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Une exploitation viticole gallo-romaine à Mudaison
Suite à des diagnostics menés entre 2010 et 2012, la fouille du site des Aubettes a couvert une superficie d’un peu plus d’un hectare en périphérie occidentale du village actuel de Mudaison. Elle s’est déroulée durant l’hiver 2013-2014 à l’emplacement d’un champ de blé, sur une légère proéminence topographique.
Les vestiges mis au jour retracent l’histoire d’une exploitation viticole gallo-romaine entourée de ses vignes depuis le tout début de notre ère jusqu’au Ve siècle.
Une carrière initiale
Le plus ancien témoin d’occupation consiste en une très large fosse creusée au tout début du Ier siècle de notre ère, qui servira rapidement, et tout au long des quatre siècles suivants, de dépotoir. Les traces d’argile observées au fond de la fosse font penser qu’elle a d’abord servi à l’extraction de matériau de construction, mais aucun édifice pouvant lui correspondre n’a été identifié sur l’emprise de la fouille. Le mobilier céramique retrouvé dans son comblement évoque plutôt un contexte domestique.
Des chais et leurs pressoirs
Dans le courant des Ier et IIe siècles, deux chais sont construits à une trentaine de mètres l’un de l’autre. Chacun contient une batterie de dolia (grands récipients servant à stocker le jus de raisin), dont seules les fosses d’installation sont restées inscrites dans le sol. De puissants massifs de mécanique de pressoirs sont implantés à proximité, ainsi que des cuves qui servaient à recueillir les jus pressés. L’ensemble a été découvert dans un état de conservation relativement exceptionnel pour la région et fournit donc de précieuses informations sur les techniques viticoles durant l’Antiquité.
Le site étant très arasé, il a été difficile d’apprécier la répartition des bâtiments dans l’espace. Seule la présence d’un puits a permis de l’envisager plus précisément. On imagine une cour autour de laquelle prenaient place les chais et les pressoirs, l’ensemble devant couvrir une superficie d’environ 3 500 m². Au nord-est et au sud-ouest s’étendaient les vignes de l’exploitation agricole, dont seule une infime partie, 58239;300 m², a été observée. La présence d’enduits peints démontés dans l’une des cuves permet d’envisager la proximité de l’habitat des vignerons, peut-être à l’étage au-dessus des chais.
La fin de l’Antiquité
Une dizaine d’inhumations de la seconde moitié du IVe siècle a été découverte. Ce petit ensemble funéraire était situé en bordure d’un chemin dont il ne reste que peu de traces. Quelques vestiges de céramique trouvés dans le comblement du puits illustrent également la fin de l’Antiquité, notamment une dizaine de bouilloires réutilisées comme vases à puiser l’eau.
Tels sont les derniers indices d’un habitat qui n’aura été perçu qu’indirectement.