Depuis mars 2013, une équipe d'archéologues de l'Inrap explore, sur prescription de l'État (Drac Provence-Alpes-Côte-d'Azur), 1,8 hectare situé dans la ZAC des Vigneaux à Cuges-les-Pins (Bouches-du-Rhône).

Dernière modification
10 mai 2016

Cette fouille s'inscrit dans le cadre d'un projet d'aménagement confié à la SAEMPA par la communauté d'agglomération du Pays d'Aubagne et de l'Étoile. Outre un habitat néolithique, les chercheurs exhument actuellement une sépulture paléolithique.

Une rare sépulture du Paléolithique final

Seules 200 sépultures de cette période ont été exhumées en Europe, de l'Atlantique à l'Oural. Celle actuellement en cours de fouille à Cuges-les-Pins est attribuée à la fin du Paléolithique, c'est-à-dire entre environ 11 000 et 12 000 ans avant notre ère.
Elle constitue déjà une découverte d'exception. Ce squelette n'est que partiellement dégagé et beaucoup de questions demeurent. Toutefois, des silex taillés et un foyer témoignent d'un campement de plein air probablement contemporain de la sépulture. De tels campements de plaine sont fort rares car plus difficilement décelables que les habitats sous abri ou en grotte.

Une rare sépulture du Paléolithique final

La culture épigravettienne

Les outils en silex présents dans le comblement de la tombe sont caractéristiques de l'Épigravettien (ou Tardigravettien), un faciès culturel présent en Europe méditerranéenne, centrale et orientale à la fin du Paléolithique supérieur. Une datation Carbone 14, actuellement en cours, précisera la chronologie de cette sépulture, la première de cette culture en France.

Dans la continuité du Gravettien (27 000 à 20 000 ans avant notre ère), les outillages de l'Épigravettien (20 000 à 10 000 ans avant notre ère) comportent des pointes de silex particulières : des armatures (éléments destinés à être emmanchés sur des projectiles utilisés pour la chasse) réalisées à partir de petites lamelles rectilignes et transformées par retouche abrupte formant un dos opposé au tranchant. Les pointes mises au jour à Cuges-les-Pins correspondraient à l'Épigravettien final (environ 12 000 à 11 000 ans avant notre ère).
Les pratiques funéraires de l'Épigravettien récent ou final sont bien documentées dans la péninsule italienne, de la Vénétie à la Sicile. Huit sites y ont livré des inhumations correspondant à près d'une quarantaine d'individus. Toutes ces sépultures se trouvent toutefois dans des grottes ou des abris sous-roche, celle de Cuges-les-Pins est à ce jour la seule connue dans un contexte de plein air.

Dans les sépultures italiennes, les défunts sont généralement ensevelis allongés sur le dos et accompagnés de parures, d'outils, de vestiges de faune et d'ocre. Il n'est pas possible à ce stade de préciser si celui de Cuges-les-Pins est associé à un mobilier funéraire, ni de déterminer ses caractéristiques anthropologiques (âge, sexe, pathologie ou blessures éventuelles...). Les sédiments situés au-dessus du corps ont cependant livré trois petites perles, coquilles perforées d'un gastéropode méditerranéen : Cyclope neritea. Plus de mille perles de ce type ont été mises au jour dans la sépulture double épigravettienne de la Grotte des Enfants, de Balzi Rossi, à Vintimille (Ligurie)...

Un vaste site néolithique Quelques repères chronologiques

Une occupation postérieure à la sépulture, du Néolithique, est aussi présente sur ce site. Céramiques, silex, outils en os, meules, éléments de parure, etc. permettent de la dater du début du Néolithique moyen (4500 - 4000 ans avant notre ère). De nombreuses fosses initialement destinées au stockage des céréales y ont servi de poubelle après leur abandon. D'autres creusements sont des trous de poteaux liés à des édifices, maisons ou greniers).
Un vaste enclos circulaire d'un diamètre d'environ 40 m et doté d'une palissade est aussi présent. Il s'agit d'une structure unique dans le contexte Néolithique moyen de la région. Il aurait pu servir à protéger le cheptel.
Enfin, des tombes, disséminées au sein de l'habitat, ont été fouillées.
Aménagement - promotion : SAEMPA 
Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l'Archéologie (Drac Provence-Alpes-Côte-d'Azur) 
Recherche archéologique : Inrap 
Responsable d'opération : Anne Hasler, Inrap
Responsable de la fouille paléolithique : Vincent Mourre, Inrap, UMR 5608 
Partenaires scientifiques : PACEA, UMR 5199 Université de Bordeaux 1 / CNRS / MCC (Bordeaux)
ADES, UMR 7268 Aix-Marseille Université / CNRS / EFS (Marseille)
Contact(s) :

Vincent Charpentier
chef du service partenariats et relations médias
Inrap, direction du développement culturel et de la communication
01 40 08 80 16 - vincent.charpentier [at] inrap.fr

Cécile Martinez
chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Méditerranée
06 87 01 62 86 - cecile.martinez [at] inrap.fr