A Saint-Pierre-du-Perray, Essonne, suite au diagnostic de mai-juin 2000, réalisé par A. Prié (Afan), préalable aux aménagements délimitant la ZAC du Carré Sénart, plusieurs zones ont été retenues en vue de fouilles.

Dernière modification
19 février 2016

Pour la zone B, une partie de l'emprise a dû être réservée à la circulation des engins et au stockage des terres afin de ne pas perturber les terres cultivées à l'ouest et l'important site archéologique du Champtier à Caille à l'est. La gestion des eaux de surface a demandé la réalisation de plusieurs puisards et de canaux d'évacuation.

Le Champtier à Caille, Allée des Tilleuls, zone B : des vestiges protohistoriques et antiques

À l'emplacement du tronçon retenu pour la fouille (200 x 25 m), les trois tranchées de sondage avaient permis de repérer la présence de fossés associés à de la céramique gallo-romaine, de fosses et de probables trous de poteau. La présence d'un site important dans l'angle sud-ouest du Carré Sénart à une cinquantaine de mètres plus à l'est de l'emprise, zone circulaire de « terre noire » d'environ 250 m de diamètre bien visible dans les labours sous certaines conditions météorologiques, laissait supposer l'existence d'une occupation dense (Le Champtier à Caille, Le Trou de Corbeil). De récents sondages et fouilles ont révélé d'importantes occupations néolithiques, protohistoriques, gallo-romaines et médiévales.
La pelle mécanique a permis de retirer la couche de terre végétale (résultats des labours intensifs sur une profondeur d'environ 40 cm) ainsi qu'une partie des sols sous-jacents (environ 10 à 15 cm de semelle de labour et résidus de sol brun lessivé) afin d'atteindre le sommet de la couche de limons loessiques et d'obtenir ainsi un niveau satisfaisant de lecture des creusements en plan. Plusieurs sondages profonds ont également été réalisés dans les fossés gallo-romains. Ils ont permis d'observer le profil pédologique (« des sols ») du site, classique du Plateau briard : sol brun atlantique labouré sur limons argileux quaternaires (environ 1 m d'épaisseur) sur meulière/cailloutis et argiles tertiaires, avec effets de bariolages et concentrations réductiques plus ou moins denses sur environ 1 m de profondeur.



Sur les 3 580 m2 dégagés, 85 vestiges potentiellement archéologiques ont été repérés et enregistrées : 29 trous de poteau probables ou attestés, 1 fosse « dépotoir », 8 fosses, 14 tronçons de fossés, 1 petite mare, 6 chablis et 26 creusements indéterminés (non sondés). Environ les deux tiers (51) ont été fouillés partiellement ou sondés à la pelle mécanique afin de recueillir du mobilier et d'obtenir les plans et coupes correspondants. Le tiers restant n'a pas pu être appréhendé pour des raisons d'intempéries et de temps imparti à l'opération. Les drains et fosses de plantation récents ont été enregistrés étant donné leur effet perturbateur sur les vestiges archéologiques.
En 2001, cette fouille avait permis de préciser quelques phases d'occupation de ce secteur : fosse « dépotoir » du Hallstatt final-La Tène ancienne (env. 600-400 avant J.-C.), réseau de fossés et un bâtiment sur poteaux gaulois à gallo-romain précoce (env. 200-1 avant J.-C.), ainsi que des fossés gallo-romains (env. 1-300 après J.-C.). La superficie réduite et l'étroitesse du décapage ne permettent pas de resituer exactement les indices mis au jour dans le cadre des diverses occupations synchrones attestées à proximité.
 
La présence d'un réseau de fossés gaulois précédant l'implantation gallo-romaine est attestée. Il ne semble pas y avoir de permanence stricte entre ces réseaux, mais plutôt une ou plusieurs réorganisations de l'espace agricole après la Conquête. En ce qui concerne la zone B, l'imprécision chronologique du phasage ne permet pas d'établir une comparaison entre un possible réseau parcellaire protohistorique et les occupations du Haut-Empire. La découverte du bâtiment à pans coupés sur poteaux évoque l'existence d'un habitat gaulois ou gallo-romain précoce conditionnant et/ou s'insérant au sein de cette organisation.