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Des bâtiments liés à une forge médiévale mis au jour à Foix (Ariège)
Depuis le 10 février 2025, les archéologues de l’Inrap réalisent une fouille préventive dans le centre-ville de Foix qui permettra de mieux comprendre l’histoire du quartier de la Faurie. Les premiers vestiges mis au jour documentent la trame urbaine aux époques médiévale et moderne et attestent d’une activité artisanale de forge dans ce secteur.
Faisant suite à un diagnostic réalisé par l’Inrap en décembre 2023, cette fouille a été prescrite par le Service régional de l’archéologie (Drac Occitanie) en amont de la construction d’une résidence autonomie pour personnes âgées par l’agglomération Pays Foix-Varilhes. La parcelle du 5 rue du collège, d’une superficie totale de 875 m², sera fouillée en deux phases.
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Une fouille archéologique est en cours dans le centre-ville de Foix, au pied du château.
© Jean-Baptiste Jamin, Inrap
Le parcellaire des époques médiévale et moderne se dévoile
Identifiés dès la fin du décapage entre 1 et 1,30 mètre de profondeur, les vestiges sont constitués d’une quinzaine de maçonneries assez bien conservées. Ces murs semblent matérialiser le parcellaire urbain de cet îlot, organisé selon un axe est-ouest. En effet, la parcelle est divisée sur cette orientation par deux murs, tandis que d’autres maçonneries d’axe nord-sud semblent être aménagées sur ces premiers murs dans un second temps. Si la chronologie de ces structures n’est pas totalement arrêtée – elle sera complétée et étayée par les prochaines découvertes – on peut ainsi noter une succession de différentes phases, de la période médiévale au sens large jusqu'à la période moderne.
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Vue aérienne de la fouille Inrap en cours à Foix.
© Vincent Arrighi, Inrap
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Des maçonneries médiévales et modernes ont été mises au jour dans le quartier de la Faurie à Foix.
© Jean-Baptiste Jamin, Inrap
Des bâtiments liés à une activité de forge
Le développement urbain de la ville de Foix s’étant opéré progressivement durant le Moyen Âge et notamment entre les XIIe et XIVe siècles, l’une des problématiques de la fouille est de savoir si les bâtiments mis au jour, situés au cœur de la ville actuelle, relèvent de l’habitat ou d’une zone d’activité artisanale.
L’identification des fonctions des bâtiments que composent les maçonneries s’affine au fur et à mesure du chantier, à l’image d’une maçonnerie circulaire, initialement assimilée à un puits avant qu’elle soit identifiée comme une latrine, dont le comblement a livré du mobilier du XXe siècle, et notamment des jouets d’enfants que l’on peut rattacher à l’ancienne école.
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Maçonnerie circulaire identifiée comme une latrine moderne.
© Maxime Troy, Inrap
Toutefois, plusieurs indices permettent de renforcer les hypothèses. Ainsi, dès la première semaine de fouille, des niveaux de scories et d’autres rejets de forge ont été retrouvés sur divers secteurs de l'emprise. Par ailleurs, de nombreuses zones présentent des niveaux rubéfiés (traces de chauffes) et d’autres des niveaux d'argile (10 à 15 cm d'épaisseurs). Si les relations entre les niveaux de scories, de sols, de remblais et des maçonneries sont encore à étudier, ces éléments laisseraient penser qu’il y aurait des zones d’artisanat lié au travail du fer en plus de potentielles zones d’habitat.
Les premiers résultats de la fouille semblent donc attester la présence d’un des ateliers de forge dans le quartier de la Faurie (terme renvoyant à l’occitan faurià, qui signifie la forge), ateliers qui faisaient la réputation de Foix au Moyen Âge. Ils s’inscrivent dans la continuité de la découverte d’un grand creuset rempli de minerai non fondu, de charbon de bois et de scories de fer faite lors du réaménagement des places de Lazema, Parmentier et de la rue de Lafaurie dans les années 1960.
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Les différents niveaux de sols, de remblais, de scories doivent désormais être rattachés aux maçonneries pour comprendre les phases d’utilisation des espaces.
© Maxime Troy, Inrap
Un travail de recherches qui se poursuit
Les éléments présentés résultent des deux premières semaines de fouilles, qui vont se prolonger jusqu’au 17 pour la première tranche, avant une interruption de deux semaines pour libérer le second secteur qui sera fouillé du 4 avril au 7 mai.
Afin de préciser les données concernant les scories métalliques trouvées jusqu’à présent, un spécialiste de paléométallurgie va compléter l’équipe des 6 archéologues affectés sur ce chantier. Au même titre que celles des autres spécialistes qui seront associés aux études (géomorphologue, carpologue, céramologue, etc.), son expertise permettra de mieux comprendre la façon dont fonctionnait ce site aux différentes époques.
Une présentation au public lors d’une journée portes-ouvertes le 1er mars
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Conformément à sa mission de valorisation de la discipline archéologique, et afin de partager les découvertes récentes avec un public le plus large, l’Inrap organise, en accord avec l’Agglo Foix-Varilhes, une journée portes-ouvertes le samedi 1er mars.
De 10h à 12h30 et de 14h à 17h, les visiteurs pourront découvrir le fonctionnement de l’archéologie préventive au travers d’une exposition et d’un atelier « archéomaquette », avant de découvrir les vestiges en cours d’étude avec un des archéologues travaillant sur cette fouille.
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Occitanie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Maxime Troy, Inrap