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66-70, Rue Du Landy
A L'Île-Saint-Denis, Seine-Saint-Denis, la parcelle est située au nord-est de la Plaine Saint-Denis et environ 1 000 m2 ont été décapés.
Au cours d'un diagnostic archéologique (P. Giraud, S. Louit/Unité d'archéologie de Saint-Denis, cf. DFS 2003), une fosse néolithique (dimensions : 6,5 x 5 m ; profondeur : 0,6 m) a été mise au jour sous un niveau daté du XIXe s. et partiellement fouillé. D'après son orientation (est-ouest) et sa configuration, il pourrait s'agir d'une fosse latérale de maison danubienne. Le mobilier céramique recueilli (plus de 4 kg prélevés au cours de ce décapage) identifié par R. Cottiaux/Inrap, est caractéristique de la culture de Villeneuve-Saint-Germain récente (présence de cordons) et comprend des bols et des vases de stockage, ainsi que quelques bracelets de terre cuite et une cuiller. L'assemblage lithique en silex du Secondaire présente, outre plusieurs grattoirs, un tranchet et une armature, de nombreuses pièces de débitage. Trois bracelets en schiste et une vingtaine de fragments d'outils en grès ont également été recueillis.
Nous avons alors repris et poursuivi la fouille de cette fosse et décapé tout autour afin de vérifier la présence ou l'absence d'éventuels vestiges contemporains et notamment d'indices de maison néolithique. Seuls cinq trous de poteau, qui délimitent une structure manifestement plus tardive, recoupent partiellement la fosse. Son comblement est constitué de limon roux mêlé à de nombreux fragments de torchis rubéfié et brûlé. Le mobilier céramique et lithique nous a paru moins abondant que dans la partie préalablement fouillée. Toutefois, tapissant le fond de la fosse, cinq meules complètes en grès (dimensions moyennes : 61 x 29 x 17 cm, pour la plus grande et entre 48 et 42 cm de longueur pour les autres) dont la surface utilisée était contre terre, étaient disposées en cercle. Au centre, deux molettes (dimensions : 22 x 15 x 3 cm), deux broyons en calcaire et un percuteur en silex (dimensions : 11 x 8 x 6 cm) complétaient le dépôt. Il convient de signaler que si les dépôts d'outils de mouture et de broyage sont connus pour le Néolithique, ils sont généralement moins riches, se limitant à deux ou trois meules et se rattachent à des phases postérieures du Néolithique (à partir du Néolithique moyen).
De plus, dans ces fosses dépotoirs, on trouve fréquemment ce type d'artefacts sous forme de fragments. On peut alors poser l'hypothèse selon laquelle il s'agirait d'un dépôt intentionnel qui permettrait de protéger et de réutiliser éventuellement ces outils quand les populations étaient de retour dans ce lieu. Des prélèvements seront prochainement effectués en vue de l'étude des phytolithes.
De même, l'approche techno-typologique et tracéologique sera réalisée par une étudiante doctorante, C. Hamon/Paris-I.
Enfin, étant donné le contexte urbanisé et industrialisé de l'agglomération de Saint-Denis, les vestiges néolithiques sont rarement attestés, hormis la présence de tessons erratiques, la découverte d'une sépulture remontant au Néolithique moyen, non loin de la basilique (D. Coxall, comm. pers.) et celle d'un fond de structure datée du Néolithique ancien, à la ZAC Nozal-Chaudron (cf. DFS de L. Lecomte/Inrap 2003). C'est pourquoi, la mise au jour d'une structure, même isolée, rattachée à cette période revêt un intérêt significatif.