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Des traces de l’enceinte de Charles V sous la Banque de France
Rue de Valois à Paris, les archéologues de l'Inrap mettent au jour des vestiges de l'enceinte de Charles V dans les sous-sols de la Banque de France.
Le sous-sol de Paris renferme les vestiges de sept enceintes qui se sont succédé du IIIe siècle jusqu’en 1840, et notamment, rue de Valois à l’emplacement de la Banque de France où des travaux d’aménagement sont programmés.
Vestiges de sept enceintes successives à Paris.
Inrap
L’État (Drac Île-de-France) y a préalablement prescrit des recherches archéologiques. La fouille actuelle est réalisée par les archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) pour mettre au jour les vestiges de l’enceinte dite de Charles V, édifiée au XIVe siècle et maintes fois remaniée. Son objectif est de préciser le tracé de l’enceinte et de mieux connaître sa morphologie et son évolution. Elle complétera ainsi les données issues des fouilles du Carrousel du Louvre et de la place du Père-Teilhard-de-Chardin, dans le quartier de l’Arsenal.
Le tracé de l’enceinte de Charles V représenté sur l’actuel plan de Paris.
Inrap
Se protéger pendant la guerre de Cent Ans
En 1356, Jean II le Bon, roi de France, est capturé lors de la bataille de Poitiers, alors qu’il tente d’intercepter l’armée anglaise. À Paris, il est décidé dans l’urgence de construire une nouvelle enceinte. En 1358, celle-ci se compose d’une levée de terre constituée des déblais issus du creusement d’un fossé. Après son couronnement en 1365, Charles V fait ériger sur la levée de terre un mur crénelé surmonté de guérites et ordonne au prévôt de Paris de creuser des fossés et des arrière-fossés. Les travaux se poursuivent jusqu’en 1420, sous le règne de Charles VI. Les aménagements successifs de l’enceinte de Charles V ont effacé les vestiges du XIVe siècle. Toutefois, les recherches archéologiques préalables à la fouille actuelle ont mis au jour le chemin extérieur à la ville, qui longeait le fossé au XIVe siècle.
L’enceinte de Charles V
Paris conserve dans son sous-sol les vestiges de sept enceintes successives. Ces 30 dernières années, la quasi-totalité de celles-ci ont fait l’objet de fouilles préventives en amont d’aménagements dans la capitale. Celle de Charles V a notamment été étudiée lors des fouilles des Jardins du Carrousel entre 1989 et 1990. Puis, les archéologues de la Ville de Paris ont fouillé, fin 2015, un autre tronçon de l’enceinte, place du Père-Teilhard-de-Chardin, face à la bibliothèque de l’Arsenal.
Un système de défense adapté
Au milieu du XVe siècle, l’invention du boulet métallique permet de tirer droit sur les murs pour y créer des brèches, et non plus en parabole. Il faut donc abaisser murailles et tours et les renforcer par des terrassements. La muraille, fortification verticale, cède la place au rempart, système de défense horizontal.
Quand l’enceinte devient rempart. Restitution axonométrique de l’enceinte de Charles V vers 1530.
Inrap, d’après P. Dangles (LC, 2011).
Au XVIe siècle, l'enceinte de Charles V devient un ouvrage imposant de 90 m de large. Au pied de la levée de terre qui porte le mur d’enceinte, entre les murs d’escarpe et de contrescarpe, se trouve un fossé de 28 m de large. L’emprise de la fouille se situe à l’emplacement du fossé et du mur de contrescarpe.
L’enceinte bastionnée : une nouveauté
Si ce nouveau mode de fortification apparaît en Europe au XVIe siècle, sa mise en oeuvre à Paris prend plus d’un siècle. Une extension dotée d’un nouveau fossé (les Fossés Jaunes) enclôt le faubourg Saint-Honoré et le palais des Tuileries. Les travaux, commencés en 1556, s’achèvent entre 1631 et 1641. La section de l’enceinte de Charles V concernée par la fouille, devenue inutile, est englobée dans la ville.
Après l’enceinte
En 1624, Richelieu fait construire son hôtel qui deviendra le Palais Royal. Entre 1631 et 1633, l’enceinte de Charles V est démolie et le jardin agrandi. Les fossés sont rebouchés avec les déblais issus du nivellement de la levée de terre. L’aile du bâtiment où se déroule la fouille actuelle devient en 1638 la propriété de Louis Le Barbier. Ce financier proche du roi est considéré comme l’un des premiers promoteurs immobiliers de l’époque. En 1781-1784, les jardins sont amputés par le duc de Chartres, futur Philippe Égalité (fils de Louis-Philippe d’Orléans, duc d’Orléans, dit « le Gros »), pour bâtir les trois ailes de pavillons qui entourent l’actuel jardin.
Fouilles de la rue de Valois (2020)
Denis Gliksman, Inrap
Rue de Valois, fouilles de la Banque de France, stratigraphie.
Denis Gliksman, Inrap
Une exposition sur les murs de la Banque de France
À l'angle de la rue des Petits-Champs et de la rue Radziwill, dans le Ier arrondissement, partez sur les traces de l'enceinte de Charles V, en six panneaux d'exposition conçus par l'Inrap.
Vue de l'exposition, rue des Petits-Champs, aux Journées européennes du Patrimoine
Nicolas Frémiot, Inrap
Devant un panneau, rue des Petits-Champs, aux Journées européennes du Patrimoine
Nicolas Frémiot, Inrap
Visite du chantier de fouilles aux Journées européennes du Patrimoine
Nicolas Frémiot, Inrap
Visite du chantier de fouilles aux Journées européennes du Patrimoine
Nicolas Frémiot, Inrap
Les sept enceintes de Paris en Story maps
Pour aller plus loin, découvez les récits interactifs du Pôle archéologique de la ville de Paris.
Contrôle scientifique : Dorothée Chaoui-Derieux (Service régional de l'archéologie)
Responsable scientifique : Xavier Peixoto (Inrap)
Recherche archéologique : Inrap