Le projet de construction d’une maison individuelle au 5 chemin de La Planho, à Vieille-Toulouse, a offert aux archéologues l’opportunité de fouiller ce terrain. 

Dernière modification
25 août 2017

Leurs recherches ont révélé des vestiges d’intérêt majeur pour l’étude de l’agglomération protohistorique de Vieille-Toulouse.

Premières occupations

L’occupation du site débute avant le milieu du IIe siècle avant notre ère, mais seuls des vestiges fortement arasés en attestent. Vers 125 avant notre ère, la zone fait l'objet d’un aménagement de grande ampleur marqué par un réseau de fossés orthonormés délimitant des espaces habités, malheureusement très mal conservés. L’espace laissé libre entre les fossés et les constructions semble avoir été utilisé comme sol de circulation. Les parcelles ainsi définies mesurent 35 m du nord au sud pour au moins 30 m d’est en ouest. Les axes de ce parcellaire se maintiendront jusqu’à la fin de l’occupation de ce secteur.

Îlots d’habitations et artisanat

Deuxième phase d’occupation du site, à partir des années 100 avant notre ère.

Deuxième phase d’occupation du site, à partir des années 100 avant notre ère.



Vue de la voie est-ouest formée d’un assemblage de fragments d’amphores ajustés.


Les traces linéaires correspondent à l’empreinte laissée par le passage des charrois


5 chemin de La Planho, Vieille-Toulouse (Haute-Garonne), 2007. 

© Ph. Gardes, Inrap.

Une restructuration partielle du site intervient dans les années 100 avant notre ère. Elle est caractérisée par la mise en place d’un urbanisme régulier articulé autour de voies carrossables et d’une succession d’îlots allongés dans lesquels s'alignent des bâtiments. Les chaussées mesurent 5 m de large et possèdent un revêtement constitué de petits tessons d’amphore et de rares galets. La circulation de charrois est attestée par des ornières bien marquées. Pour leur part, les bâtiments sont construits à partir d'une ossature de poteaux associée à des murs en torchis ou en terre compactée. Les espaces extérieurs sont occupés par différents aménagements, notamment des puits et des fosses-dépotoirs. Une partie du secteur fouillé semble dédié à la production artisanale. 

Ainsi, des structures probablement liées au travail du bronze ont été mises en évidence, comme un fourneau semi-enterré. De plus, de nombreuses scories, des rebuts de production, des éléments de creuset et des moules pour anneaux ont été découverts. Les vestiges mis en évidence se situent à cheval sur deux îlots. Ceux-ci semblent associer des habitations et de petits ateliers de production. Il est intéressant de noter que ce secteur est contigu à la parcelle abritant le sanctuaire de La Planho fouillé par Michel Vidal en 1970.
 

Une domus de style italique

Des changements importants affectent la zone vers 40/30 avant notre ère. Ainsi, le réseau de voies subit-il une réforme de portée limitée, mais, surtout, les constructions traditionnelles cèdent le pas à une domus (résidence urbaine de style italique) de plan presque carré (25 x 22 m), caractérisée par deux espaces nettement séparés. Au nord, se développe une série de pièces en enfilade, flanquées d’une galerie dont les caractéristiques suggèrent la présence d’un étage. Cette galerie donne, à travers un large porche, sur une cour ouverte côté sud. Un bassin d’agrément rectangulaire occupe le centre de l’espace. 
Plan restitué de la domus

Plan restitué de la domus, vers 40/30 avant notre ère.



5 chemin de La Planho, Vieille-Toulouse (Haute-Garonne), 2007.
© Infographie de S. Doze

Des techniques de construction similaires à celles de cette demeure sont attestées par des découvertes plus anciennes faites dans l’ensemble de la zone de La Planho. Elles témoignent de la diffusion précoce des modèles architecturaux italiques. On doit enfin signaler que les parcelles fouillées jouxtent, à l’est, un espace découvert (cour ou place ?) et une importante citerne publique, suggérant probablement la proximité du centre civique de l’agglomération.