Les archéologues de l’Inrap ont mené une fouille archéologique préventive  à Lamballe-Armor qui a permis d’identifier, sur près de deux hectares, une succession d’occupations allant du Néolithique au Moyen Âge. 

Dernière modification
07 avril 2022

Depuis 2006, une série d’opérations archéologiques avaient révélé la richesse patrimoniale des sous-sols lamballais. Les fouilles réalisées sur le plateau de la Tourelle avaient mis en évidence une occupation du secteur depuis le Néolithique. Une enceinte monumentale construite à la fin de l’âge du Bronze marque le paysage jusqu’au haut Moyen Âge, structurant à la fois les axes de circulation et l’aménagement de l’espace.
Réalisée de novembre à décembre 2021 sur prescription de l'État dans le cadre de l’aménagement d’un lotissement par le groupe Lamotte, la fouille de la rue de Penthièvre est venue enrichir notre connaissance de ce secteur, mettant notamment en exergue différents chemins et un monument à vocation cultuelle ou symbolique. Les études lithiques, céramiques et paléoenvironnementales permettront d’affiner les datations et la caractérisation précise de ces occupations. La confrontation entre les données de terrain et des analyses en laboratoire enrichiront ainsi notre compréhension de l’organisation de tout un territoire. 

Enchevêtrement de fosses et trous de poteaux multipériode, en cours de fouille.

Enchevêtrement de fosses et trous de poteaux multipériode, en cours de fouille.

© A.Mahé, D.Gache, Inrap

Un secteur fréquenté depuis la fin de la Préhistoire

Les archéologues ont mis au jour des poteries et quelques outils en silex, dont des lames et une hache polie. Découverts dans des fosses, ces objets témoignent d’une présence humaine depuis le Néolithique (de -5800 à -2500 ans avant J.-C.). Le diagnostic archéologique réalisé en 2020 avait aussi livré deux gobelets décorés datant de la période campaniforme, à la fin du IIIe millénaire avant J.-C. La fouille a permis d’identifier les restes de petites tranchées de fondation. Essaimées de trous de poteau, ces tranchées indiquent la présence ancienne de parois de constructions. Ces vestiges pourraient être rattachés à cette période. Des datations par carbone 14 seront réalisées sur des échantillons de bois ou de graines carbonisés, afin d’affiner la chronologie du site.

Un enclos de l’âge du Bronze, imposant et inédit

Les scientifiques ont également découvert un enclos ovale, délimité par un imposant fossé de 4,5 m de large et de 2,5 m de profondeur. Il circonscrit un espace interne étonnamment restreint de 8,5 m sur 18,5 m. Le doublement de ce fossé par un talus lui confère un caractère ostentatoire. Ce type de plan associé à de telles dimensions ne trouve pas de comparaison. En l’absence de vestiges funéraires associés, son interprétation reste à ce stade difficile à définir : cette structure étonnante est-elle un monument cultuel ou symbolique, ou constitue-t-elle simplement un élément marqueur du paysage ? Les fragments de vases retrouvés dans le fossé pourraient le rattacher à l’âge du Bronze ancien (-2300 à -1600). Des datations complémentaires et des analyses micromorphologiques permettront de préciser sa période et son mode d’édification.


 

Un lieu de passage très fréquenté, de l’époque gauloise au Moyen Âge

Deux grands axes de circulation traversent l’emprise de la fouille. Ils correspondent probablement aux chemins déjà identifiés lors des fouilles réalisées sur le plateau de La Tourelle, à quelques centaines de mètres au sud-est. Le plus ancien fut emprunté pendant une grande partie de l’époque gauloise (du VIe siècle au Ier siècle avant J.-C.).  Plusieurs fossés bordiers encadrent successivement un chemin creux de 5 m de large. Ce dernier a été remblayé avec des fragments de clayonnage brûlé et du bois carbonisé, ce qui indique la présence d’un bâtiment incendié à proximité. Ce cheminement s’oriente vers le bas de la pente, au niveau du franchissement actuel du ruisseau de la Guévière. Un ancien gué s’y trouvait peut-être déjà à l’époque gauloise.

La seconde voie mise au jour, de même orientation que la précédente, date de l’époque médiévale. Large de 10 mètres, elle se compose de deux chemins creux accolés présentant une succession de niveaux de circulation. Les couches de cailloutis ont conservé l’empreinte des ornières des chariots.

D’après les premières observations réalisées sur la céramique, il est possible que ce tronçon ait été emprunté dès la fin de l’Antiquité. Grâce aux fouilles déjà réalisées, on sait qu’il s’agit probablement de la Voie de la Tourelle, qui traverse les plateaux de Noyal et de la Tourelle, avant de contourner le Mont-Boët par le nord. Ce chemin, mentionné dans une charte de 1084 sous le nom « via redonensem » (voie rennaise) aurait desservi le premier Lamballe situé au sud-est du Mont-Boët.

Aménagement : Lamotte / Aménageur – Lotisseur
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (DRAC Bretagne)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Mélanie Levan, Inrap
Directeur adjoint scientifique et technique : Michel-Alain Baillieu