Les travaux d'archéologie préventive liés à l'aménagement du futur centre de congrès viennent de mettre au jour une découverte étonnante, liée à l'histoire de la ville d'Issoudun (Indre). Treize sépultures dites « de catastrophe » ont été dégagées dans l'ancien cimetière des Cordeliers ; trois d'entre elles ont déjà été fouillées et contiennent les restes d'une soixantaine d'individus, adultes et enfants, inhumés avec soin, tête bêche.

Dernière modification
04 août 2016
Cet événement tragique n'est pas lié à quelque massacre ou fait de guerre : les squelettes ne portent aucune lésion traumatique et les enfants sont nombreux. La catastrophe ne peut être antérieure à 1649, puisqu'une monnaie frappée à cette date a été retrouvée dans le comblement d'une des fosses.
Deux hypothèses ont été envisagées quant à la nature des décès : celle d'une épidémie, ou celle du grand incendie d'Issoudun survenu en 1651 et qui entraîna, d'après les textes, la mort de plus de 60 personnes. La présence d'environ 150 individus dans les fosses du cimetière des Cordeliers laisse supposer que nous n'avons pas affaire à ce dernier événement. La mise au jour d'hommes, de femmes et d'enfants dans des tranches d'âge normalement à faible taux de mortalité serait d'après les anthropologues la signature de la peste.
Cette découverte exceptionnelle est l'occasion de réaliser une étude qui permettra d'entrevoir l'état sanitaire d'une population urbaine du XVIIe siècle et de connaître les mécanismes de sélection de l'épidémie (âge, sexe, milieu social, liens de parenté...). Parallèlement, des études paléopathologique et de paléobiochimie moléculaire seront réalisées, tandis que des recherches d'archives tenteront de retrouver cet événement au travers des sources écrites.
Si l'épidémie se confirmait, les pestiférés du cimetière des Cordeliers d'Issoudun seraient, après ceux de Montpellier en 1348, Lambesc en 1590, Marseille en 1720-22, une occasion exceptionnelle de mieux appréhender les pratiques funéraires de la société française moderne face à ce fléau.
La fouille est réalisée par une équipe d'archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), sur prescription de l'État (service régional de l'Archéologie/direction régionale des Affaires culturelles du Centre), à l'occasion de travaux entrepris par la Communauté des communes du pays d'Issoudun.
Archéologue responsable d'opération : Philippe Blanchard (Inrap, direction interrégionale Centre- Ile-de-France)
Contrôle scientifique : (DRAC, service régional de l'Archéologie du Centre)
Aménageur : Communauté des communes du pays d'Issoudun
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