Sens retrouvée par l'archéologie préventive (Yonne)

Dans le cadre de la convention signée en septembre 2022 par l'Inrap et l'USH, visant à promouvoir les démarches d’archéologie préventive au sein du secteur Hlm, Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH, est allée visiter le chantier de la fouille de Sens, prescrite en amont d'un projet de logements sociaux de la société Habellis. Cette opération en contexte urbain stratifié sur 6 500 m² a livré des vestiges particulièrement rares et importants qui ont donné lieu, fin décembre dernier, à un arrêté de découverte exceptionnelle. 

Trois mois après la signature de la convention, cette visite du site a été l'occasion pour Emmanuelle Cosse de venir témoigner sur le terrain de l'intérêt que revêtent les opérations d'archéologie préventive pour dynamiser les projets d'aménagement en cœur de ville. L'Institut qui entendait saluer cet engagement pour l'archéologie préventive a réservé à l'ancienne ministre une visite approfondie du chantier, en présence de Daniel Guérin, directeur général de l'Inrap, Frank Faucher, ingénieur d'étude  au service régional de l'archéologie - Drac Bourgogne - Franche-Comté, Stéphane Alix, responsable d'opération (Inrap), Laurent Vaxelaire, directeur régional Bourgogne - Franche-Comté (Inrap), Béatrice Gaulard, directrice générale de Habellis, et Nicolas Prudhomme, directeur de la Maîtrise d'ouvrage et des politiques patrimoniales.

Présentation de mobilier antique de la fouille de Sens Senigalia.

© Inrap

Stéphane Alix, responsable d'opération, présente l'état des recherches de la fouille de Sens Sénigalia, entouré sur sa gauche par Laurent Vaxelaire, Directeur régional Bourgogne Franche-Comté (Inrap), et sur sa droite par Daniel Guérin, directeur général de l'Inrap.

© Inrap

Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH), devant une photo aérienne de la fouille de Sens Senigalia.

© Inrap

Stéphane Alix, responsable d'opération, présente l'état des recherches de la fouille de Sens Sénigalia. Sur la droite :  Béatrice Gaulard, directrice générale de Habellis, et Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH).

© Inrap

Visite du chantier de fouille de Sens Senigalia. Sur la gauche : Stéphane Alix, responsable d'opération (Inrap) et Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH). Sur la droite, Frank Faucher, Ingénieur d'études au SRA de Bourgogne-Franche-Comté (Drac), et Nicolas prudhomme, directeur de la Maîtrise d'Ouvrage et des Politiques Patrimoniales.

© Inrap

Visite du chantier de fouille de Sens Senigalia. Sur la gauche : Stéphane Alix, responsable d'opération (Inrap) et Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH). Sur la droite : Nicolas prudhomme, directeur de la Maîtrise d'Ouvrage et des Politiques Patrimoniales, et Eddie Ait, délégué aux relations institutionnelles et au mécénat

Inrap.

© Inrap

Un quartier urbain antique inconnu

Démarrée sur le terrain en mai 2022, la fouille de Sens Senigalia (140 av. Senigalia) touche un quartier urbain antique encore inconnu, à la limite sud de la cité, occupé principalement entre le I^er et le III^e siècle après J.-C. La proximité de la nappe alluviale (à la confluence de la Vanne et de l'Yonne) et son affleurement dans les niveaux antiques inférieurs a engendré de nombreuses difficultés pour la fouille, mais a fait du site un exceptionnel conservatoire des éléments organiques et des structures en creux de toutes périodes.

Ont été notamment mis au jour 15 puits, dont ceux déjà étudiés ont livré, outre de très nombreuses céramiques, une bonne quantité de restes organiques : bouchon d'herbes, cuir, bois et assises en bois de fond de cuvelage de ces puits.
Les cuvelages de bois de nombreuses latrines de forme carrée ont été également découverts. L'étonnante concentration de ces latrines (24 sur l'ensemble du site) soulève la question de savoir si certaines d'entre elles n'ont pas contribué à des processus artisanaux (tannerie ?). Dans tous les cas, ces différents aménagements se révèlent riches en restes organiques et bois travaillés et livrent, outre de nombreuses céramiques et de la faune, un lot de flans de fausse monnaie en cours de fabrication, des restes de vaisselle en étain et de rares fragments de tablettes à écrire en bois, portant des traces d'inscription à l'encre. Ces tablettes devaient être particulièrement répandues dans l'Antiquité, bien que seule une infime partie soit parvenue jusqu'à nous. 

Vue aérienne de la partie basse du site en cours de fouille.

© P. Noguès, Inrap

Vue générale de la fouille.

© Christophe Fouquin, Inrap

Cuvelage en bois conservé au fond d'une latrine antique.

© S. Alix, Inrap

Puits antique avec deux états d'utilisation.

© S. Alix, Inrap

Flans monétaires non frappés (imitations de monnaies en cours de fabrication ?).

© Christophe Fouquin, Inrap

Fragment de tablette en bois à écrire avec un marquage latéral à l’encre.

© Christophe Fouquin, Inrap

La fouille de Sens Senigalia se révèle aussi riche scientifiquement que complexe à mener. Les analyses paléobotaniques - palynologie (pollens), carpologie (graines), xylologie (bois) -, entomologiques et paléoparasitologiques laissent entrevoir la restitution d'un quartier antique de l'agglomération antique, sa mise en place progressive (sur un espace agraire de la fin de La Tène, puis à proximité de la voie Agrippa), son agencement, son architecture, les activités qui y étaient menées, l'état sanitaire des populations qui y vécurent.