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Deux campements paléolithiques à Montlouis-sur-Loire (Indre-et-Loire)
À Montlouis-sur-Loire, les archéologues de l'Inrap mettent au jour deux campements de chasseurs-cueilleurs de la fin du Paléolithique récent. Les deux sites appartiennent à une même culture : le Laborien (entre 10550 et 8850 avant notre ère), période de transition entre la dernière glaciation et le début de l’ère tempérée actuelle, reconnaissable par des techniques et des styles de taille du silex.
À l’occasion de la construction de logements par la Société d’Équipement de la Touraine (SET), une équipe de l’Inrap réalise une fouille archéologique à Montlouis-sur-Loire sur prescription de l’État (Drac Centre-Val de Loire).
Les archéologues mettent au jour deux campements de chasseurs-cueilleurs de la fin du Paléolithique. Les deux sites ne sont pas contemporains mais appartiennent à une même culture du Paléolithique récent : le Laborien (entre 10550 et 8850 avant notre ère). Ces populations ont vécu au cours du dernier changement climatique majeur, une période de transition entre la dernière glaciation et le début de l’ère tempérée actuelle.
Niveau archéologique du Laborien en cours
de fouille.
© Fiona Kildea, Inrap
Relevé de coupe géologique par le géomorphologue de l’équipe.
© Fiona Kildea, Inrap
L’environnement du site il y a 12 000 ans
Le quartier des Hauts-de-Montlouis se trouve au sommet d’un relief en amont de la confluence des vallées de la Loire et du Cher, sur des sables alluviaux hérités de la haute terrasse de la Loire, âgée de 700 000 ans. Au cours des périodes glaciaires, la végétation y est clairsemée et les sols peuvent subir de fortes érosions. Dans le cas des sables de la haute terrasse de Montlouis, ils ont été soufflés, soulevés, redistribués et ont formé localement une dune. Les animaux qui peuplaient alors la région étaient des espèces dites « froides », telles le renne, le bison ou encore le mammouth. Le plus ancien campement est contemporain de la dernière oscillation froide du Pléistocène, le Dryas récent (10 760 à 9 540 ans avant le présent). Dès le début de l’ère tempérée actuelle, l’Holocène, un reboisement rapide se produit et les espèces forestières s’installent durablement, comme les cerfs, les chevreuils ou les sangliers. Les deux campements paléolithiques de Montlouis-sur-Loire viennent documenter cette période de grande mutation de l’environnement, la plus ancienne étant contemporaine de la dernière oscillation froide du Pléistocène (le Dryas récent) tandis que la seconde remonte aux premiers temps de l’ère tempérée actuelle, l’Holocène (le Préboréal). Ils se rapportent pourtant tous deux à une même culture du Paléolithique récent : le Laborien.
Carré fouillé.
© Fiona Kildea, Inrap
Galet chauffé et lame en silex tertiaire brisée sur place.
© Andy Kellogg, Inrap
Un premier campement du Laborien ancien
Le plus ancien campement du site de Montlouis-sur-Loire a été daté entre 10 294 à 10 047 avant J.-C. par la méthode du Carbone 14, soit contemporain de la culture du Laborien, qui succède à l’Azilien après le Magdalénien. Les distinctions entre les grandes cultures du Paléolithique se fondent sur la reconnaissance de traditions distinctes perçues à travers l’étude des techniques et des styles de taille du silex, matériau essentiel dans la vie quotidienne des groupes humains préhistoriques. Les tailleurs de silex du Laborien cherchent à produire des lames régulières assez robustes. Ils emploient un percuteur de pierre dite tendre, tel du grès. Ils réussissent à obtenir des lames très rectilignes au tranchant acéré. Ces lames sont ensuite transformées par une action dite de retouche qui permet de changer la forme de l’objet. Les pointes destinées à la chasse sont confectionnées sur les plus belles lames ; destinées à être insérées à l’extrémité d’un fût de projectile, elles ont une base rectiligne et un dos droit caractéristiques.
© Fiona Kildea, Inrap
Les vestiges de Montlouis-sur-Loire, tels que les lames taillées et les pointes façonnées pour la chasse, dites pointes de Malaurie, sont associés à une couche de sédiment à la fois cendreux et charbonneux qui témoigne de l’usage intensif du feu. La distribution spatiale des différentes catégories d’objets permet d’appréhender l’organisation du campement avec différentes aires d’activités : taille du silex, fabrication/réparation de l’armement de chasse, boucherie, traitement des peaux…
Un second campement du Laborien récent
Quelques centaines d’années plus tard, un second groupe appartenant à la même culture, et partageant les mêmes traditions techniques, s’est installé à une vingtaine de mètres du premier campement. Il n’y avait sans doute aucune mémoire des lieux mais l’attrait répété pour ce secteur des Hauts-de-Montlouis était vraisemblablement dû à la topographie du lieu, en position dominante par rapport aux vallées présentes alentour. Cette position permet d’observer le gibier, voire de repérer au loin d’autres groupes humains. L’armement de chasse est le seul élément changeant entre les phases ancienne et récente du Laborien : des lamelles sont produites pour la confection des pointes légères, les pointes des Blanchères. Ces nouvelles armatures témoignent vraisemblablement d’une optimisation des techniques de chasse : l’arc et la flèche succédant depuis peu à la sagaie et au propulseur.
Découverte de lames, d’un nucléus et d’un retouchoir en roche verte du Laborien récent.
© Fiona Kildea, Inrap
Nucléus et lames Laborien récent
© Fiona Kildea, Inrap
Nucleus et lame, Laborien récent.
© Fiona Kildea, Inrap
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Centre Val-de-Loire)
Recherches archéologiques : Inrap
Responsable de recherches archéologiques (RRA) : Fiona Kildea (Inrap)
Responsable de secteur, adjoint au RRA : Quentin Dardaillon (Inrap)