A Reims, Marne, en 1972, lors de travaux de rénovation de l'établissement scolaire, différentes structures urbaines d'importance ont été mises au jour au cours d'une fouille de sauvetage : l'extrémité occidentale de l'arc antique de la porte Bazée, le mur d'enceinte du Bas-Empire, ainsi que l'escarpe du fossé creusé à l'avant du mur.

Dernière modification
10 mai 2016

Une partie des vestiges d'un habitat résidentiel du Haut-Empire et une rue perpendiculaire au cardo ont été mises au jour sous la levée de terre du rempart.
Par la suite, plusieurs campagnes annuelles de fouille programmée se sont déroulées sur le site sous la direction de Robert Neiss, entre 1973 et 1982. Les vestiges subsistant de l'arc antique ont été classés au titre des Monuments historiques en 1981. 

 

La rue

Une rue perpendiculaire au cardo a été reconnue immédiatement au sud-ouest du piédroit (pilier soutenant une voussure) occidental de l'arc, dans un sondage de 2,50 m de longueur sur 1,20 m de largeur. Cette voie est-ouest, qui appartenait au carroyage augustéen, a été recouverte par l'arc monumental.

L'habitat du Haut-Empire

Les vestiges d'une habitation luxueuse du Haut-Empire étaient conservés sous la levée de terre du rempart du IVe siècle. Ils étaient recoupés, en oblique, par les fondations du mur d'enceinte.
Seuls les derniers niveaux d'occupation ont été fouillés. Ils correspondent à la seconde partie du IIIe siècle et précèdent la démolition (qu'on a du mal à situer plus précisément que dans une fourchette allant de 280 à 320). Il est vraisemblable que les démolitions soient directement liées à la construction de l'enceinte.

L'arc monumental

Dans certaines vies de saints du IXe siècle et dans l'Histoire de l'Église de Reims, que le chroniqueur Flodoard écrivit au Xe siècle, l'arc antique dit « de la porte Bazée » apparaît sous les noms de Porta Collaticia et de Porta Basilicaris. Elevé à 400 m au sud du forum, en position symétrique par rapport à la porte de Mars, qui se dresse au nord, le monument enjambait le cardo, connu plus tard sous le nom de Via Caesarea (actuelle rue du Barbâtre), qui se dirigeait vers le sud. Initialement, l'arc était constitué de trois arcades, mais deux d'entre elles ont été démolies à une date indéterminée. L'arcade occidentale restante n'a été détruite qu'en 1752, lors d'importants aménagements urbains destinés à doter la ville de fontaines publiques.
Après la démolition, son emplacement a été marqué par deux bas-reliefs commémoratifs, disposés de part et d'autre de la rue. Il ne reste aujourd'hui que les vestiges du massif occidental qui étaient engagés dans les bâtiments de ce qui fut auparavant le lycée Université.

La transformation de l'arc

Au IVe siècle, l'arc antique est intégré dans l'enceinte tardive, lors de son édification, pour servir de porte de ville. Mais sa transformation d'alors n'a laissé que des traces difficiles à interpréter.
Un mur, de facture assez médiocre mais épais, semble avoir eu pour fonction de barrer le passage sous l'arcade centrale, à son entrée méridionale. Il pourrait appartenir à un aménagement qui a affecté le monument à une date qu'il n'a pas été possible préciser. Le passage central de l'arc aurait ainsi été condamné pour réduire la circulation à la seule arcade occidentale selon un tracé en baïonnette, dont le parcours un peu sinueux de la rue actuelle marque encore le souvenir. Un souci d'efficacité défensive, sans doute relativement tardif, pourrait être à l'origine de cet aménagement.
En effet, une deuxième structure, plus importante, a été mise en évidence sur le flanc sud du monument, juste à côté du passage central. Il pourrait s'agir de la fondation d'une tour flanquant le passage principal de la porte et soulignant son importance monumentale.

L'enceinte de l'Antiquité tardive

Au cours des travaux de 1972, le rempart est apparu dans le prolongement de la porte Bazée. Près de 6 m de hauteur de mur étaient conservés sous les maçonneries et les enduits d'époque moderne, dans la partie la plus proche de l'arc. En longueur, l'ouvrage s'étendait encore sur une trentaine de mètres vers l'ouest, mais, à cette extrémité, seules deux ou trois assises du soubassement étaient encore en place.
Le mur d'enceinte était bordé, du côté intérieur, d'une levée de terre faite d'un épais remblai recouvrant les constructions antérieures.
À l'avant du mur d'enceinte, des sondages ponctuels ont permis de déceler la présence d'un fossé complétant le dispositif. Creusé à une dizaine de mètres de la muraille, il descendait à plus de 7 m de profondeur. Sa largeur n'a pu être définie.