Effectuée sur prescription de l'Etat (Drac Champagne-Ardenne), cette étude porte sur une emprise de 6 000 m2. Cette fouille offre l'opportunité, rare, d'étudier un pont bien conservé et les activités en lien avec la Marne à Saint-Dizier.
Sur les traces de l'ancien hôpital
Le site de l'ancien hôpital de Saint-Dizier, qui fait actuellement l'objet d'une reconversion urbanistique, a été implanté sur le couvent de l'Assomption, fondé au XIXe, il a été détruit par un incendie au début du XXe siècle. La fouille en cours se situe dans une partie de l'emprise du couvent, plus précisément dans son ancien jardin funéraire. Des vestiges du bassin de cet ancien jardin ont été mis au jour par les archéologues ainsi qu'un système de canalisations qui permettait de gérer l'eau, son imprégnation dans les sols et la proximité avec la Marne. Composé de plusieurs drains, en bois ou en pierres, ce système, dont la datation reste à préciser (XVIe -XVIIIe siècle ?), a fonctionné jusqu'au XXe siècle. Cet aménagement est en partie constitué de pierres, d'architecture gothique, réemployées. Son étanchéité était assurée par un procédé simple, efficace et local, la couverture des drains avec de l'argile, permettant ainsi à l'eau de ruisseler et de la concentrer dans certaines zones.
Un pont antique ou médiéval
Les archéologues découvrent actuellement un pont, dont l'architecture se révèle de manière progressive. Cinq à six traverses constituées chacune d'environ cinq pieux sont en cours de dégagement. Ces pieux devaient mesurer en moyenne huit mètres, dont quatre mètres sont encore conservés. Ils sont ancrés profondément afin d'être stables dans ce sol sableux. Le dégagement d'une partie de ce pont permet aux chercheurs d'identifier un axe de franchissement de la Marne. Il s'agit des premières données sur le réseau de circulation fluviale à Saint-Dizier, à l'époque antique ou au Moyen Âge. Lors de la phase de diagnostic archéologique, la datation, par dendrochronologie, a été réalisée sur un premier pieu. Ce bois a été daté de l'an 147 de notre ère. La datation d'autres pieux qui forment l'ossature du pont et de la berge va être précisée durant la phase d'étude, de manière à connaitre la période de construction du pont, éventuellement identifier des phases de consolidation et obtenir une fourchette chronologique de son utilisation.
Aménagement de berges et activités fluviales
En aval du pont, quelques mètres à l'ouest, l'aménagement d'une berge d'une quinzaine de mètres de long est en cours d'observation par les archéologues. Composé de pieux et de traverses, il servait probablement à amarrer et décharger de petites embarcations. Une probable plateforme, d'une dizaine de mètres carrés, a également été identifiée à l'entrée du pont et à proximité immédiate de la berge. La fouille permettant l'accès à cet ancien lit de la Marne, une étude sédimentaire va pouvoir être effectuée par un géomorphologue. L'environnement de la Marne et sa végétation à cette période vont également pouvoir être précisés en partie grâce à la fouille des poches d'eau qui ont piégé, dans l'ancien lit de la rivière, non seulement quelques objets comme un pichet ou un fond d'assiette mais également des branchages. Ces poches d'eau, conséquentes au courant et aux particularités de ce terrain argileux, ont également révélé de probables nasses. Ces paniers couramment utilisés pour la pêche, qui ont pu être emportés par le courant, sont étudiés en place du fait de leur grande fragilité. Si leur état et les conditions le permettent, un prélèvement de ces nasses pourra être effectué par un spécialiste.
La fouille de ce pont constitue l'opportunité d'étudier un type d'aménagement très rarement étudié jusqu'à présent, que ce soit pour la période antique ou médiévale. Cette opération archéologique est également l'occasion d'acquérir des informations sur la gestion de la Marne et les axes de circulation à Saint-Dizier durant la période antique ou médiévale.
Aménageur : Plurial Novilia
Contrôle scientifique : Drac Champagne-Ardenne
Recherches archéologiques : Inrap
Responsable scientifique : Nicolas Tisserand, Inrap