À Soyaux, Charente, dix tranchées continues et parallèles, réalisées par E. Galtié (Inrap) en septembre 2006 lors d'un diagnostic sur l'emprise du projet, ont permis de mettre en évidence 4 enclos circulaires ainsi qu'un niveau d'occupation antérieur.

Dernière modification
13 juin 2016

Le décapage initial, effectué lors de la fouille à l'aide de deux pelles et de deux camions ou tracteurs sur les deux hectares concernés par l'emprise du projet, a révélé 22 enclos ainsi que des niveaux tourbeux et/ou sur berge de l'ancien ruisseau, datés du Néolithique, mais également quelques signes d'aménagement de la berge à des périodes plus récentes (gallo-romain).

L'occupation Néolithique de la zone basse

Le site est implanté en contrebas du plateau de Recoux, qui a été occupé au cours du Néolithique et au début de l'âge du Bronze (éperon barré du Camp de Recoux). Un rempart en pierres venait fermer le plateau vers le sud. Le site a été détruit au XIXe siècle par l'implantation de carrières et d'usines. Toutefois, quelques vestiges mobiliers ont été recueillis dès le XIXe siècle.

Par ailleurs, nous nous trouvons ici sur l'ancienne berge du ruisseau de la Font Noire qui, jusqu'à la période gallo-romaine était probablement beaucoup plus conséquent et marquait davantage le paysage qu'à l'heure actuelle. Le débit intense de ce ruisseau et de ses affluents a favorisé le développement d'importants niveaux de tourbe, d'où son nom. Les niveaux néolithiques y sont conservés et devraient permettre de comprendre l'organisation de la vie autour d'une berge à l'époque néolithique, même si les travaux dans cette zone ont été limités.

Les enclos protohistoriques

Les 22 enclos protohistoriques mis au jour au pied du Camp de Recoux sont répartis en deux groupes principaux et ne présentent pas, ou très peu, de recoupement entre eux. L'étude des mobiliers n'est pas commencée et il est trop tôt pour établir leur datation et pour préciser la contemporanéité ou le hiatus existant entre ces groupes. Toutefois, les premiers éléments céramiques sembleraient attester un hiatus chronologique : le groupe d'enclos situé dans le bas de la parcelle, à proximité de l'ancien ruisseau de la Font Noire, pourrait être plus ancien (Bronze final-début du premier âge du Fer) que celui situé sur le haut de la parcelle (fin du premier âge du Fer ?). Notons enfin qu'un seul enclos est isolé et n'appartient ni au premier ni au second groupe mentionnés ci-dessus.

Aucune inhumation ou incinération n'a été mise en évidence dans ces 22 enclos et rien ne permet d'assurer leur vocation funéraire. Par ailleurs, nous observons que si la moitié d'entre eux présente un profil, un remplissage et des dimensions classiques, plusieurs enclos présentent un remplissage beaucoup plus intéressant, avec des rangées médianes de pierres. Toutefois, à la fouille, aucun trou de poteau n'a pu être clairement identifié dans le fossé. Deux enclos appartenant au groupe situé sur le haut de la parcelle ont livré, dans cette rangée médiane de pierres, des fragments de stèles en calcaire. Le mobilier consiste essentiellement en tessons de vases en céramique, éparpillés dans le comblement des fossés, mais quelques vases archéologiquement complets ont pu être recueillis, écrasés contre la rangée médiane de pierres. Il faut signaler également la présence d'un lingot en fer retrouvé dans le comblement d'un des enclos de la zone haute. 

L'étude du site fournira sans nul doute des résultats qui viendront enrichir de façon conséquente la connaissance des rites funéraires et des pratiques qui leur sont associés pour la Protohistoire du Centre-Ouest de la France. D'un point de vue local, la fouille de Soyaux et les études du mobilier recueilli permettront de mieux cerner l'histoire de l'Angoumois. Il conviendra de mettre en parallèle les nécropoles mises au jour ces dernières années autour d'Angoulême, notamment sur ces mêmes travaux routiers, avec les vestiges protohistoriques recueillis sur le plateau d'Angoulême.

Les trois inhumés

Trois petites fosses circulaires, alignées sur un axe nord-sud, ont été mises au jour en dehors des zones à enclos, à peu de distance de l'ancienne berge de la Font Noire. Dans chacune de ces fosses, dont la partie supérieure a été arasée, une inhumation a été pratiquée. Les premiers relevés semblent indiquer que les inhumés ont été déposés en position accroupie, tête tournée vers l'est. Aucun mobilier n'accompagnait ces inhumations et ne permet de proposer une datation

L'aménagement de berge gallo-romain

Un fossé et un petit muret viennent border l'emprise du projet dans la zone basse. Le mobilier recueilli atteste une datation à la période gallo-romaine, dans les premiers siècles de notre ère ; notons en particulier la découverte d'une borne milliaire ou d'un fragment de fût de colonne. Par ailleurs, quelques structures en creux (trous de poteau) pourraient aussi dater de cette époque. Enfin, dans une petite fosse, d'environ 0,50 x 1 m, était déposé un âne.