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17 à 27 rue Sarrail
A Reims, Marne, la fouille préventive a mis au jour un ensemble comprenant deux rues et les habitations qui les bordaient, occupées du Ier siècle avant notre ère à la fin du IVe siècle.
Quelques structures médiévales et modernes ont également été découvertes. Le secteur concerné est assez central puisqu'il se trouve à l'intérieur du périmètre enclos par le rempart du Bas-Empire, à 150 m à l'arrière de celui-ci. Les observations recueillies à l'issue de cette opération ont apporté des données complémentaires sur la structure du réseau viaire urbain.
On distingue au premier plan une pile de portique gallo-romaine et un mur moderne.
Frappe locale de style « barbarisé ».
L'habitat gallo-romain précoce
Rencontrées au niveau de la craie, les premières traces d'occupation étaient matérialisées essentiellement par le carrefour des deux rues, accompagnées, sur leurs rives, de structures rectilinéaires constituées de tranchées de poutres sablières ou palissades, et de quelques fosses. Mis à part le tracé des rues, l'organisation d'ensemble de ces structures de la fin du Ier siècle avant notre ère n'a pu être appréhendée. Dans un premier temps, les deux rues utilisaient directement le substrat crayeux comme couche de roulement. Par la suite, un remblai de craie rapportée a formé un deuxième niveau de chaussée. L'abandon de la rue nord-sud semble correspondre à une réorganisation que serait intervenue à la fin du règne d'Auguste. Un redressement général des orientations a pu régulariser certains tracés plus anciens et amener la suppression de certaines rues, comme ce fut le cas ici.
Le quartier du Haut-Empire
Au moment de la construction du troisième niveau de circulation de la rue est-ouest, un habitat s'est installé sur l'espace de la rue perpendiculaire, marquant ainsi son abandon. Ses murs ont perforé les niveaux de circulation antérieurs au cours de la première moitié du Ier siècle de notre ère. Cet état semble s'être maintenu au moins jusqu'au troisième quart du Ier siècle. La chaussée conservée s'étendait alors sur 9 mètres de largeur entre les trottoirs, larges de 2,5 mètres.
Au cours de la phase suivante, un portique couvrit l'emprise du trottoir sud, qui seul était accessible à la fouille. Un caniveau bordait la chaussée, en avant du portique. Ce nouvel aménagement est intervenu entre la fin du IIe et le début du IIIe siècle. L'apparition des portiques a marqué une autre modification notable au cours du IIe siècle, transformant le paysage urbain, comme nombre d'autres exemples, en d'autres lieux, le montrent désormais.
L'Antiquité tardive
Dans une cinquième phase, qu'il est difficile de dater mais qu'on peut situer dans la première moitié du IVe siècle, une nouvelle recharge constituée d'un cailloutis rehaussa la chaussée, qui se trouva également rétrécie ; en effet, les portiques furent intégrés à l'habitat, le trottoir transformé en sols intérieurs et cloisonné perpendiculairement à la rue. Une poutre sablière fut disposée en avant de l'ancien portique. La chaussée, équipée d'un nouveau caniveau, se réduisit alors à 4 mètres de largeur.
Au cours d'une dernière phase, qui se situe vers le milieu du IVe siècle, la rue ne fut plus fréquentée. L'ensemble du secteur était en effet perforé par une série de fosses dépotoirs (creusements comblés de terre et de rejets domestiques, c'est-à-dire des sortes de poubelles).
La densification de l'habitat au détriment des espaces publics, est illustrée ici pour la première fois. Le phénomène est sans doute à mettre en rapport avec l'édification du rempart de l'Antiquité tardive, qui a eu pour effet de réduire considérablement la surface de la ville, même si toutes les habitations ne se sont pas forcément repliées à l'intérieur de l'enceinte.
Les occupations médiévales et modernes
Un nivellement général, perceptible sous la forme d'une couche de craie de 0,15 mètre d'épaisseur, a recouvert l'ensemble des couches antiques. D'après le mobilier recueilli, ce remblai semble avoir précédé la réutilisation du site, après le IXe siècle. Seules deux portions de murs pourraient être quelque peu antérieures à cette nouvelle occupation du quartier. Construites en pierres sèches avec des fragments de tegulae, leurs fondations recoupaient les dernières couches de démolition romaine, mais n'ont pas fourni d'autres indices de datation. L'abandon du quartier au haut Moyen Âge est difficile à expliquer. Il faut toutefois admettre que des quartiers intra muros se sont vidés relativement tôt de leurs habitants et qu'ils ont été affectés à des activités artisanales ou commerciales.
Il est vraisemblable que ce quartier, le quarrel de la « Fosse Guillebert », voisin du quarrel de la « Grange Hébert » et du Marché aux chevaux ait été occupé au XVIe siècle par des granges et des écuries, bien qu'aucune trace appartenant à ce type d'installations n'ait pu être identifiée. Un pavage, formant une rigole, ainsi qu'une glacière (petit édicule souterrain qui servait à conserver jusqu'au coeur de l'été de la glace recueillie en hiver) ont été installés au XVIe ou au XVIIe siècle.