Depuis le 23 mars 2018, une fouille archéologique est menée à Châlons-en Champagne, quai des Gadz Arts, par une équipe de l’Inrap, sur le site de l’ancien Institut universitaire de formation des maîtres. 

Dernière modification
03 septembre 2018

Prescrite par l’Etat, cette fouille est réalisée en amont du réaménagement du site et de la construction d’une résidence pour seniors portée par les Sociétés Nacarat et Aegide / Domitys.
Cette opération archéologique en contexte urbain, sur une emprise d’environ 3500 m², permet d’étudier l’évolution du site au fil des époques.  Les archéologues mettent actuellement au jour des vestiges s’échelonnant du XIVe siècle à la période moderne (XVIIIe – XIXe siècles), notamment des constructions liées à l’ancienne église de l’abbaye de Toussaints.
 

L’abbaye de Toussaints et ses jardins

La première abbaye de Toussaints, construite hors des murs de la ville au XIIe siècle, est détruite pendant la guerre de la Ligue, au début du XVIe siècle. Elle est reconstruite à partir de 1545 sur le site fouillé aujourd’hui par les archéologues de l’Inrap. Son plan est partiellement reconnu durant la fouille : plusieurs murs et piliers, notamment ceux de la façade ouest, ont été identifiés grâce à leurs fondations, profondes de plus de 2 mètres. Un puit appareillé, potentiellement lié aux travaux de construction, a également été découvert à l’emplacement de l’ancien parvis. Les archéologues ont uniquement retrouvé les niveaux de sol liés aux travaux de l’église. Sur le pourtour de la façade ouest, une dizaine de sépultures ont été mises au jour, liées au dernier état de fonctionnement de l’édifice religieux. Il est possible que l’abbaye ait subi des reconstructions diverses pendant son histoire, comme l’attestent d’autres fondations de murs découvertes par les archéologues.

Quelques documents d’archives mentionnent l’abbaye, elle était donc connue avant les fouilles. L’un d’entre eux évoque la présence de jardins qui lui étaient associés. Les murs de clôture en blocs de craie de l’abbaye ont ainsi été découverts, enserrant d’une part son chevet et d’autre part ses jardins. Ces deux parties de l’abbaye étaient séparées par l’ancienne rue Cossuin, mentionnée dès 1480 mais aujourd’hui disparue, dont le tracé a été retrouvé.

L’évolution d’un quartier au Bas Moyen-Âge (XIVe – XVe siècles)

L’objectif principal de la fouille est de découvrir l’histoire du site avant l’implantation de cette abbaye construite à partir de 1545. Une archive témoigne de la nécessité d’acquérir plusieurs maisons et jardins pour pouvoir bâtir de nouveaux bâtiments conventuels. Cela a probablement été le cas sur ce site car la présence de vestiges antérieurs à l’abbaye et attribuables au Bas Moyen Âge (XIVe-XVe siècles) est attestée. L’élément structurant le plus important est une rue, large de 7 mètres au minimum, située dans le prolongement de la rue de Toussaint. Elle a fait l’objet de nombreuses réfections, ce qui témoigne vraisemblablement d’un usage sur une longue durée. Le long de cet axe, la présence de fondations et de niveaux de sols suggèrent la présence de plusieurs habitations qui étaient associées à cette voirie. Les archéologues ont également découvert de la céramique, des ossements d’animaux, des puits ou puisards, des canalisations et des fosses des XIVe et XVe siècles. De nombreux murs en craie jalonnant la parcelle sont susceptibles d’appartenir également à cette période. Ils constitueraient des limites de parcelle.

Plusieurs céramiques et monnaies attribuables à la période gallo-romaine ont également été perçus par les archéologues. A l’issue de la fouille, les chercheurs seront en mesure de déterminer si ce secteur a bel et bien été fréquenté durant l’antiquité.

Aménagement : Nacarat, Aegide, Domitys
​Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie, Drac Grand Est
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Arnaud Rémy, Inrap