Le château de Villers-Cotterêts comprend le logis royal, une cour des offices au sud, encadrée par des bâtiments, et des cuisines plus à l'est. Il a fait l'objet de suivis de travaux dans le logis et d'une étude de bâti sur l'ensemble des bâtiments sur une surface de 1,8 ha. Les problématiques principales concernent les aménagements liés au château construit par François Ier au XVIe siècle, les restructurations des XVIIe et XVIIIe siècles, et l'occupation du site durant le Moyen Âge.

Dernière modification
20 décembre 2022

Dans le cadre de l’archéologie sur le bâti en élévation, les archéologues identifient les phases de construction et de transformation du château. Les observations portent sur l’évolution aussi bien des décors, baies et arcs que celle des méthodes et techniques de construction utilisées selon les époques. Ainsi, les traces laissées par les modifications de son architecture permettent de restituer l’évolution du château du Moyen Âge au XIXe siècle.

L’observation des murs a permis la découverte inattendue de pans de murs entiers du château médiéval intégrés à la structure du château de François Ier. Alors que l’aile sud du château est entièrement construite à la Renaissance, une grande partie des façades internes de la cour du jeu de Paume, de l’aile nord et les tours circulaires sont les murs des ailes médiévales conservées avec quelques arcs surplombant les anciennes ouvertures.

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Arcs médiévaux conservés en façade nord de l’aile nord du logis.

© J. Leclerc, Inrap

L’observation des murs de refends internes permet d’estimer la hauteur maximale des tours du château médiéval au niveau des corniches du 2e étage actuel, soit environ 13 m, avec des bâtiments d’au moins 8 m de haut.

Le chantier du logis Renaissance débute en 1530 par la création de l’aile sud et la reconstruction partielle des murs médiévaux en conservant presque en totalité le plan des ailes nord, est et ouest. L’étude sur le bâti apporte également une compréhension sur les problématiques liées à la construction d’un château royal.

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Façade sud du Logis royal.

© J. Leclerc, Inrap

La chapelle royale du château située au premier étage de l’aile sud est un espace remarquable par son riche décor sculpté. L’étude des murs révèle les traces d’une première chapelle visiblement plus modeste qui a subi des travaux de monumentalisation dans un deuxième temps avec l’insertion d’un retable sculpté et d’une grande frise héraldique.

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La chapelle royale et le retable du château de Villers-Cotterêts.

© J. Leclerc, Inrap

La structure du plancher conserve une grande partie de son intégrité d’origine du XVIe siècle avec là encore une phase de modification au niveau du retable qui n’est pas encore datée. Les éléments de sol vus dans le remblai de nivellement du parquet du XIXe siècle indiquent que le revêtement de sol de la chapelle était probablement fait de carreaux de pavements en terre cuite non glaçurés.

L’étude de la charpente appuyée par les datations dendrochronologiques du CEDRE (Christophe Perrault, Besançon 2022) donnent des indications précises sur la structure originelle datée de 1534 qui a subi une grande modification en 1539. Ces deux phases très rapprochées font écho avec les travaux de monumentalisation de la chapelle qui seraient intervenues seulement 5 ans après la fin de la construction du logis.

Les bâtiments des offices sont construits à la suite du logis et conservent une grande partie de la structure d’origine du XVIe siècle, notamment la plupart des portes qui distribuaient les pièces depuis la galerie couverte qui bordait la cour des Offices. Le pavillon de l’Auditoire ajouté au sud-ouest sous Henri II comprend des geôles dans un excellent état de conservation. L’étude de l’intérieur de ces bâtiments de service sera l’occasion de comprendre leur rôle complémentaire dans l’organisation de l’ensemble du château mais surtout les logiques de distribution et d’attribution des espaces du XVIe au XVIIIe siècle.

Aménagement : Centre des Monuments Nationaux
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Hauts-de-France)
Suvi scientifique : Richard Rougier, DAST Inrap, Alexandre Audebert, SRA
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Thierry Galmiche (Serv. dép. Aisne, printemps et été 2020), puis Bénédicte Guillot (Inrap)