Une équipe de l'Inrap mène un diagnostic au château de Domfront, dont subsistent aujourd'hui les ruines imposantes du donjon anglo-normand, de la chapelle priorale Saint-Symphorien et du rempart. Les tranchées réalisées ont délivré de nouvelles informations sur ce site stratégique, démoli en 1610 sur ordre de Sully et transformé au XIXe siècle en parc. 

Dernière modification
30 octobre 2024

 Prescrite par les services de l’État (Drac Normandie, service régional de l’archéologie), cette opération a pour objectif d’évaluer l’état archéologique du site, avant les travaux d’aménagement pour sa mise en valeur. Elle s’inscrit dans le cadre d’un ambitieux projet de valorisation patrimoniale, touristique et économique de la cité médiévale, porté par la Ville de Domfront-en-Poiraie et soutenu par la région Normandie.

Bâti sur un éperon de grès armoricain, dominant de 70 m la cluse de la rivière Varenne, le château de Domfront était un site de défense sur la frontière sud du duché de Normandie, contrôlant la route qui va de Caen vers le Maine et l'Anjou et l'axe reliant Alençon au Mont-Saint-Michel. Un premier château est construit en bois vers 1010-1020 par Guillaume Ier de Bellême, auquel succède au XIe siècle un château en pierre, construit par Henri Ier de Beauclerc, fils de Guillaume le Conquérant. Renforcé par une courtine au XIIIe siècle, le château est occupé deux fois par les Anglais pendant la Guerre de cent ans (1356-1366, 1418-1450) et est démantelé en 1610, deux ans après l'ordre donné par Sully, ministre de Henri IV. Au XIXe siècle, des travaux sont réalisés en vue d'y créer un parc. 

Objectifs et méthodologie du diagnostic archéologique

Le diagnostic archéologique vise à détecter dans le sol des vestiges de ce château fort construit au XIe siècle, dont il subsiste certaines élévations en ruine (donjon anglo-normand, chapelle priorale Saint-Symphorien du début du XIIe siècle et rempart). L’opération consiste à réaliser une vingtaine de sondages à l’aide d’une pelle mécanique, autour du prieuré Saint-Symphorien et du donjon pour y repérer d’éventuels vestiges permettant de mieux comprendre la genèse du château et son histoire. Ainsi, près du prieuré, un sol de terre noire a délivré des tessons de céramique qui semblent témoigner d'une occupation antérieure à l'édifice, construit vers 1100. Un tronçon de courtine a également été dégagé sur le site, ainsi qu'une plate-forme possiblement en lien avec l'emploi de l'artillerie pendant la Guerre de Cent ans, et différentes traces de petits bâtis antérieurs au XVe siècle.
Au pied du donjon, les archéologues ont atteint un pavement correspondant au niveau de sol du château avant son démantèlement en 1610. Enfin, des sondages dans la basse-cour ont mis en évidence un dépotoir du XIVe-XVe siècle, dans lequel les archéologues ont découvert de la céramique de grès de Ger (production locale, aussi appelé grès du Domfrontais), ainsi que des briques de four et de cheminée. À la limite de la basse-cour et de la courtine sud-ouest (qui est déjà connue), a été dégagé un enchevêtrement de murs détruits ou abandonnés au XVIIIe siècle et deux pièces dont une pourrait être en lien avec la Guerre de Cent ans.

Les archéologues s’efforceront de dater les différentes terrasses, d’établir la composition de la basse-cour et plus généralement de comprendre l’organisation topographique du site. Ils étudieront également les niveaux de sols où s’est effondré le donjon, lors du démantèlement du château ordonné par Sully en 1608, ainsi que les remaniements effectués au XIXe siècle, dans un contexte d’émergence des premières mesures de conservation/restauration des « Monuments historiques ». Ces données archéologiques viendront ainsi compléter les études archivistiques et éclairer d’une manière singulière les connaissances sur l’histoire du château.

Travaux de terrassement datant du XIXe siècle.

Travaux de terrassement datant du XIXe siècle.

© Hélène Dupont, Inrap

Aménagement : Ville de Domfront-en- Poiraie
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Normandie)
Recherche archéologique : Inrap
Directeur adjoint scientifique et technique : Cyril Marcigny, Inrap
Responsable scientifique : Hélène Dupont, Inrap