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Des tombes gauloises aux portes de Nîmes (Gard)
À l'ouest du centre-ville de Nîmes, l'Inrap vient de mettre au jour des vestiges de l’âge du Fer à l’Antiquité ; sépultures, champs et voirie.
Sur prescription de la DRAC Occitanie, une fouille préventive menée par l’Inrap s’est déroulée de mai à août 2020, à l’ouest du centre-ville actuel de la ville de Nîmes, préalablement à la construction d’un immeuble d’habitation.
Vue générale du chantier en cours de décapage.
Jacqueline Couriere, Inrap
Décapage en cours.
Inrap
Vue générale du chantier de la nécropole gauloise à Nîmes
Jacqueline Couriere, Inrap
Des tombes gauloises
La découverte principale de cette opération est un ensemble funéraire en bon état de conservation dont l’emprise s’étend au-delà des limites de la fouille. Daté entre les VIe et Ve siècles avant notre ère, cet ensemble comprend trois sépultures à incinération, deux vases ossuaires en céramique grise monochrome et un dépôt de résidus en fosse. Le mobilier métallique associé, couteaux et fibules, indique qu’il s’agit pour deux d’entre elles de personnages appartenant à la sphère masculine.
Mise au jour des enclos funéraires.
Antoine Ratsimba, Inrap
Démarrage de la fouille des enclos funéraires.
Antoine Ratsimba, Inrap
Sépulture gauloise ; ossuaire sous son couvercle en calcaire.
Florent Mazière, Inrap
Dépôt d'ossements brûlés et d'une fibule en alliage cuivreux retrouvé au fond d'un ossuaire.
Claire Molliex, Inrap
Pierres de calage de poteaux au fond d'une portion d'enclos funéraire.
Florent Mazière, Inrap
Angles d'enclos funéraires adjacents.
Antoine Ratsimba, Inrap
Chaque sépulture est implantée au sein d’un espace rectangulaire bien délimité par des fossés. Ces derniers correspondent à des tranchées qui ont servi de fondation à des murs ou des murets en terre massive et en bois. Sur cinq enclos, deux sont complets, accolés les uns aux autres par leurs petits côtés.
Vue générale des enclos funéraires situés au nord de l'emprise (avec fondations sur pieux de l'ancienne poste).
Antoine Ratsimba, Inrap
L’ensemble funéraire se développe ainsi sur un axe nord-sud de 40 mètre de long. Cette organisation particulière laisse supposer l’existence d’un chemin contemporain longeant la nécropole. Ce petit complexe se situe à 600 mètres au sud de l’agglomération protohistorique, d’où des questions concernant son statut : ces tombes sont-elles à mettre en relation avec les habitants de la ville ou bien avec ceux de sa proche campagne ?
Enfin, un fossé est-ouest, perçu sur 37 mètres de long, pourrait correspondre à la fois à un système de division parcellaire et à celui de l’ensemble funéraire.
Les enclos en cours de fouille.
Antoine Ratsimba, Inrap
Des champs de fruitiers de la période républicaine
Suite à l’occupation funéraire, une cinquantaine de fosses de plantation de vigne disposées régulièrement et selon la même orientation que le fossé est-ouest précédemment évoqué, atteste la mise en culture de ce secteur. Cette parcelle de vigne daterait de la fin du second âge du Fer, sans doute peu de temps avant la conquête de la Narbonnaise, au début du second siècle avant notre ère. Puis, cette vigne est remplacée par un verger.
Fondations sur pieux de l'ancienne poste avec traces (obliques) de plantations de vignes de la période républicaine.
Antoine Ratsimba, Inrap
Une voie antique
Une voie du début du Haut-Empire se superpose aux enclos funéraires de l’âge du Fer. Elle témoigne de la pérennisation de l’axe de circulation protohistorique. Cette portion de voirie se situe hors les murs, à une centaine de mètres des remparts de la ville antique et de l’une de ses portes, dite « Porte sud du Cadereau », traversée par la Via Domitia. Parallèle à cette dernière, la voie mise au jour serait en quelque sorte un axe latéral à la voie Domitienne.
Des vestiges des époques médiévale et moderne
Quelques indices indiquent une fréquentation des lieux au Moyen Âge sans que l’on puisse pour autant la définir précisément. Leur situation, à 800 mètres du Nîmes médiéval, suggère fortement une exploitation agricole périurbaine.
Sépulture de protestant.
Julie Grimaud, Inrap
Il faut associer à l’époque moderne trois sépultures à inhumation dont la localisation, hors d’un cimetière consacré, amène à penser qu’il pourrait s’agir de tombes de protestants.
Enfin, un grand bâtiment, nommé sur les cartes et plans cadastraux du XIXe siècle « égorgeoirs », a été destiné à l’abattage d’animaux pour la boucherie.
Les égorgeoirs de Nîmes ; cadastre napoléonien 1825
FRAD030_3PFI_195_112
Opération : Fouille rue Henri Revoil, Nîmes
Prescription : DRAC Occitanie
Recherche archéologique : Inrap
Responsable d’opération : Antoine Ratsimba
Rédacteurs : Antoine Ratsimba, Florent Mazière