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Aux portes de Condate : une carrière de schiste antique (Rennes, Ile-et-Vilaine)
À Rennes, une équipe de l'Inrap a mis au jour une carrière d'extraction de schiste d'époque gallo-romaine, en lien avec la fondation de Condate, la ville antique.
Une équipe de l’Inrap mène une fouille au 61-65 rue d’Antrain à Rennes, en amont d’un projet d’aménagement porté par Bouygues Immobilier. Prescrite par les services de l’État (Drac Bretagne), l’opération couvre une surface de 3 250 m2. Elle a livré des vestiges datant de l’Antiquité gallo-romaine à l’Époque moderne. En particulier, les archéologues ont mis au jour, pour la première fois à Rennes, une carrière d’extraction de matériaux d’époque gallo-romaine, à la périphérie de Condate, la ville antique, en lien avec les premiers travaux urbains au Ier siècle.
Vue aérienne du chantier de fouille.
© Myphotoagency / Thibault Beguet
L’opportunité d’étudier le fonctionnement d’une carrière antique
Localisée à quelques dizaines de mètres seulement de la limite nord de Condate, la carrière de la rue d’Antrain consiste en une vaste excavation de plus de 2 mètres de profondeur, aménagée en paliers. S’inscrivant vraisemblablement au sein d’une zone plus vaste s’étendant sous l’actuel groupe scolaire de l’Adoration et dévolue à l’extraction de matériaux, elle constitue l’une des rares carrières gallo-romaines fouillées dans l’Ouest de la France et la première sur le territoire rennais.
Vue des carrières de schiste en paliers.
© Sandrine Lalain, Inrap
Vue des carrières de schiste en paliers.
© Emmanuelle Collado, Inrap
Fouille du front de taille de la carrière.
© Nicolas Ménez, Inrap
Fouille du front de taille de la carrière.
© Nicolas Ménez, Inrap
Fouille du fond de la carrière et des traces d’outils laissées par les carriers antiques.
© Nicolas Ménez, Inrap
Traces d’outils laissées par les carriers antiques au fond de la carrière.
© Nicolas Ménez, Inrap
Exploitée aux Ier et IIe siècles de notre ère, elle servait à extraire des petites plaquettes de schiste briovérien destinées à la construction des soubassements de nombreux murs et rues de Condate. La fouille d’un tel ensemble permet aux archéologues d’appréhender les gestes des carriers (outils utilisés, méthodes d’extraction), l’organisation et la gestion de la carrière (stratégies d’extraction, évolution du front de taille, aménagement en paliers successifs), et de manière plus générale, d’enrichir les connaissances relatives à l’économie de la pierre au sein de la ville de Condate.
Dégagement d’un puits.
© Sandrine Lalain, Inrap
Fouille et dégagement manuel d’un four de potier du Ier siècle.
© Emmanuelle Collado, Inrap
Dépotoir d'un atelier de potiers avec les ratés de cuisson, en cours de dégagement.
© Sandrine Lalain, Inrap
Grand vase atypique d’époque gallo-romaine en céramique, présentant des coulures de poix.
© Emmanuelle Collado, Inrap
Fragment d'une statuette de Vénus déesse-mère, d'époque gallo-romaine.
© Emmanuelle Collado, Inrap
Petite statuette de Vénus anadyomène, d’époque gallo-romaine.
© Emmanuelle Collado, Inrap
Un dépotoir puis une zone d’activités
Au cours du IIe siècle, la carrière est abandonnée. Elle sert alors de dépotoir aux habitants du quartier qui viennent y rejeter de nombreux objets de la vie quotidienne. Ainsi, des dizaines de kilos de fragments de vaisselle en céramique, plusieurs statuettes de divinités en terre cuite, des monnaies et des éléments de parure (fibules) ont été sortis de terre au cours de la fouille.
Lot de petits objets : jeton, monnaies, fermoir métallique et au premier plan petit fragment de verre
antique.
© Emmanuelle Collado, Inrap
L’ancienne carrière semble totalement comblée à la fin de la période médiévale (XIVe-XVe siècles). Le site est alors ré-occupé et des activités artisanales et/ou domestiques s’y développent, comme en atteste la découverte, le long d’un axe de circulation sommaire, des restes de bâtiments en bois (sous forme de trous de poteau), de fours et de puits particulièrement bien conservés.
Une canalisation du XVIIe siècle dite de la Duchesse Anne a aussi été mise en évidence sur le site ; elle participait à l’approvisionnement en eau de la ville de Rennes à l’Époque moderne. Si l’abandon du site n’est pas encore bien daté, on sait qu’au XVIIe siècle, l’espace est occupé par les jardins de l’ancien Hôtel des Demoiselles, une maison d’éducation de jeunes filles qui deviendra par la suite le couvent puis le pensionnat de l’Adoration.
Tronçon d’une canalisation moderne du XVIIe siècle, dite de la Duchesse Anne, qui approvisionnait la ville
en eau.
© Emmanuelle Collado, Inrap
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bretagne)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Nicolas Ménez, Inrap