À Wissous, Essonne, l'emprise de la fouille couvrait une superficie de 4 hectares.

Dernière modification
07 juin 2016

La fouille a démontré que ce secteur a été occupé dès le IXe siècle avant notre ère (fin de l'âge du Bronze).
Elle a aussi permis de mettre au jour une importante ferme gauloise du IIe siècle avant notre ère, unique en Île-de-France.

Un site occupé dès le IXe siècle avant notre ère

La première occupation du site, datée du IXe siècle avant notre ère, consiste en un petit ensemble d'habitats caractérisé par une quarantaine de structures en creux : trous de poteau révélant le plan de maisons, silos pour conserver les céréales, fosses, fours ou foyers. Des céramiques ont été découvertes en grande quantité, notamment dans un silo réutilisé comme dépotoir, reflétant les activités pratiquées sur place. Certaines servaient au stockage et à la préparation des aliments, d'autres, de facture plus soignée et souvent décorées, correspondent à de la vaisselle de table. La présence de ratés de cuissons (céramiques déformées pendant la cuisson et inutilisables) indique la proximité d'un four de potier. De nombreux pesons, exceptionnellement bien conservés, utilisés pour les métiers à tisser, ont aussi été mis au jour. L'implantation d'une importante ferme gauloise a sans doute occasionné la destruction d'une partie de cet habitat, empêchant les archéologues de le comprendre dans son intégralité.

Une ferme gauloise unique en Île-de-France

Cette ferme aux dimensions imposantes couvre la majorité de la zone fouillée et se prolonge vers l'ouest en direction des pistes de l'aéroport. Des fossés, d'une largeur moyenne de 3 m et profonds de 1,50 à 1,80 m, délimitent l'emprise de la ferme sur une superficie d'un peu plus de 23 700 m². Un fossé monumental sépare deux espaces. Au sud-est, la maison du propriétaire située face à l'entrée dans une cour bordée par des dépendances, des greniers, un puits. Au nord-ouest, le secteur des activités agricoles et artisanales avec une habitation plus modeste destinée à la main d'oeuvre ainsi qu'un ensemble de bâtiments annexes (grange, grenier...) et des puits dont l'un devait servir à abreuver les animaux. À l'extérieur de la ferme, sur sa face sud, se dessine un parcellaire agricole organisé par de petits fossés parallèles espacés régulièrement.

Des fossés comme marques du pouvoir

Les établissements ruraux gaulois du IIe siècle avant notre ère sont pour la plupart enclos par des fossés. Leur rôle principal n'est pas uniquement de défendre les occupants ou de drainer les eaux de ruissellement mais aussi de délimiter les espaces. À Wissous, les fossés entourent la ferme sur plus d'un kilomètre. Le plus imposant d'entre eux (jusqu'à 7 m de largeur pour une profondeur maximale de 2,80 m), est le fossé interne séparant la cour agricole de celle où vit le propriétaire des lieux.
Le fossé prend ici un rôle ostentatoire, démontrant la capacité du propriétaire, peut-être membre de l'élite locale, à pouvoir rassembler les moyens humains nécessaires à un tel aménagement.

La ferme d'un riche propriétaire

La fouille des vestiges archéologiques et de l'intégralité des fossés, manuellement et à l'aide de pelles mécaniques, a permis de comprendre et de définir, à partir des rejets ou des dépôts mis au jour (céramiques, ossements d'animaux, objets en métal, monnaies, torchis, outils agricoles...), les fonctions des espaces.
L'ensemble de ces éléments renseigne sur la diversité des activités de la ferme tout en apportant des informations sur le statut social élevé de ses occupants. Bien que l'ensemble du mobilier archéologique soit encore en cours d'étude, la grande quantité de meules informe déjà sur l'importance de l'activité céréalière de la ferme. Le rejet d'objets métalliques non recyclés est une autre marque de l'aisance des habitants qui préfèrent les remplacer plutôt que de les réutiliser. Les dimensions de la maison et la présence d'amphores italiennes attestant la consommation de vin démontrent, elles aussi, la richesse de ces Gaulois qui dès le milieu du IIe siècle avant notre ère importaient des produits coûteux.

Au coeur des réseaux commerciaux de la région

Certains vestiges archéologiques indiquent qu'une grande partie des métiers liés à la vie de la ferme y étaient pratiqués : pesons et fusaïoles attestent le filage et le tissage, scories et autres éléments de métallurgie informent sur le travail du fer nécessaire à l'entretien des outils agricoles. La présence de monnaies, la proximité de fermes de moindres dimensions, découvertes lors de fouilles précédentes, et de la voie reliant Orléans (Cenabum) à Paris (Lutèce), nous indiquent que cette ferme a pu être un lieu d'échanges voire abriter un marché local et être ainsi un élément important de l'organisation sociale et économique dans le sud du territoire des Parisii.