Résidence d'un aristocrate picton au IIe ou au Ier siècle avant notre ère, cette ferme fortifiée domine une voie naturelle reliant Poitiers (Lemonum) à Tours (Caesarodunum) via Vieux-Poitiers, par les vallées du Clain, de la Vienne et de la Loire.

Dernière modification
19 février 2016

Découverts lors d'une fouille de 30 000 m² préalable à l'aménagement d'un éco-quartier au lieu-dit Les Gains, à Saint-Georges-lès-Baillargeaux, dans la Vienne, cet habitat aristocratique et son environnement immédiat feront l'objet d'une étude exhaustive, une première dans la région.

Les premières traces d'occupation

À l'ouest de la fouille, un diagnostic archéologique, mené en 2006 par l'Inrap, avait révélé quelques indices d'occupation remontant au Néolithique. Toutefois, c'est au cours du premier âge du Fer, entre 850 et 450 avant notre ère, qu'une communauté humaine importante s'installe sur la crête au-dessus de la rivière. Une riche tombe féminine, découverte en 1937 dans les sablières d'Aillé, à quelques centaines de mètres au nord-est du site des Gains, témoigne de la richesse de l'aristocratie locale. Datés de la même période, deux édifices à douze poteaux porteurs, quelques silos à grains, des fosses ainsi qu'une tombe viennent d'être mis au jour dans l'emprise de la fouille.

Une résidence fortifiée de la fin de l'Indépendance...

C'est probablement entre la fin du IIe siècle et la première moitié du Ier siècle avant notre ère qu'un aristocrate gaulois se fait construire une résidence fortifiée. Un enclos rectangulaire, matérialisé par un puissant fossé de 4,5 m de largeur et de 2,5 m de profondeur, délimite un espace de 7 200 m². Un rempart, aujourd'hui disparu, construit avec les matériaux extraits du fossé, était associé à ce dernier. Le visiteur pénétrait dans la vaste ferme par l'unique entrée placée au centre de la façade ouest de l'enclos et surplombée par une tour-porche en bois. Puis, il traversait une cour délimitée par une palissade et occupée par un bâtiment sur poteaux, avant d'atteindre l'espace noble au fond de l'enclos. C'est là que se trouvait la maison principale, située dans l'axe de l'entrée et précédée d'une cour fermée d'environ 100 m². Trois bâtiments sur quatre poteaux, sans doute des greniers, étaient situés de part et d'autre de la maison d'habitation.
Précédant l'enclos, une vaste cour, délimitée par des fossés à l'ouest et au sud, était occupée par plusieurs unités d'habitation dont deux avaient une superficie d'environ 100 m² au sol.
Au-delà du fossé ouest, à une centaine de mètres, se trouvait un petit groupe de greniers et de maisons à l'architecture modeste à proximité d'un puisard. Ce dernier, utilisé comme dépotoir, a fourni l'essentiel du mobilier archéologique dans cette zone, notamment de la céramique.
Les premières traces d'occupation

...au début de la période impériale

La ferme fortifiée est détruite par un incendie probablement au milieu du Ier siècle avant notre ère. Des bâtiments sont reconstruits à quelques mètres, mais leur architecture est bien différente. Les toits à quatre pans laissent place à des toits à deux pans et des pignons. La fonction défensive du fossé de l'enclos disparaît et la structure devient un dépotoir. Le mobilier associé, riche et diversifié, permet de se faire une idée assez précise du niveau de vie des habitants et des activités domestiques et artisanales pratiquées sur le site : céramique locale et d'importation (amphores italiques et tarraconaises, sigillées italiques), outillage (filage, tissage, couture, teinturerie, travail du cuir, du bois, forge, métallurgie du bronze, agriculture, élevage), mobilier domestique (serrurerie, chaudron, seau, éléments de meuble), parure en métal et en verre (fibules, bracelets, chaton de bague, porte-aiguille), objet de soin (pince à épiler), d'échanges (monnaies), d'armement (pointe de flèche).
La présence d'un fragment de tuile à rebord dans l'un des dépotoirs est sans doute à mettre en relation avec une villa découverte à proximité, peut-être alors en construction.
Au début du dernier quart du Ier siècle avant notre ère, le site est définitivement abandonné.
Aménagement : Commune de St-Georges-lès-Baillargeaux
Coordinateur scientifique : Patrick Maguer, Inrap
Contrôle scientifique : Service régional de l'Archéologie Poitou-Charentes