À l’occasion d’un diagnostic, une équipe d’archéologues de l’Inrap a mis au jour les aménagements paysagés du jardin de l’évêché du XVIIIe siècle, les structures d’un faubourg médiéval ainsi que des vestiges de la cité antique de Luteva.

Dernière modification
03 juillet 2023

Conduit sur prescription de l’État (Drac Occitanie) à la suite d’une auto-saisine de la ville de Lodève en vue d’un projet d’aménagement du parc municipal, le diagnostic débuté fin mai 2023 se poursuit jusqu’à la fin du mois de juin pour couvrir une superficie de 2,16 hectares. Cette opération de grande superficie pour un contexte urbain constitue donc une belle opportunité pour enrichir la connaissance du passé de Lodève.

Lodève 5

Vue des vestiges médiévaux et modernes dans l'une des tranchées du diagnostic.

© Jean-Baptiste Jamin, Inrap

 

Un jardin de l’époque moderne au pied de la mairie 

Les vestiges des jardins de l’évêché dont la création remonte au XVIIIe s. ont été perçus à plusieurs reprises dans les tranchées de diagnostic. Des allées empierrées bordées de fosses de plantation ont été retrouvées ainsi que l’un des bassins « en forme d’urne renversée » décrit comme tel sur un plan de 1736 conservé aux archives départementales de l’Hérault. Les alimentations en eau de différents ouvrages hydrauliques du parc ont également été retrouvées.

Lodève 7

Vue du bassin « à urne renversée » du jardin de l’Evêché, qui se pose sur la chaussée antique. On voit la naissance de sa margelle sud de forme arrondie.

© Virginie Archimbeau, Inrap

La découverte d’un faubourg médiéval

L’emprise de l’opération se situe juste à l’extérieur des remparts de la ville médiévale, à proximité de l’une des portes retrouvée en 2011 lors d’une fouille Inrap menée par Agnès Bergeret.

Lodève 6

Nettoyage de murs médiévaux établis sur la voie romaine.

© Jean-Baptiste Jamin, Inrap

Le diagnostic a également mis au jour les témoignages inédits d’un probable faubourg médiéval. Il s’agit d’un ensemble de fondations de murs d’habitations qui se développent sur plusieurs centaines de mètres carrés. Les traces d’activités domestiques (foyer, sols d’habitat) ont été perçues ponctuellement.

Lodève 3

Vue générale d’un groupe de constructions médiévales et d’une sole d’un probable four domestique.

© Pierre Rascalou, Inrap



Mais où est donc Luteva ?

Le diagnostic répond à la question posée en 2002 par Pierre Garmy et Laurent Schneider dans la Revue archéologique de Narbonnaise, où ils faisaient le bilan des faibles connaissances sur cette cité romaine qui acquiert le droit latin au Ier s. de notre ère. À 200 m de la présente opération, la fouille Inrap, menée en 2014 lors de la restructuration du musée Fleury, avait livré un carrefour de rues et les façades de bâtiments antiques, révélant les premières traces tangibles de l’urbanisation de la ville romaine. Le diagnostic étendu qui vient d’être réalisé a permis de retrouver, sur plus de 100 m de long, un axe de circulation important s’intégrant dans la même trame que les précédentes découvertes. À la voie de 8 m de large, s’accole un bâtiment correspondant à une probable domus. Elle a été repérée sur plus de 400 m2 et livre des sols aménagés (terrazzo, béton).

Aménagement : Ville de Lodève
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Occitanie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Cécile Jung, Inrap