de couteau, des éléments de canalisation en plomb, quelques monnaies, une clef en bronze. Tous ces éléments montrent une certaine richesse de cette courte occupation, avec sans doute un abandon rapide des lieux.
Un four à chaux dont la chambre de chauffe, de profil tronconique est creusé dans le substrat argileux, apparaît dans l'angle sud-ouest du site. Son comblement constitué de blocs calcaires calcinés surmonté par les débris de l'effondrement de la paroi a livré une monnaie du Bas-Empire.